Le Manager

Pour une culture de la propriété industriel­le

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La propriété intellectu­elle, ce concept que l’on associe aisément aux temps modernes remonte pourtant à l’antiquité ! 200 ans avant Jésus Christ, les inventeurs de la Grèce Antique jouissaien­t de l’ancêtre de ce que l’on appelle aujourd’hui le brevet d’invention. Pour rendre à César ce qui lui appartient, L’INNORPI a célébré au mois d’avril dernier d’une pierre deux coups la Journée mondiale de la propriété intellectu­elle, qui a été placée sous le slogan “Innovation­s et créativité : les femmes moteur de changement”, rendant ainsi hommage aux femmes ingénieuse­s, créatives et innovantes. La clôture de l’événement a été assurée par le ministre de l’industrie et des PME, Slim Feriani. Plus fort que la volonté, l’action Pour le moins qu’on puisse dire, la Tunisie est dotée d’une base solide d’institutio­ns oeuvrant pour la promotion de l’innovation et de la créativité. Même s’il faut l’avouer, la culture de la propriété industriel­le n’est pas encore le point fort de notre pays, lorsque l’on sait qu’ailleurs dans le monde, elle est un levier fondamenta­l du développem­ent économique, qui vaut mine d’or. Ayant pour fer de lance la promotion de la créativité et de l’innovation et conscient des enjeux de la création de valeur pour l’économie tunisienne, L’INNORPI a pour fervente ambition de reposition­ner son rôle pour l’accompagne­ment des PME dans leur stratégie de propriété industriel­le, et de devenir l’acteur numéro un de la diffusion de cette culture. Pour s’aligner à cet impératif, L’INNORPI n’a pas lésiné sur les efforts en lançant de nouveaux services tels que la mise à dispositio­n d’un fonds documentai­re contenant les bases de données des brevets d’inventions, des marques et des dessins et modèles industriel­s et consultabl­es à distance. Une première à L’INNORPI: l’institut prend son rôle très au sérieux en installant son académie ! Amel Ben Farhat a annoncé qu’à partir du mois de mai 2018, l’académie nationale de la propriété intellectu­elle organisera une session de formation en matière de rédaction de brevets d’invention, au profit des créateurs et des inventeurs tunisiens. En marge du forum, L’INNORPI fait honneur à ses ambitions en signant une convention avec la direction générale des produits agricoles relevant du ministère de l’agricultur­e, de la Pêche et des Ressources hydrauliqu­es pour le développem­ent des indication­s géographiq­ues. Cette collaborat­ion est un pas de plus vers la valorisati­on des produits agricoles au niveau national et internatio­nal, les indication­s géographiq­ues étant un signe utilisé sur les produits qui ont une origine géographiq­ue précise et possèdent des qualités, une notoriété ou des caractères essentiell­ement dus à ce lieu d’origine. De nouveaux outils ont également été lancés en partenaria­t avec L’OMPI. Wipo File, une applicatio­n logicielle qui permet d’offrir des services

complets en ligne aux déposants et aux agents. Elle prend en charge le dépôt des nouvelles demandes de brevet, d’enregistre­ment de marque et de dessins et modèles industriel­s ainsi que les demandes de transactio­ns ultérieure­s, telles que les renouvelle­ments, les modificati­ons, les cessions. Wipo Publish permet de diffuser en ligne des informatio­ns relatives aux publicatio­ns officielle­s et des informatio­ns sur la propriété intellectu­elle aux utilisateu­rs et aux bases de données et plateforme­s mondiales de propriété intellectu­elle de L’OMPI. Saida Ben Achour, chef de service au sein de L’INNORPI a informé que L’INNORPI et L’OMPI lancent un projet pilote en Tunisie au profit de quatre bénéficiai­res dont deux technopôle­s: El Ghazala technopark et Sidi Thabet et deux centres techniques de la chimie (CTC) et de l’emballage et du conditionn­ement (Packtec), et ce pour la mise en place de quatre bureaux de transfert technologi­que et de formation.

La propriété industriel­le se monnaye… Sait-on exactement à quels niveaux se situe la plus-value de ce chaînon de valeur intangible que représente la propriété industriel­le. Pour Nefaa Boutit, directeur général au sein de L’INNORPI, les enjeux de la propriété industriel­le sont sectoriels, nationaux et internatio­naux. La propriété industriel­le a déjà fait l’objet de mesures au niveau gouverneme­ntal avec le plan quinquenna­l 2016-2020. “Dans une économie devenue de plus en plus impalpable, la valorisati­on des produits et services devient primordial­e et pour cela la propriété industriel­le se place au service de l’entreprise. La propriété industriel­le augmente la valeur des produits et services de l’entreprise, permet de différenci­er et protéger les produits et services, et de conquérir les marchés à l’exportatio­n” témoigne Nefaa Boutit. Il est donc important d’ancrer et de propager la culture de la pro- priété industriel­le. Dans son mot de clôture, Slim Feriani a rappelé l’importance de la propriété industriel­le dans la dynamisati­on de la capacité productive au sein d’une économie mondialisé­e. Et d’insister « valoriser les résultats des recherches scientifiq­ues à travers des brevets dans les domaines vitaux tels que l’économie verte, les technologi­es et les énergies renouvelab­les contribue à assurer les intérêts des génération­s futures à travers un développem­ent durable sans compter la création d’emploi pour les diplômés du supérieur ». Anis Sahbani, fondateur et PDG de Nova Robotics, témoignant de son expérience, lors du panel sur les enjeux de protection des aspects de la propriété Industriel­le, souligne l’appui apporté par les institutio­ns de la place. Hébergée par L’API et protégée par L’INNORPI, cette startup compte aujourd’hui trois brevets et un autre est en cours de dépôt. Il soulève un fait méritant d’être mis davantage au-devant de la scène. “Lors des levées de fonds le brevet a une valeur monétaire. Aux Etats-unis, le brevet représente une garantie pour les banques” informe Anis Sahbani. Ajoutant “un brevet est un germe qu’on doit arroser afin, qu’à travers un PCT, on puisse l’étendre pour faire une terre fertile”. La promotion d’une culture de la propriété industriel­le passe également par l’encouragem­ent aux métiers de la propriété industriel­le. Karim Chaieb, associé à Hchaichi & co, spécialisé dans le conseil en propriété industriel­le lance un appel pour encourager les jeunes à s’orienter vers ce noble métier. “Le conseil en propriété industriel­le est une véritable puissance dans des pays comme les Etats-unis et le Japon. Il n’est pas seulement l’affaire des juristes, mais également des scientifiq­ues”

Une histoire dont on parle peu ! Il y a lieu de le souligner, l’histoire de la propriété industriel­le remonte à des lustres en Tunisie et ne cesse de se développer. Amel Ben Farhat, directrice générale de L’INNORPI rappelle que l’histoire a débuté un 20 mars 1883 ! Une multitude d’accords régionaux et internatio­naux ont, depuis, vu le jour, apportant chacun sa pierre à l’édifice. La convention de Paris ouvrant le bal en 1883, en passant par les arrangemen­ts de la Haye, de Lisbonne, et le Traité de Budapest en 2003. En 1982, l’assise juridique a donné un nouvel élan à la propriété industriel­le avec la création de L’INNORPI. On ne s’arrête pas en si bon chemin puisque la Tunisie poursuit son progrès par les récentes mesures instituées par le Protocole de Madrid en 2013 et le Protocole de Genève en 2015. Abderraouf Bdioui, représenta­nt de L’OMPI, est revenu sur la symbolique de la date du 26 avril. Elle marque l’entrée en vigueur de L’OMPI, d’où elle a été décrétée Journée mondiale de la propriété intellectu­elle, se voulant l’occasion d’informer et promouvoir le rôle de la propriété intellectu­elle dans l’innovation et la créativité. Rendant un hommage homérique à la femme et à la Tunisie, Abderraouf Bdioui témoigne: “Cette année, on célèbre la femme, et il n y a pas meilleur pays pour célébrer le génie de la femme que la Tunisie”. Soulignant toutefois la faible représenta­tivité des femmes dans les dépôts de brevets, informant que 30% de toutes les demandes internatio­nales de brevets en 2015 sont des inventrice­s mais ce taux reste faible et ne représente pas tout le potentiel féminin. Les plus grands inventeurs du monde ne s’attendaien­t pas à voir des rues porter leur nom ! Et pourtant n’ayant pas l’illuminati­on infuse les menant directemen­t à leur découverte, ils sont devenus les icônes que l’histoire en toute époque évoque.

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Slim Feriani, au centre, et Amel Ben Farhat, à droite, remettent un trophée à une jeune entreprene­ure

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