Pour une cohabitation homme/machine
L’utilisation positive de l’intelligence artificielle était au coeur d’une conférence organisée par l’association des Sup’telecom tunisiens à l’occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information. Détails.
Lors de sa conférence annuelle Google I/O, le géant de l’internet a levé le voile sur une nouvelle assistance virtuelle, Duplex. Sa mission ? Passer des coups de fil aux médecins, aux restaurants et autres commerces pour la prise de rendez-vous. Pour réussir sa tâche, Duplex est armée d’une capacité inédite à imiter à la perfection la parole humaine avec toutes ses imperfections. Aussi impressionnante soit-elle, Duplex est un exemple de la capacité de l’intelligence artificielle à acquérir de nouvelles compétences bien que celles-ci restent, pour le moment, très pointues. Comment faire pour éviter que les machines ne soient utilisées à des fins impropres, le jour où ces dernières deviendront plus intelligentes que les humains ? Beaucoup de pays s’intéressent à cette technologie et ont mis au point des stratégies pour développer l’utilisation de l’intelligence artificielle. Il s’agit, en effet, de développer l’ensemble des systèmes qui permettent de simuler l’intelligence humaine pour faire des choix, a indiqué Nizar Yaiche du cabinet de consulting PWC. Grâce au machine learning, il est en effet possible de développer des algorithmes capables d’identifier les objets à partir de photos avec des taux d’erreur quasiment nuls. L’IA, grâce à son énorme potentiel, se trouve ainsi dans la liste restreinte des huit tendances technologiques qui auront le plus grand impact sur le monde, telles que la robotique, le blockchain ou encore les drones. Il faut préciser néanmoins que pour augmenter son potentiel, il serait bon d’envisager de la combiner avec d’autres technologies comme la robotique, la réalité virtuelle ou encore l’iot, a souligné l’expert. Développer des algorithmes d’intelligence artificielle requiert bien plus que des compétences. Grâce à des librairies de fonctionnalités ouvertes permettant d’intégrer facilement des solutions D’IA, comme Tensorflow de Google ou Pytorch de Facebook, la barrière technologique à l’entrée est de plus en plus accessible. Toute la difficulté réside dans la collecte de données essentielles pour l’apprentissage des machines, comme l’illustre l’exemple présenté par Badreddine Ouali, fondateur de Vermeg. “Nous avons développé un logiciel afin de permettre d’automatiser le trading pour le compte d’un client en Europe. Nous avons programmé toutes les règles du marché dans l’algorithme de ce trader automatique”, a signalé Ouali. Pendant deux ans, cet algorithme a permis au client de réaliser des gains considérables. Néanmoins, cet algorithme n’a pas pu s’adapter aux évolutions du marché et a commencé à enregistrer des pertes. Pour pallier cette faiblesse, un nouvel algorithme basé sur le deep learning a été développé. Celui-ci a la capacité d’apprendre à partir des données collectées sur le marché. Pour un pays comme la Tunisie, une approche permettant de développer de tels algorithmes est freinée par un accès restreint aux données nécessaires. Pour remédier à ce manque de données, Khaled Triki appelle les entreprises et l’administration à développer une culture d’open data et à créer des interfaces ouvertes pour permettre à des tiers de développer des services complémentaires. Un tel changement de mentalité prendrait certainement un temps précieux. La bonne nouvelle est que, grâce à de nouvelles techniques développées sur l’autre rive de l’atlantique, les machines n’ont plus besoin de data, ni même d’input humain, pour apprendre : “Il a suffi à une machine développée par Google de jouer aux échecs contre ellemême pour apprendre à jouer et à battre des joueurs expérimentés”, a souligné Ouali. Les challenges que pose la nouvelle technologie à l’économie tunisienne sont nombreux, dont notamment les risques sur l’employabilité. L’automatisation, la grande tendance en Europe, permettra aux entreprises d’automatiser 70% des tâches, a indiqué Salma Turki du cabinet EY. Dans les pays comme la Tunisie, où la sous-traitance a une place importante, il est temps de trouver des alternatives. Ainsi, l’inde, qui était pendant des années un pays de sous-traitance, a décidé de transformer son économie et de développer une forte expertise dans des secteurs à haute valeur ajoutée tels que l’intelligence artificielle. Pour ce faire, Khaled Triki préconise de revoir l’éducation afin qu’elle soit centrée sur l’intelligence artificielle : “Il faut orienter l’éducation dans le sens de la complémentarité avec L’IA et focaliser sur les activités que les machines ne pourront pas automatiser”, a-t-il indiqué. De l’autre côté, les opportunités ne manquent pas ! Grâce à l’intelligence artificielle, il est par exemple possible de développer des solutions permettant de contribuer à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. “Nous avons commencé à développer un logiciel pour aider les institutions financières à détecter les transactions frauduleuses”, a indiqué Fateh Belhaj Ali Avec le développement rapide des techniques et des algorithmes de l’intelligence artificielle, les machines joueront un rôle plus important dans la société. De plus en plus pressantes, les questions portant sur la responsabilité légale et morale des machines restent sans réponse … pour le moment.