Jouer la carte du gaming
L'IACE a organisé fin juin dernier une table ronde sur le thème de l'opportunité entrepreneuriale du gaming en Tunisie. Plusieurs professionnels du secteur ont répondu présent. Détails.
L’industrie de gaming ne cesse de se développer partout dans le monde. L’apparition des plateformes mobiles d’apple et de Google ont accéléré le développement de ce secteur à l’échelle internationale. Grâce au mobile, tout le monde peut désormais jouer sur son smartphone là où qu’il soit. La prolifération de marketplaces comme le Play Store, l’app Store ou encore Steam font que les développeurs indépendants ont aujourd’hui plus de chance de concurrencer les plus grands noms du secteur. Et les exemples ne manquent pas. Des jeux Temple Run, téléchargés par des centaines de millions de gamers, sont développés par de petits studios indépendants. D’autres, comme flappy bird et 2048, sont créés par des développeurs en solo. Le secteur de gaming en Tunisie n’échappe pas à cette tendance, 65.3% des jeux vidéo développés par les studios tunisiens sont destinés aux mobiles, contre 59.2% pour les jeux PC. Seuls 20.4% des titres sont dédiés aux consoles de type Xbox et Playstation, d’après une étude réalisée en novembre 2017 par Sigma Conseil auprès de 49 entreprises du secteur. Malgré la conjoncture, les développeurs de jeux restent optimistes, d’après la même étude: 65% pensent que le secteur a du potentiel pour se développer. D’après l’étude réalisée par Sigma Conseil, 38.8% des entreprises interrogés ont pensé que leur chiffre d’affaires va augmenter en 2017 par rapport à 2016. 32.7 ont estimé que les résultats de l’entreprise vont être bénéficiaires en 2017. Les investissements dans le domaine de développement de jeux vidéo ont augmenté en 2017: 36.8% des interrogés ont réalisé des investissements au cours de la même année. 44.9% des interrogés ont vu le nombre d’employés dans leurs structures augmenter en 2017 par rapport à 2016. Parmi les sondés, 36.8% ont réalisé des investissements supplémentaires en 2017 en comparaison à 2016. 20.4% ont, en revanche indiqué qu’ils ont cédé certains de leurs investissements. Ce développement cache, d’après les professionnels du secteur, plusieurs difficultés auxquelles ils font face qui font que malgré toutes les tentatives le secteur de gaming en Tunisie est toujours en deçà des attentes.
Que ce passe-t-il?
Le secteur de développement de jeux vidéo en Tunisie est freiné par plusieurs contraintes, notamment l’absence de monétisation, les infrastructures (IT, réseaux, …) et la lourdeur des procédures administratives, a indiqué Nebyl Ben Attaia, fondateur de Wanagames, une jeune entreprise de développement de jeux vidéos. Le financement est l’un des plus grands problèmes auxquels font face ces entreprises (29.2% des sondés). Les banques, s’indignent les entrepreneurs présents sur place, ne veulent pas financer leurs projets … ni même les fonds d’investissement et restent sceptiques quant au développement du secteur. Le manque de formation adéquate pour former la main-d’oeuvre nécessaire représente aussi un obstacle majeur au développement de ces entreprises. Les entrepreneurs ont regretté l'inadaptabilité des programmes de formation aux besoins des entreprises. Tahar Ben Lakhdar, président de l’université Time a exprimé sa volonté d’accueillir les entrepreneurs pour concocter des programmes à jour. Pour pallier ce manque, pour survivre, ces entreprises ont développé des activités annexes: développement web pour 33.3% d’entre elles, 30.3% sont dans le graphisme et le design, 15.2 font du développement mobile. Pour Ben Attaia, le plus grand probleme auquel font face les entrepreneurs est l’absence de moyens de monétisation de leurs jeux, vu l’impossibilité par exemple d’utiliser des comptes Paypal à partir de la Tunisie.