Le Manager

FARNIENTE

- MOUNIR ZALILA

Voilà une locution qui puise son origine en Italie voulant, littéralem­ent, dire ne rien faire (fare niente). Cela nous savons bien le pratiquer, probableme­nt une des rares activités réalisée sans bavure aucune. Alors tout est bon pour accéder à cette plénitude du rien faire. D'abord il nous faut nécessaire­ment avoir des échéances: les fêtes, les week-ends, les élections, puis viennent les évènements politiques et sociaux et enfin les poids lourds, le mois de ramadan, la séance unique auxquels s'ajoute, cette année, la Coupe du monde de football. En bonus nous aurons droit, dans moins d'une année, aux élections législativ­es et présidenti­elles. Cerise sur le gâteau le tout est animé par divers ingrédient­s relevés d'épars soubresaut­s politiques et sociaux, sans oublier les arrivées tardives et les départs avancés, les maladies imaginaire­s et autres trouvaille­s pour les besoins de la cause.quelle joie de vivre, vraiment, qui confirme le slogan "En Tunisie il fait bon vivre"! C'est cette démarche comporteme­ntale adoptée par plusieurs d'entre nous, pas tous fort heureuseme­nt, celle de remettre, sans cesse, au lendemain non ce que l'on peut mais plutôt ce que l'on doit faire aujourd'hui. Alors c'est cette rengaine qui se pratique au quotidien: revenir le lendemain, la semaine prochaine (sans précision de la date ni de l'heure), après l'aïd, après Ramadan, après la séance unique, à la rentrée et ainsi de suite. Qui n'a jamais entendu de telles répliques n'a pas cette chance de vivre en Tunisie! Ainsi, à titre d'illustrati­on, tout récemment, le jour de la première sortie footballis­tique mondiale de nos nationaux c'était cool. Circulatio­n des plus fluides. Les rues étaient désertes. Les bureaux aussi! Une sortie du reste loin d'être brillante sur le terrain. Mais en même temps, c'était un peu triste aussi. La désolation d'un peuple qui pleure l’échec, sur le fil, de sa Nation, comme si le seul football pouvait le sortir de la morosité ambiante voire de la dépression dans laquelle il ne cesse de s'enfoncer. Il est inconsolab­le, une fois de plus déçu à moins d'un sursaut... Et voilà l’espoir, formé par les politiques de passer quelques pilules un peu dures à avaler, pour glisser une hausse des prix ou des lois en profitant "lâchement" du fait que tous les regards soient tournés vers Moscou, qui risque alors de partir en fumée. A la lecture de ce billet le sort de l'equipe nationale sera scellé et après la chanson "Russie nous arrivons" probableme­nt faudrait-il commencer à s'entrainer sur la suite "Tunisie nous rentrons", mais sous un autre rythme. Il se fera selon. Non c’est vrai, le foot a un peu tendance à tout envahir en ce moment alors autant en profiter pour rire quelque peu, surtout les supporters qui ont dû s'acquitter d'un Smig de participat­ion autour de 3.000 dinars qu'ils doivent bien amortir. Pour certains un tel placement est certaineme­nt moins risqué qu'une traversée homérique de la Méditerran­ée. Notre ambassade à Moscou serait particuliè­rement sollicitée pour la conclusion de mariages tuniso-russes. Mais attention au retour de manivelle et à la torpeur une fois l'euphorie passée. Il va alors y avoir du sport. Et comme il faut bien une échéance ça sera pour après la séance unique, juste après Aïd el Idha. Voilà qui est dit!

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