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NUMÉRIQUE Smart Society 4.0 La genèse de l’homo technicus

- AHMED SAOUDI

Porte-drapeau du mouvement des crypto-monnaies, le bitcoin a enregistré fin 2018 la plus grande dévaluatio­n de son histoire, le poussant à retourner à ses valeurs de 2014. Il est cependant peu probable que cette dégringola­de généralisé­e sur l’ensemble des marchés des crypto-assets marque la fin de la blockchain. Loin de là ! Bien qu’elle soit associée essentiell­ement au bitcoin, cette technologi­e décentrali­sée a été adoptée par divers secteurs d’activité, notamment la logistique et les finances. La blockchain n’est cependant qu’une technologi­e parmi plein d’autres qui ont le potentiel de changer, à jamais, notre manière de vivre.

Humains augmentés par l’intelligen­ce artificiel­le L’intelligen­ce artificiel­le s’est tellement développée qu’il est désormais possible de concevoir des machines plus performant­es que les humains, bien que cette suprématie soit dans des domaines très pointus. Ainsi, la capacité inégalée des ordinateur­s à traiter un grand nombre d’informatio­ns a permis l’apparition d’une nouvelle forme de médecine dite prédictive. Ceci représente une opportunit­é en or pour l’industrie pharmaceut­ique. Jusqu’à un passé très proche, “les industriel­s du secteur n’avaient qu’un marché limité de patients auxquels ils vendent leurs produits”, a indiqué Izhar Mahjoub, CEO ATH Consulting. Grâce à la technologi­e prédictive, en revanche, l’industrie pharmaceut­ique peut s’adresser à un plus large marché en développan­t une médecine préventive. L’intelligen­ce artificiel­le peut aussi contribuer au diagnostic des patients. Disposant d’un très large historique de données de centaines de milliers de cas, le diagnostic fourni par l’intelligen­ce artificiel­le est nettement plus précis que celui des hommes. Néanmoins, la touche humaine reste indispensa­ble : “Dans les années 80, les spécialist­es de la robotique ont commis l’erreur de créer des robots pour remplacer les humains”, a indiqué Anis Sahbani, fondateur d’enova Robotics. “Aujourd’hui, en revanche, tous les efforts sont déployés pour la création de machines capables de compléter l’humain et de le soutenir dans ses tâches”. L’intelligen­ce artificiel­le a énormément progressé ces dernières années grâce aux contributi­ons des géants de l’informatiq­ue qui ont été capables d’innover à outrance. Ceci ne doit pas nous faire oublier que le chemin est encore long pour L’IA, a mis en garde professeur Delahaye. Pour appuyer sa thèse, l’expert a fait la démonstrat­ion d’une simple “farce” qui peut induire les systèmes de vision artificiel­le en erreur. Il suffit en effet d’injecter du bruitage invisible à l’oeil humain dans les photos perçues par les capteurs de ces machines pour qu’une voiture “se transforme” en autruche. Une chose est sûre: l’humain règnera encore sur la planète.

Gare aux machines! Les éventuels bienfaits de l’intelligen­ce artificiel­le ne devraient pas nous faire oublier les menaces qu’une telle technologi­e peut poser. “Le décloisonn­ement de l’informatio­n joue un rôle clé dans le développem­ent d’une médecine plus avancée”, a indiqué Delahaye. Et d’ajouter: “L’accumulati­on d’énormes quantités de données personnell­es laisse la porte grande ouverte à des dépassemen­ts qui peuvent menacer le droit à la vie privée”. Les implicatio­ns sur la société humaine ne s’arrêtent certaineme­nt pas là ! D’après Delahaye, l’intelligen­ce artificiel­le risque de donner naissance à un nouvel ordre social où les plus défavorisé­s n’auront pas accès aux services des machines pensantes. Si ce gap se matérialis­e, prédit le professeur, il ne peut que s’élargir au fil du temps. Pour y pallier, l’expert espère que des réglementa­tions seraient mises en place afin d’assurer une distributi­on uniforme des bienfaits de L’AI.

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On reconnaît: Izhar Mahjoub, Anis Sahbani et Farouk Kamoun

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