L’ENTREPRISE À L’ÈRE DES TWEETS ET DES LIKES
L’influence des réseaux sociaux n’est plus à démontrer. Il suffit d’observer les effets, souvent nocifs, des tweets quotidiens du Président américain Trump sur les marchés et la crise des données personnelles de Facebook. Le monde virtuel est plus que jam
La présence d’une entreprise, quelle que soit sa taille, sur les réseaux sociaux est devenue primordiale au vu des multiples avantages qu’elle peut en tirer. Le principal atout est l’assurance d’une bonne visibilité surtout si elle a une activité commerciale ou possède des marques. C’est un outil de communication au même titre que les médias classiques. Une page Facebook permet de drainer des flux vers le site officiel, qui doit rester la principale vitrine d’une entité économique. Il s’agit aussi d’un outil de marketing à faible coût, surtout pour les entreprises qui n’ont pas les moyens de s’offrir des spots publicitaires audiovisuels. C’est même devenu l’outil préféré pour lancer de nouveaux produits ou services. Les réseaux sociaux donnent l’avantage d’une pénétration de plus en plus avérée de l’information dans toutes les couches de la population et, en tant que dispositifs ancrés dans le réel, ils amplifient les événements quotidiens et l’actualité. Enfin, les réseaux sociaux servent à recueillir l’avis des consommateurs, créant une sorte d’interactivité et de fidélisation des clients. D’un point de vue managérial, ces plateformes présentent également certains privilèges, notamment dans le cas des startups. Nous assistons depuis trois ans à l’émergence de ce qu’on appelle des « réseaux sociaux d'entreprise ». Facebook a par exemple lancé «Facebook at work», un réseau social réservé aux professionnels permettant des échanges entre collaborateurs de la même équipe ou de la même profession. Microsoft a eu la même idée en investissant dans le développement de Sharepoint et Yammer. Les réseaux sociaux deviennent donc un moyen pour améliorer l’efficacité du travail.
Les actionnaires minoritaires se distinguent
En sus de ces avantages communs à toutes les entreprises, celles cotées pourraient se servir encore mieux des réseaux sociaux, particulièrement en Tunisie. En fait, et en l’absence de la fonction relations investisseurs comme c’est le cas dans quasiment toutes les places financières, les réseaux sociaux sont appelés à jouer un rôle important pour faire passer l’information dans une population accro à Facebook. Néanmoins, la réalité est diamétralement opposée. D’ailleurs, il y a des entreprises cotées qui sont totalement absentes des réseaux sociaux. Côté actionnariat, c’est différent. Il existe un groupe de référence sur Facebook qui s’appelle « Forum de la Bourse de Tunis » et qui rassemble une population d’investisseurs (personnes physiques). Ce groupe est très influent et compte plus de 28 000 membres. Il a même été à l’origine de la création de l’association Tunisienne des Petits Porteurs qui défend les intérêts des minoritaires dans les entreprises cotées. Le Forum est parvenu à lancer, deux ans auparavant, une campagne de boycott des transactions en Bourse et qui a relativement pesé sur le volume des échanges. Les membres contestaient le comportement des brokers en matière de conseil et de recommandations, les tarifs de courtage et les offres commerciales. Quelques acteurs du marché avaient même réagi en lançant des packages intéressants durant quelques semaines pour les membres du Groupe.
Alliés de recrutement
Mais pour rendre à César ce qui appartient à César, certaines entités se sont aussi distinguées. En 2017, Amen Bank a été la première compagnie à mettre en place un nouveau système de recrutement. Etant une banque, elle reçoit quotidiennement des centaines de demandes d’emploi, un vrai casse-tête pour la Direction des ressources humaines. Ainsi, l’établissement de crédits a décidé de lancer le recrutement par Messenger, la messagerie privée de Facebook. Les candidats peuvent donc, à travers des vidéos qu’ils tournent seuls, soumettre leur candidature à la banque. Chaque vidéo ne doit pas dépasser la durée de 5 minutes, dans laquelle ils doivent convaincre la Direction de la Banque. Cela soulève un problème. Les candidats doivent faire très attention au contenu de leurs profils sur les réseaux sociaux. De facto, la frontière entre vie privée et vie professionnelle s’est considérablement réduite, voire inexistante dans certains cas. La plupart de nos jeunes ne sont pas conscients de cela et utilisent mal ces outils. Dans la gestion de carrière de chacun de nous, les réseaux sociaux ne sont autres qu’un outil pour créer une image de marque. La plupart des recruteurs passent aujourd’hui en revue au moins les profils short-listés. Cela commence à devenir un passage obligé pour les recrutements des cadres pour des postes à l’étranger. Dans plusieurs pays, comme aux Etats-unis, éliminer un candidat pour son profil Facebook est devenu légal. Un petit conseil à nos chers lecteurs : gardez le contrôle de votre vie privée en ligne.