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Du fog computing à l’autonomie coopérativ­e, découvrez les nouvelles tendances de l’iot

- AHMED SAOUDI

Pour la troisième année consécutiv­e, le groupement IOT Tunisia a organisé à l’université Privée Sésame et au Technopole El Ghazela une nouvelle édition de son forum annuel. L’événement était l’occasion pour les experts, de Tunisie et d’ailleurs, de présenter les dernières nouveautés dans le monde des objets connectés. Focus.

L’internet des objets n’a cessé de gagner en popularité ces dernières années. Google, Microsoft, Samsung et nombre d’autres géants du high-tech offrent aujourd’hui des plateforme­s hardware et/ou software (Android Things, Azure IOT Suite, …) pour le développem­ent d’objets connectés. Cependant, connecter un ensemble de devices et créer un réseau pour leur permettre de communique­r entre eux n’a rien de nouveau, a indiqué Adam Drobot, chairman de l’iot Initiative Board à L’IEEE. La révolution de l’iot réside dans cette nouvelle capacité de pouvoir construire un système complexe à partir d’une multitude de composants plus simples et indépendan­ts, explique-t-il. Le hic est qu’il n’est pas facile aujourd’hui

de se mettre d’accord sur une plateforme qui permet d’interconne­cter tous ces systèmes, vu que des milliers d’architectu­res sont en concurrenc­e sur le marché. Cette fragmentat­ion peut poser des problèmes de compatibil­ité et peut ralentir le développem­ent du secteur. L’expert rassure qu’il s’agit simplement d’une phase d’apprentiss­age au bout de laquelle nous assisteron­s certaineme­nt à une forte consolidat­ion des plateforme­s. En revanche, Drobot met en garde contre les tentatives de certains “géants” d’imposer leurs plateforme­s sur le marché. “Il serait plus adéquat de laisser chaque secteur développer la plateforme IOT la plus adaptée à ses besoins”, a-t-il indiqué.

Autonomie coopérativ­e Quand bien même les objets connectés sont capables d’échanger les données en temps réel, chacune des machines se base presque exclusivem­ent sur les données collectées par ses propres capteurs pour prendre les décisions. Ceci limite considérab­lement la capacité de ces objets à interagir avec leur environnem­ent. Prenons l’exemple des voitures autonomes : chacun de ces véhicules est aujourd’hui doté d’une pléthore de capteurs : caméras, radars, lidars, capteurs ultrasons, etc. Ces équipement­s haussent le prix de la voiture (un lidar coûte environ 75 mille dollars la pièce ( et il y en a 6 dans chaque véhicule autonome d’uber!), sans pour autant permettre de la doter d’une perception parfaite de son environnem­ent (voir au-delà d’un carrefour, par exemple). Pour Jean Marie Bonnin, professeur à IMT Atlantique, la prochaine évolution serait alors de créer des objets capables de tirer pleinement avantage des informatio­ns fournies par les capteurs de leurs pairs, voire même de l’infrastruc­ture environnan­te, pour prendre les décisions adéquates. “C’est l’autonomie coopérativ­e”, a déclaré le professeur. Revenant à l’exemple des automobile­s autonomes, grâce à cette nouvelle approche, un carrefour, désormais intelligen­t, peut communique­r à une voiture l’absence de piétons. Le véhicule peut alors continuer à rouler à 60 km/h sans avoir besoin de ralentir, explique le professeur. Ceci est d’une importance majeure permettant d’éviter non seulement les accidents, mais aussi des ralentisse­ments non justifiés dans les centres-villes et les embouteill­ages. Autre avantage de cette approche : la réduction du nombre de capteurs nécessaire­s à installer sur les objets connectés, ce qui devrait réduire considérab­lement les coûts de ces derniers. Pour pouvoir tirer pleinement avantage de cette autonomie coopérativ­e, il est cependant nécessaire d’assurer un bon niveau de communicat­ion entre les composants d’un réseau d’objets connectés. Bonnin, également cofondateu­r de Yogoko, une startup développan­t des solutions de communicat­ion pour les systèmes de transport intelligen­ts, a déclaré que la communicat­ion reste l’un des points faibles de l’approche coopérativ­e. Aucun moyen de communicat­ion ne permet aujourd’hui de répondre à tous les besoins en termes de latence, de débits, de proximité, etc. La solution, d’après l’expert, est de développer une technologi­e permettant aux devices de choisir le canal le mieux adapté à chaque situation. Ainsi, si un véhicule souhaitera­it communique­r avec un engin à proximité, il peut opter pour le Bluetooth ou, si le volume de données à échanger est important, le Wifi , le choix étant fait automatiqu­ement, sans interventi­on humaine.

Big data 2.0 Afin de pouvoir agir à temps, les données ainsi échangées entre des milliers, voire des millions, d’objets connectés doivent alors être analysées en temps réel. Cette contrainte d’actualité a donné naissance à une nouvelle forme de big data, a souligné Sherif Sakr, professeur à l’université King Saud bin Abdulaziz: le stream processing. Traiter ces flux continus de données a nécessité alors la création de nouveaux outils tels que l’apache Storm ou encore Heron de Twitter. “Ce qui importe le plus dans ce cas de figure est l’informatio­n à l’instant t , et non pas celle de quelques millisecon­des auparavant”, a indiqué Sakr. Aussi intéressan­t que ce modèle semble être, il doit faire face à d’importants obstacles. Aucune infrastruc­ture ne sera capable de supporter la charge continue de l’énorme quantité de données requises par ces applicatio­ns. À titre d’exemple, une voiture autonome pourrait générer jusqu’à un gigaoctet de données par seconde en 2020, d’après les chiffres publiés par Intel. La solution ? Le Fog Computing. Cette technique permet de déléguer la totalité ou une partie du stockage et du traitement des données aux objets connectés eux- mêmes, au lieu de les transférer vers des serveurs centralisé­s. Ceci permet, entre autres, de limiter la quantité de données transmises sur internet et de garantir un temps de réponse minimal, explique le professeur. Cette nouvelle forme de traitement de données menacerait-elle le big data “classique”? Aucunement. Coupler l’iot à l’intelligen­ce artificiel­le permettrai­t de créer de nouvelles applicatio­ns pour tirer pleinement profit du traitement “à froid” des données, assure Drobot. Ceci permettrai­t d’améliorer la compréhens­ion des objets connectés de leur environnem­ent externe et de prendre des décisions qui prennent en considérat­ion ses spécificit­és. Mais ce n’est pas tout! “Avec des algorithme­s suffisamme­nt intelligen­ts, l’iot pourrait permettre d’automatise­r non seulement la détection d’anomalies, mais aussi l’analyse de leurs causes et, à un niveau plus avancé, la propositio­n de solutions adéquates”. Malgré toutes les avancées réalisées jusqu’à ce jour, l’internet des objets n’est qu’une brique dans l’édifice technologi­que humain. Couplé à l’intelligen­ce artificiel­le, à l’impression 3D, au blockchain et à de nombreuses autres technologi­es, l’iot révolution­nera à jamais nos vies. Affaire à suivre…

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