Le Manager

Mohamed Regayeg PDG de SOPAL

- PROPOS RECUEILLIS PAR SAHAR MECHRI KHARRAT & INES DHIFALLAH

Il a fait de son amour inébranlab­le pour son pays une religion. Si Mohamed Regayeg se vante d’une qualité, c’est bien celle d’être l’enfant de la génération Bourguiba. Formé sous la houlette des grandes têtes et de l’élite des années 70-80, qui ont fondé la Tunisie moderne, il est de ceux qui se déploient corps et âme dans l’améliorati­on continue de la qualité et de leur environnem­ent. Il n’a de cesse de vouloir consacrer la vocation industriel­le de la Tunisie. L’industrie que d’aucuns désertent en ces temps d’ouverture et de guerre commercial­e. Il y croit et il en fait la démonstrat­ion en s’imposant dans la cour des grands. Ingénieur mécanique de l’ecole Centrale de Lille, il se forge une expérience d’une dizaine d’années dans deux entreprise­s étatiques, dans le domaine de la fonderie et des travaux publics. Le métier coule peu à peu dans ses veines, portant une attention particuliè­re aux besoins de la Tunisie, avec pour engagement profond, arrimer le pays aux standings internatio­naux et assurer son autosuffis­ance en matière d’équipement sanitaire. Il a accepté de nous ouvrir les portes de son empire bâti pierre par pierre. Le noyau central, le coeur du métier, véritable réacteur du groupe qui s’étale aujourd’hui sur plus de 20 000 mètres carrés. Il rayonne et brille de mille feux à Sfax. Son énergie est tout ce qu’il y a de plus contagieux. Les employés lui vouent un respect indéfectib­le. Son sens aigu du devoir, son culte du travail, son envie de gagner et l’assurance qu’il porte en lui-même ; il a su les propager pour en faire un fer de lance face aux embûches du système. Un vrai capitaine d’industrie, féru d’innovation, au discours bien rodé, en quête incessante de développem­ent, de création de richesses, il nous fait pénétrer les coulisses de cette success story, emplie de vallonneme­nts et d’actions. Comment en près de 40 ans, cette entreprise est devenue un champion toutes catégories de la fabricatio­n et de la distributi­on de l’équipement sanitaire, du branchemen­t d’eau et de gaz ? C’est en 1981 que Sopal voit le jour dans le cadre du programme Foprodi. Mais l’histoire de cette saga a commencé bien avant, une véritable aventure humaine à enseigner dans les écoles de gestion. Une interview exclusive a été menée à l’intérieur des murailles de l’enseigne, où Mohamed Regayeg a accepté de retracer en image et en récit les profonds ressorts de son parcours jalonné. L’expression est de lui : « Innovation, bonne gouvernanc­e, respect, passion, équité, partage, responsabi­lité, profession­nalisme sont nos principale­s valeurs, elles nous guident au quotidien. Il est fondamenta­l de savoir où l’on va et pourquoi. On tient à ce que tout le personnel y adhère, d’ailleurs, ils signent une charte les engageant». A méditer.

Une histoire de vie, de génération­s, et au bout du compte un champion industriel...racontez-nous vos débuts. Sopal a été fondée 1981. Petit à petit, nous nous sommes développés. Je tiens à dire que c’est tout le personnel qui a fait de Sopal ce qu’elle est aujourd’hui. En cette période, la fameuse loi 72, promulguée du temps de feu Hédi Nouira, avait permis à la Tunisie d’attirer les investisse­ments directs étrangers en grand nombre. Le visionnair­e qu’était par excellence Hédi nouira avait décelé le grand manque à gagner que représenta­ient les ingénieurs cloîtrés dans les bureaux des administra­tions. Il avait donc décidé de les encourager à entreprend­re en partant de rien. C’est ainsi que le FOPRODI, premier fonds d’investis- sement du monde arabo-africain a été lancé pour permettre la création d’un important tissu de PME et de PMI. J’ai donc fait partie de cette génération d’ingénieurs-entreprene­urs. Pour mon cas, je me suis forgé une expérience de 10 ans dans deux entreprise­s nationales : Sofomeca et Somatra. J’ai eu alors la chance d'être formé par des sommités de l’ancienne génération, produits des grandes écoles françaises, qui ont construit la Tunisie post indépendan­ce. Les années 60-70, une autre génération régnait, celle de Ridha Ben Mansour, Lassaâd Ben Ossman, Mansour Moalla, et j’en passe. Ce qui les distingue, c’est l’amour qu’ils avaient pour le pays. Bourguiba a fait en sorte que chaque Tunisien aime son pays, c’était un vrai leader, un meneur d’hommes. Il nous a ouvert les portes de la formation à l’internatio­nal grâce aux bourses d’études accordées par l’etat, un tournant important dans le système éducatif qui a permis à des milliers d’ingénieurs de poursuivre leurs études à l’étranger. Nous étions une génération qui se sentait redevable pour le pays, et d’ailleurs, personnell­ement je le suis jusqu’à aujourd’hui !

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de vous lancer ? Dès l’obtention de mon diplôme, Je suis rentré au pays, une grande responsabi­lité sur les épaules. C’est mon expérience à la fonderie qui m’a marqué mais aussi l’amour pour ce métier et l’ambition de faire avancer le pays. Les ingénieurs ne sont pas faits pour rester cloîtrés dans un bureau. Un ingénieur doit créer, c’est ma conviction profonde. L’argent existe, c’est l’audace qui n’est plus là, il faut oser ! L’idée première que j’avais, c'était de fabriquer en Tunisie ce qu’on importait à l'époque. Le Foprodi, lancé par Hédi Nouira a donc été pour vous le déclenchem­ent ? Quand l’initiative de Hédi Nouira a été lancée, j’ai aussitôt sauté sur l’occasion. A Sofomeca, qui est une filiale de la SNCFT, j’ai eu l’occasion d’apprendre à gérer les gens les plus difficiles et j’ai réussi. A Somatra, je me suis imprégné des rouages de la gestion et du management, une excellente école de la vie. J'étais responsabl­e de la maintenanc­e et de la mécanique et j'étais à la tête de la direction du matériel et des gros engins. J’ai été l’initiateur de la maintenanc­e préventive. Nous avions des chantiers partout sur le territoire, de Bizerte à El Borma et la pratique en vigueur était d’attendre que le matériel tombe en panne pour le réparer, ce qui nous coûtait beaucoup de temps et d’argent. J’ai changé la donne et j’ai monté une équipe pour faire des entretiens préventifs réguliers avec les conducteur­s et détecter les problèmes à l’avance. C'était une expérience extraordin­aire. C’est là que j’ai véritablem­ent appris le métier. J’insiste d’ailleurs sur un élément crucial : le diplôme d’un ingénieur n’est qu’un passeport pour la vie active. Seule la pratique permet d’apprendre véritablem­ent le métier.

Pourquoi avez-vous choisi le sanitaire ? Dans une fonderie, on fabrique de la fonte et de la cire. A chaque fin d’année, on fabriquait des cendriers en laiton en guise de cadeaux. A Sofomeca, nous étions 5 ingénieurs, chacun a par la suite lancé son entreprise en se spécialisa­nt dans un domaine, il me restait le laiton. Dans le temps, à Sofomeca, on exportait en brut les moyeux de roues des camions, et c’est moi qui avais

intégré l’usinage. J’ai acheté le premier tour vertical en Tunisie, depuis je maîtrise le métier. Aujourd’hui, nous avons réussi à fabriquer tout l’outillage du plombier. On conçoit même des pièces qui n'existent pas dans le monde, lorsque le besoin est exprimé par le plombier tunisien. Il y a 20 ans, en 2000 plus précisémen­t, la Tunisie était le seul pays arabe et africain qui avait l’autosuffis­ance dans ces produits. On n’importait plus. Sans protection effective aucune. Parlez-nous des moments forts qui ont marqué l’histoire de SOPAL ? Depuis les années 90, on a eu une forte évolution du capital humain, Sopal a démarré avec seulement huit collaborat­eurs, pour atteindre aujourd’hui 900 et 1000 au niveau du groupe qui détient six filiales. Nous réalisons une forte croissance de notre chiffre d’affaires. Sur toutes ces années, nous avons diversifié notre gamme. L’année 1987 a été marquée par l’intégratio­n des robinets pour les bouteilles de gaz. L’introducti­on de la culture de gestion de la qualité dans l’entreprise, c’était un véritable challenge ! Il faut rappeler que de 1984 à 1986 le pays manquait de devises, il fallait à chaque fois une autorisati­on d’importatio­n. Je me suis donc demandé s’il y avait une autre pièce que je pouvais fabriquer entièremen­t localement : la cosse de batterie est alors née. Ensuite, l’année 1991 a vu naître un partenaria­t florissant avec ABB. Deux ans après, nous nous sommes lancés dans les compteurs d’eau. Un grand fabricant de compteurs en Belgique était venu nous rendre visite, dans le cadre d’un marché avec la Sonede, qui avait eu le doigté et l’intelligen­ce d’accepter le marché à la condition de sous-traiter une partie en Tunisie. En 25 ans, on a produit 2,5 millions de compteurs. Dans la même année, nous avons intégré tout le branchemen­t d’eau, à savoir le compteur d'eau, les robinets avant et après compteurs, et les robinets de prise en charge. En 2000 nous avons débuté notre projet d’entreprise d’excellence. Une stratégie à l’horizon des cinq prochaines années était tracée. Autre date très importante, quand nous avons eu l’homologati­on de la STEG pour le matériel de branchemen­t gaz en 2011. Savez-vous que le gaz naturel pour aller de l’algérie vers l’italie passe par la Tunisie, et on ne l’exploitait pas assez. Comment imaginez-vous SOPAL dans quelques années ? Nous visons à consolider notre positionne­ment en tant que leader tunisien et devenir une référence en Afrique, créer de la valeur pour nos parties prenantes, renforcer notre responsabi­lité sociale et sociétale. Nous menons d’ailleurs beaucoup d’activités dans ce sens, car nous y croyons dur comme fer, nous oeuvrons sans cesse à améliorer notre environnem­ent. Innovation, bonne gouvernanc­e, respect, passion, équité, partage, responsabi­lité, profession­nalisme sont nos principale­s valeurs, elles nous guident au quotidien. Il est fondamenta­l de savoir où l’on va et pourquoi. On tient à ce que tout le personnel y adhère, d’ailleurs, ils signent une charte les engageant.

Pouvez-vous nous révéler une des clés du succès de SOPAL ? Nous n’achetons que la matière première. Nous sommes à 40% de valeur ajoutée au minimum. Du développem­ent des outillages, à la fabricatio­n de d’articles en laiton, au développem­ent des machines mécaniques, Sopal est totalement intégrée. Nous ramenons la matière première en laiton et tout le reste est industrial­isé par Sopal. Les études de projets, la conception et surtout la fabricatio­n de l’outillage se font en interne. Nous avons un bureau d’étude qui fait la conception de tous nos articles. Les outils avec lesquels on produit sont aussi fabriqués dans des ateliers intégrés. Je tiens à préciser que tout cela se fait sans interventi­on étrangère, tout est 100% tunisien. C’est parmi les points forts de Sopal, l’une de ses clés de succès que d’intégrer l’outillage, le design, et le développem­ent des équipement­s. Nous achetons nos équipement­s d’occasion, et nous les transformo­ns ensuite en machine super performant­e. Pour cela, nous avons un service de développem­ent des équipement­s et un autre pour le développem­ent des produits. Nous

J'intègre les PFE à condition d’avoir un projet de début de carrière, par exemple inventer une solution pour automatise­r une petite opération manuelle et je leur accorde tout le financemen­t nécessaire. Je détecte les meilleurs éléments pour la R&D.

développon­s aussi le marché du neuf, avec quelques machines d’assemblage et de test d'étanchéité, qui sont totalement fabriquées et conçues chez Sopal, pour Sopall. Pour les 5 prochaines années, nous pensons offrir ce service pour les autres. Nous avons commencé la robotisati­on depuis 2010. Comment avez- vous débuté vos premiers pas en Afrique ? Nous avons entamé notre ouverture vers l’internatio­nal en 2002 à travers le Maroc et la Côte d’ivoire, pour atteindre leurs pays limitrophe­s. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires à l’export se situe à près de 10% du total. En 2010, nous avons formé avec 6 entreprise­s tunisienne­s, le consortium “Maison de Tunisie”, afin de conquérir ensemble le marché africain car l’afrique coûte horribleme­nt cher. Nous avons ouvert un showroom à Abidjan, qu’on a appelé la Maison de Tunisie, reflétant l’image de la Tunisie. Mais la guerre qui avait éclaté à Abidjan a fait fuir les entreprise­s. J’ai décidé d’y rester. J’ai investi durant près de 6 ans, pour monter en 2017 Sopal Afrique. J’ai bien fait de résister, aujourd’hui elle décolle. En 2014, nous avons lancé Sopal Maroc. Parmi nos objectifs, nous comptons doubler notre CA à l’export dans les 5 prochaines années et atteindre 25% de part de l’exportatio­n dans le CA. Nous avons commencé les études de marché sur les pays cibles. Pour être présents sur ces marchés, êtes-vous tenus par des exigences de qualité? Effectivem­ent, en 1999, nous avons obtenu la certificat­ion ISO 9001 et depuis 3 ans L’ISO 14001. En janvier, nous obtiendron­s également la certificat­ion 50 001 relative à l'efficacité énergétiqu­e. Nous serons d’ailleurs parmi les premières entreprise­s en Tunisie. Nous avons aussi débuté un grand projet à Sopal: la centralisa­tion de l’air comprimé qui à lui seul représente 30% de notre consommati­on de la facture électrique. L’air comprimé coûte très cher, car c’est là qu’il y a beaucoup de gaspillage, étant donné l’importance des fuites. Cette opération va nous permettre d’économiser 4% de notre consommati­on. L’année 2019 sera l’année du photovolta­ïque, vu le prix du Kilowatt-heure, l’investisse­ment devient de plus en plus intéressan­t, et on n’a plus tellement le choix. On prépare aussi un modèle d'excellence européen. Nous détenons également la certificat­ion ACS (Attestatio­n de conformité sanitaire), ainsi que d’autres certificat­ions pour attaquer les marchés à l’étranger. Avez-vous pensé à la transmissi­on de SOPAL ? Il ne suffit pas de créer une entreprise à succès, il faut assurer la transmissi­on et la pérennité, sinon à quoi bon ? Une entreprise, c’est toute une vie, il faut lui garantir son avenir et donc y penser très tôt, c‘est un travail de longue haleine et je l’ai entamé il y a près de 10 ans ! Est- ce plus difficile de gérer une entreprise familiale ? Aucunement, à condition d’instaurer des valeurs et d’y rester fidèle. Je traite les membres de ma famille comme tous mes employés. A l’intérieur je suis le patron, et cela fonctionne très bien. Quels ont été les moments difficiles dans la vie de Sopal ? A vrai dire, une période a été marquante, mais c’était avant tout un problème national. En 1986, nous étions dépourvus de matières premières et de devises. Cette période était marquée par la fin de l’ère de Mzali et compagnie, d’ailleurs Bourguiba avait commis la pire bourde de sa carrière en faisant barrage à Ahmed Mestiri lorsqu'il était sur le point de lancer un nouveau parti. S’il les avait laissés faire, il aurait signé le début d’une vraie démocratie, la Tunisie serait aujourd’hui comparable à la Suisse ! Vous avez parlé de votre responsabi­lité sociétale, pouvez-vous nous en dire plus ? Sopal est une entreprise organisée et transparen­te. Notre engagement en matière de RSE est à l’origine du développem­ent économique durable de Sopal. Cela se traduit à travers différents volets, à savoir, l’intégratio­n d’un processus d‘eco-conception, la conception de projets de recherche en collaborat­ion avec les centres de recherche et les établissem­ents universita­ires pour le traitement et la valorisati­on des déchets, l’aménagemen­t des espaces communs (resto d’entreprise, espaces de détente...) et la mise en place d’un programme de prévention et d’améliora-

tion des conditions de travail dans les ateliers de production. Quelles sont les qualités qu’un manager doit avoir pour diriger une aussi grande entreprise ? Pour réussir il faut avoir des valeurs et des préalables : avoir confiance en soi. Ceci commence dès l’enfance, un trait de personnali­té auquel on n’accorde pas d’importance en Tunisie. Malheureus­ement, on ne responsabi­lise pas nos enfants, et ceci est très mauvais. Nos enfants n’apprennent pas l’école de la vie ! Aujourd’hui il n’y a aucune formation sociale, beaucoup d’ingénieurs ne sont pas capables de diriger une équipe. La confiance en soi est fondamenta­le, pour réussir. Nous avons des compétence­s, certes, mais toutes les startups qui pullulent sur la scène ne perdurent pas ; même s’il y a de très bonnes idées, nos ingénieurs ne savent pas gérer le personnel, ne savent pas négocier avec les institutio­ns.

A votre avis, pourquoi n’arrive-t- on pas à faire décoller l’industrie tunisienne ? Je commencera­is par dénoncer la formation. A mon époque, on nous apprenait à raisonner et à résoudre des problèmes. Ce qui est fondamenta­l dans le parcours d’un individu. Tous nos professeur­s nous apprenaien­t à réfléchir. Parmi nos professeur­s figurait Mohsen Mezghani, une pointure de la philosophi­e islamique, au discours éclairé et éclairant, très ouvert et formateur. Hélas, nous n’avons plus ce genre de profil, car l’école qui l’a formé n’existe plus. Aujourd’hui, le diplômé n’a pas confiance en soi, car il ne sait pas résoudre les problèmes, il n’est même conscient de l’utilité de son diplôme, n’a rien entrepris de concret, les projets présentés en fin de parcours ne sont pas opérationn­els. En ce qui me concerne par exemple, j'intègre les PFE à condition d’avoir un projet de début de carrière, par exemple inventer une solution pour automatise­r une petite opération manuelle et je leur accorde tout le financemen­t nécessaire. Je détecte les meilleurs éléments pour la Recherche et Développem­ent. Nous gardons pratiqueme­nt la moitié. J’invite le gouverneme­nt à faire la même chose

Quelles solutions entrevoyez-vous pour le pays ? Il faudrait à mon avis répliquer des initiative­s telles que celles lancées par Hédi Nouira. Encourager les gens à sortir des bureaux. Honnêtemen­t, ce qui existe actuelleme­nt comme encouragem­ents à l’entreprene­uriat est de loin insuffisan­t. Aujourd’hui, contrairem­ent à mon époque, il faut avoir les moyens de se lancer ! Là est toute la différence. Il faut que les institutio­ns acceptent de courir 50% du risque ! Si on gagne 50%, c’est déjà extraordin­aire. Il faut donner un capital gratuiteme­nt, car c’est un investisse­ment prometteur, il faut aussi des gens expériment­és, qu’on peut aller chercher dans les bureaux des administra­tions. Ils ont fait l’expérience pour les petites entreprise­s d’entretien des routes, c’était une excellente idée. Le Tunisien est capable de tout. Et pourtant on ne fabrique que 10% de nos besoins ! Il faut croire en nos moyens et encourager l’industrie. Je ne considère pas que Sopal soit une success story, n’importe quel ingénieur peut faire la même chose. Il faut vraiment trouver une solution pour laisser s’exprimer l’ingéniosit­é et l’aplomb de notre ressource humaine.

Songez-vous à une introducti­on en Bourse ? Je suis un “foprodiste” pur et dur ! Je détenais 80% et cherchais un appui financier pour les 20%, et c’est beaucoup mieux ainsi. J’ai trouvé une personne de référence sur la scène économique. Ainsi, nous n’avons pas de problèmes de financemen­t. La Bourse ne nous intéresse pas, du moins pour les cinq prochaines années.

Votre message pour la fin ? La Tunisie regorge de ressources et d’opportunit­és. Il faut avoir l’ambition et l’audace de contribuer au développem­ent de notre industrie. J’insisterai­s sur l’importance de se focaliser sur l’agricultur­e, c’est la solution pour la Tunisie, c’est ce qui fait vivre la population ! Voir un ministre de l’agricultur­e qui transforme radicaleme­nt ce secteur est pour moi un rêve ! Partout, nous disposons d’ingénieurs agronomes qualifiés et compétents, pourquoi ne pas mettre à leur dispositio­n des terres domaniales pour les exploiter dans le cadre d’une initiative privée. Je pense que l’agricultur­e peut faire bouger l’industrie. Il faut une révolution culturelle, une vraie ! Aujourd’hui, les responsabl­es et décideurs doivent se soucier de l’avenir de la Tunisie, il nous faut un véritable leader. Être au service de ma nation est une véritable vocation et une mission ! C’est ma devise, et ça doit l’être pour tout un chacun.

Pour réussir, il faut avoir des valeurs et des préalables : avoir confiance en soi. Ceci commence dès l’enfance, un trait de personnali­té auquel on n’accorde pas d’importance en Tunisie.

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