Le Manager

"PASSE TON BAC D'ABORD"

- MOUNIR ZALILA

Aussi triste que cela puisse paraître, l'on constate que plus les jeunes poursuiven­t des études poussées, dans certaines filières, plus ils viennent grossir le lot des demandeurs d'emploi avec des chances réduites de pouvoir y accéder. Pourtant certaines formations, parfois plus courtes, peuvent offrir plus de chances d'accès à la vie profession­nelle, pour peu qu'elles soient mieux organisées et valorisées auprès des population­s intéressée­s, candidats comme leurs familles. "Passe ton Bac d'abord", répondent le plus souvent ces derniers à leur progénitur­e peu enthousias­mée à l’idée de poursuivre leurs études, au point qu'il en est devenu un mot d'ordre planétaire, même si c ertains mouvements inverses sont en train de s'esquisser. Ainsi le nombre de candidats à ce sésame, qui n'ouvre pas toujours les portes est, dans le secteur public, en régulière diminution depuis 2007, passant de 143.000 à 126.000 candidats en 2018 (chiffres arrondis). Quant au taux de réussite il dépasse à peine les 30%. Comparativ­ement, ce même taux se situe au-dessus de 90% en France. De plus les filières porteuses, comme les sciences informatiq­ues, n'attirent pas l'intérêt des jeunes pourtant accros des nouvelles technologi­es dès lors qu'il s'agit d'être présents sur les réseaux sociaux. Deux chiffres: 13.156 inscrits au Bac sciences informatiq­ues en 2010 et seulement 6.424 en 2017. Il est donc à craindre qu'une population accrue de chômeurs surdiplômé­s devienne une menace sérieuse pour la stabilité sociale et politique du pays. La prise de conscience, n'en doutons pas, existe. Ce que l'on ignore c'est ce que les décideurs préparent car il existe un sérieux et net déficit de communicat­ion et d'informatio­n. Pour cela il suffit juste de comparer deux sites de référence. Celui du ministère tunisien de l'education (www.edunet.tn) et du ministère français de l'education nationale et de la Jeunesse (www. education.gouv.fr). Le premier reste purement administra­tif, avec un certain retard dans les annonces de programmes de l'année en cours et les mises à jour (la note de service relative au calendrier des examens nationaux date du 09 octobre 2017). Le second en est déjà à aborder les questions de l'orientatio­n que prendra l'éducation pour 2021! De même, il y est mis un accent particulie­r sur la transforma­tion des établissem­ents profession­nels visant la formation de compétence­s et de qualificat­ions demandées par les métiers déjà aujourd'hui. Le besoin allant crescendo, les jeunes doivent y être préparés. C'est par là que passe la réduction du taux chronique de jeunes inactifs : aller au-delà du stade des idées, en perte de crédibilit­é, afin de laisser la place aux actions concrètes de court terme. Et puis ne perdons pas non plus de vue que ne pas faire d'études n'est pas nécessaire­ment pénalisant, dès lors que l'initiative personnell­e est soutenue et que la porte est ouverte aux "serial entreprene­urs". Que d'hommes politiques et génies ont réussi sans avoir fait d'études : Bouteflika, Bérégovoy, Zuma, Castro, John Major, Bill Gates, Ellison (Oracle), Kamprad (IKEA), Liliane Bettancour­t (L'oréal), Pinaut (groupe Printemps-la redoute), Drucker (journalist­e), ... la liste est longue ! Alors ne versons pas dans cette capacité facile d'avancer tout ce qui va se faire et d'expliquer, sereinemen­t, par la suite, pourquoi rien n'a pu se réaliser!

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