Mobilité électrique Quelle place pour les véhicules électriques en Tunisie ?
Les atouts de la mobilité électrique sous les feux des projecteurs! Ils ont fait l’objet d’une conférence organisée en novembre dernier en partenariat entre l’agence nationale de la maîtrise de l’énergie et le groupe Al Badr.
Plusieurs pays à travers le monde ont commencé à mettre en place l’infrastructure nécessaire pour accommoder les voitures électriques. Certains préparent déjà l’interdiction de vente de voitures thermiques dans les années à venir. Aujourd’hui, on compte pas moins de 3 millions de voitures électriques circulant sur la planète. En Norvège, par exemple, les voitures électriques représentent 25% des nouvelles imma- triculations, taux le plus élevé dans le monde, a indiqué Slim Feriani, ministre de l’industrie et des PME. Cette accélération de l’adoption des véhicules électriques est due principalement à la forte évolution des batteries. Ces organes de stockage sont de moins en moins coûteux (de 950 dollars par kwh de stockage dans les années 2000 à moins de 70 dollars par kwh d’ici 2020) et de plus en plus performantes, explique Fathi Hanchi, directeur de l’efficacité énergétique à L’ANME. Et d’ajouter que le nombre de voitures électriques en circulation dépasserait celui des véhicules thermiques à partir de 2025”. L’ANME s’est donc fixé comme objectif d’avoir pas moins de 70 mille voitures
électriques en Tunisie d’ici 2025 dans le cadre de sa stratégie visant à réduire la facture énergétique du transport routier. Ce chiffre sera réparti entre 50 mille véhicules totalement électriques et 20 mille hybrides. Pour un pays qui subventionne les énergies fossiles comme le nôtre, le recours à l’utilisation des véhicules électriques pourrait être une solution efficace pour réduire le déficit de la balance énergétique. Si l’état pousse vers l’adoption de ce nouveau mode de transport, c’est parce qu’il permet de réduire de 52% les subventions à l’énergie, de 50% la consommation énergétique et de plus de 59% la facture énergétique, a argumenté Hanchi. Qui plus est, l’énergie électrique peut contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air dans les grandes villes. “D’ici 2030, la Tunisie veut réduire de 30% les énergies fossiles et diminuer de 41% les émissions de CO2”, a indiqué Slim Feriani, ministre de l’industrie et des PME. “Le transport est l’un des axes principaux de cette stratégie puisqu’il consomme 35% de l’énergie totale et 55% de l’énergie primaire”, a-t-il ajouté. Malheureusement, plus de voitures électriques ne correspond toujours pas à moins de pollution. “Ces voitures contribuent certes à la réduction de la pollution locale dans les villes, mais à l’échelle nationale, leur impact environnemental dépend du mix utilisé pour produire l’énergie électrique”.
Comment encourager la mobilité électrique ?
En Tunisie, malgré la situation énergétique, les voitures thermiques paient moins de taxes que celles électriques (45.3% pour les voitures d’une cylindrée de moins de 1.3 litre, contre 57.6% pour les véhicules électriques). Ajouté au fait que les véhicules électriques sont encore plus chers que leurs homologues conventionnels, ils coûtent à l’usager 70% plus cher par km. Pour booster la mobilité électrique, l’expert propose 3 axes principaux. Il faut d’abord encourager l’utilisation des véhicules électriques. Le prix est un facteur de popularité déterminant. Dans ce cadre, Nicolas Planchenault recommande la mise en place d’une série de me- sures qui permettent de rendre plus accessibles ces véhicules: des bonus d’achat, des réductions à l’immatriculation, des réductions des droits de douane, des réductions de frais de circulation. D’un autre côté, l’état peut également mettre en place des avantages en nature pour améliorer l'accessibilité tels que des espaces de stationnement et des voies réservées. Il propose même d’offrir des formations au profit des vendeurs. Pour encourager la mobilité électrique, le gouvernement peut aussi lancer des projets pilotes tels que des lignes de bus électriques ou encore des taxis électriques. Le deuxième axe, selon Planchenault serait d’assurer une mise en place de bornes qui permettent aux automobilistes de recharger leurs batteries. L’autonomie qu’offrent les batteries - pas moins de 100 km par recharge - est largement suffisante pour les déplacements en ville. Pour des trajets plus importants, il est nécessaire de mettre en place un réseau de chargeurs. Ces derniers doivent être capables d’alimenter en électricité le plus rapidement possible les batteries des différents modèles de véhicules. Il est également primordial, selon l’expert, de s’assurer de la bonne formation des mécaniciens, surtout que les véhicules électriques sont conceptuellement différents des voitures thermiques. Le troisième axe de la stratégie consiste à s’assurer de la pertinence du mix énergétique et que les voitures soient suffisamment alimentées par d es é nergies renouvelables. C’est le secret de la mise en place d’une mobilité durable. Sur le long terme, le ministre de l’industrie aspire à la mise en place d’une stratégie visant à développer le tissu industriel de l’automobile électrique. “La Tunisie dispose de plusieurs atouts pour industrialiser les véhicules électriques et ses composants. E t ce, dans le cadre de la diversification de ses partenaires. Mais, il faut construire tout un écosystème pour ce projet ambitieux », a tenu à souligner le ministre.