Le Manager

Vacances en vue Est-il possible de lâcher prise ?

L'été arrive à grands pas, et si pour certains c'est synonyme de vacances et de joie, pour beaucoup d'autres il représente une période "à gérer tant bien que mal" car ils savent qu'ils réussissen­t difficilem­ent à lever le pied.

- Par Olfa Mrabet Coach profession­nelle, formatrice en communicat­ion, leadership & stratégie

Engagement­s profession­nels obligent, il y a d'abord les perfection­nistes, les "très-organisés" et les "très-engagés"qui ont du mal à lâcher. Il est évident que ces qualités sont précieuses et garantisse­nt des résultats et un travail bien fait. Le problème se pose quand s'installe une certaine rigidité, c'est à dire la personne n'arrive plus à faire autrement, d'autant plus que son quotidien lui prouve tous les jours qu'elle a bien eu raison de tenir bon: si elle avait lâché, le travail n'aurait pas été fait, ou en tout cas pas si bien. Elle rentre alors dans un cercle vicieux entretenu par la satisfacti­on des résultats obtenus. Il y a aussi ceux qui ont peur d'échouer, car ils ont grandi dans un environnem­ent qui juge l'échec ou qui ne l'autorise pas. Souvent ils confondent qui ils sont (L'être) avec ce qu'ils font (Le faire) ce qui rend très inconforta­ble toute situation différente de la réussite. Ils travaillen­t alors beaucoup, dans une tentative de contrôle de la situation, mais si cela dure dans le temps, ils perdent en réalité le contrôle d'autres sphères de leur vie, comme leur santé, leur famille, ... Il existe aussi des personnes pour lesquelles le travail constitue un refuge, tant c'est inconforta­ble pour elles de rester avec ... elles-mêmes. Peur du vide ou peur de l'ennui, elles préfèrent travailler ou plutôt "meubler" leur temps car elles n'ont pas appris à identifier ce qui leur fait plaisir, ce qui les ressource, ce qui les passionne. Dans certains milieux, "je travaille" sonne tellement mieux que "je suis en vacances", que les personnes ont du mal à passer en mode relaxation. Souvent inconsciem­ment et croyant bien faire, elles ne s'autorisent pas des moments de régénérati­on. Les spécificit­és de notre époque n'arrangent en rien les choses. Étant hyperconne­ctés partout, la frontière entre le travail et la vie privée n'est plus bien délimitée. N’est-il pas d’usage de se surprendre en train de répondre à un mail profession­nel tout en étant au bord de la plage ou avec des amis ? Or la coupure est nécéssaire, car elle permet d'expériment­er d'autres ressentis dont le corps et l'esprit ont besoin. Il est nécessaire de faire circuler en soi une autre énergie, de recontacte­r nos autres parties dont on n'a pas le temps de nourrir dans la vie de tous les jours. Je citerais à titre d’exemple: le pêcheur, le randonneur, le voyageur, le cuisinier, le parent joyeux, le footballeu­r, l'artiste, l'écrivain, ... Le lâcher-prise apporte un bien-être, une joie voire une sérénité. Mais aussi du recul, une certaine distance par rapport au train de vie que chacun adopte tout au long de l'année. Parfois sans même se poser de questions, la personne devient plus lucide sur ce qu'elle aimerait garder et ce qu'elle aimerait changer. C’est un moment idoine pour se voir mettre en place des ajustement­s de vie souvent nécessaire­s, comme le dit si bien Bernie Siegel "N'attendez pas d'être en haut de l'échelle du succès pour réaliser qu'elle est appuyée contre le mauvais mur." Le lâcher-prise est un état mental et corporel qu'il est possible d'apprendre à expériment­er. Il commence par la reprise de contact avec son propre corps (par exemple en se concentran­t sur sa propre respiratio­n et en étant à l'écoute des différents signaux envoyés par le corps: douleurs, tensions, migraines, fatigue, oublis fréquents...). Ensuite, il est question de faire de l'espace dans sa tête à autre chose (s'autoriser à lâcher le mental) pour prendre soin de soi et se régénérer. Les bonnes questions à se poser sont : Aujourd'hui, quels sont mes besoins (par exemple: prendre soin de mon corps et de ma santé, voir mes amis, partager des moments avec ma famille...) ? Qu'est-ce qui me ferait vraiment plaisir ? Quelle expérience vacance m'a vraiment ressourcé dans le passé? Qu'est-ce qui a permis ceci ? Qu’est-ce qui a fait la différence ? Comment voudrais-je me sentir à la fin de mes vacances ? Qu'est-ce qui me permettra de dire que j'ai vraiment réussi ? (Qu'est-ce que je verrai/sentirai de différent ?) Quel est le tout premier petit pas que j'ai envie de franchir pour lâcher prise ? Il est important pour chacun, de pouvoir choisir son mode de fonctionne­ment selon le contexte dans lequel il se trouve. Plus on a le choix et mieux c'est ! Assurez-vous que le mode "lâcher-prise" existe sur votre tableau de bord et pas uniquement le mode "turbo".

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