Transition
Qui aurait imaginé qu’en cette fin d’année 2018, les questions énergétiques seraient au coeur des turbulences au nord de la méditerranée et des cris de colères du patronat au sud. Le porte parole des gilets jaunes le disait sans ambages: lui et les siens se soucient beaucoup plus des fins de mois. A croire que les préoccupations de la fin du monde sont réservées aux élites. Ils estiment que le gouvernement pénalise trop les ménages et qu’il devrait surtaxer les industries polluantes. En réponse à la montée des contestations, le président français annonce la création d’un haut conseil pour le climat ; maintenant le cap sur la fiscalité écologique tout en mettant en place des mesures d’accompagnement plus ciblées pour les plus précaires. Le coût de la transition énergétique -à moins qu’il ne s’agisse du prix de l’inefficacité et d’une gestion chaotique- s’est également traduit chez nous par une augmentation de la facture de l'électricité. Une mesure si coûteuse pour le consommateur et pour l’entreprise qu’elle paraît insensée. Le choc est si puissant que les deux patronats ont vite réagi et sont montés au créneau. Ils menacent même de ne plus payer leurs dus . Une augmentation de 45% est spectaculaire après moultes ajustements et proprement mortifère. Elle compromettrait de fait la compétitivité des entreprises et handicaperait ses capacités d’exportation. Certes, les arbitrages sont essentiels pour la montée en charge de ces tarifs. Pour autant, la transition écologique et énergétique ne peut se faire sur le dos d’entreprises en activités, déjà agonisantes pour la plupart. Le consommateur ne s’en porte pas mieux, accablé qu’il est par le surendettement et au pouvoir d’achat écorché et laminé. Plus que jamais, il est temps que le gouvernement mette un point d’honneur à relever le défi de l’économie d’énergie à travers une amélioration de l’efficacité énergétique. Même si la Tunisie est créditée d’un bon bilan en la matière, étant classée 18 sur 111 pays, notre déficit énergétique est conséquent. La demande énergétique ira crescendo; elle concerne au premier chef la consommation propre au secteur du transport. Le nombre de véhicules a été multiplié par 3 en 20 ans. Il semble même qu’il constitue la première cause de notre déficit commercial. La stratégie énergétique nationale qui prévoit une réduction de l’ordre de 30% de la demande énergétique à l’horizon 2030 nécessite une action multiforme. Il faudrait, à l’évidence, une montée en puissance de la transition énergétique qui impose de repenser les systèmes et process de gestion et de production. Tout un train de mesures et d’audit énergétique allant de la construction, pour une meilleure isolation des bâtiments, en passant par l'industrie technologique en vue d’une efficience accrue des puces et des serveurs informatiques... Le spectre des activités concernées est large et les retombées financières gigantesques. Les experts que nous avons interrogés à cet effet auront apporté plus d'éclaircissements et les industriels ont à leur tour évoqué les retombées économiques et financières de ces mesures. Nous ambitionnons de mettre en place des smart cities. La sensibilisation du citoyen est aussi importante que les compteurs intelligents pour l'électricité, le gaz et l'eau. Notre invité est un capitaine au long cours de l’industrie, de la race des grands bâtisseurs. Il a été selon toute vraisemblance le géniteur au début des années 60 de la deuxième usine Tunisienne. Il voyait déjà loin et vite, il n’a pas changé depuis. L’empire qu’il a bâti l’a contraint à se mesurer en permanence aux plus grandes pointures internationales, à repenser au fil des ans son modèle et à s’orienter vers les industries 4.0, celle connectée, en réseau et respectueuse de l'environnement. Abdelwahab ben Ayed, ce monument national nous parlera de son style de management, de sa vision du développement, de ce qu’il a accompli et de ce qui lui reste à faire. Bonne lecture !