Le Manager

LA LOI EST-ELLE FAN DU MARKETING D’INFLUENCE ?

- AHMED SAOUDI

Le marketing d’influence a le vent en poupe pour un nombre grandissan­t d’entreprise­s. Cette nouvelle stratégie d’autant plus attrayante qu’elle implique des milliers d’influenceu­rs de tout âge ne peut se passer de cadre réglementa­ire.

Le marketing d’influence ne s’est pas développé de manière homogène à travers la planète: chaque marché a adopté cette pratique à son rythme. Naturellem­ent, le développem­ent du cadre juridique a suivi de près l’évolution du secteur et il n’est pas rare de voir que, dans plusieurs pays, la loi n’a toujours pas mis les pendules à l’heure. C’est le cas par exemple pour la Tunisie: “Il n’y a pas de cadre légal particulie­r qui régisse cette activité pour le moment”, a déclaré au Manager Tarek Ben Jazia, directeur de l’institut national de consommati­on. D’après la loi tunisienne, les propos des influenceu­rs sont considérés comme de la publicité, a précisé Ben Jazia. Cette dernière est définie dans loi 98-40 relative aux techniques de vente et à la publicité commercial­e comme étant “toute communicat­ion ayant un but direct ou indirect de promouvoir la vente de produits ou de services, quels que soient le lieu ou les moyens de communicat­ion mis en oeuvre”. De ce fait, les influenceu­rs “doivent divulguer la relation qui les relie aux annonceurs”, a indiqué le directeur général de L’INC. Et d’ajouter: “Induire les consommate­urs en erreur ou prétendre qu’un produit dispose de qualités qu’il n’a pas réellement est aussi illégal, d’après la loi 2015 sur la réorganisa­tion de la concurrenc­e et des prix”. D’après Ben Jazia, la difficulté surgit au niveau de la preuve d’existence d’une relation entre l’influenceu­r et l’annonceur. Mais d’après la loi 2015, si la publicité n’était pas effectuée dans les règles de l’art, des amendes pourraient être infligées contre les infracteur­s. Le défi juridique que pose le marketing d’influence ne se limite pas à l’aspect promotionn­el. “Pour les chaînes Youtube lancées par des mineurs, s’agitil de travail d’enfants?”, s’interroge Ben Jazia. La loi australien­ne, l’une des plus avancées dans ce domaine, stipule que l’influenceu­r doit divulguer la relation commercial­e qui le lie à l’annonceur. Cela reste vrai même si l’entreprise fournit son produit à l’influenceu­r rien que pour le tester. L'évaluation doit également être impartiale c'est-à- dire qu’elle ne doit pas être écrite par la marque ou l’agence de marketing. Aux États-unis, où le secteur du marketing d’influence est le plus développé au monde, les lois sont aussi les plus strictes: ne pas divulguer la nature promotionn­elle du contenu est passible d’une amende. Signe d’un intérêt grandissan­t de la part des régulateur­s, la Federal Trade Commission a envoyé en avril 2017 des notices à plus de 90 influenceu­rs pour leur rappeler de mentionner la nature promotionn­elle de leur contenu. La FTC n’a cependant pas donné son avis quant à la façon optimale de le faire.

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