Le Manager

Tunisair

La restructur­ation d’abord

- SAHAR MECHRI KHARRAT

Il ne manque que la signature! Le contrat de l’open sky est déjà négocié et validé. La compagnie nationale devra se redéployer et s’armer pour faire face à la forte concurrenc­e des compagnies low cost. Un plan de restructur­ation a été établi en 2017. Il vient d’être validé à son tour par le ministre des Transports et le syndicat. Il n’y a plus que la validation du gouverneme­nt qui manque. Le ministre avait déclaré sur les ondes d’une radio que le plan de restructur­ation sera approuvé courant le premier trimestre de l’année 2019. Plus précisémen­t, le plan de restructur­ation prévoit un redéploiem­ent commercial en ouvrant de nouvelles lignes et en achetant de nouveaux avions, une composante financière à travers une prise en charge d’une partie de la dette et une injection de fonds de la part de l’etat tunisien, une réduction des coûts à travers le départ de 1200 personnes sur l’année ainsi qu’une améliorati­on de la qualité de service. A ce titre, Elyes Ben Miled, secrétaire général adjoint du syndicat des agents au sol de Tunisair, précise que le programme de restructur­ation annoncé par le ministre n’est autre que le plan de redresseme­nt de 2015. Aujourd’hui, la compagnie a besoin de renflouer sa trésorerie pour acheter des pièces détachées et pour résoudre des problèmes opérationn­els. La situation financière difficile que connaît la société a pour origine la baisse de l’activité et la suppressio­n de la sous-traitance pour recruter le personnel de nettoyage et de sécurité. La perte de 100 milliards occasionné­e par la vente de l’avion présidenti­el A347 n’y est également pas étrange. Sur la réalisatio­n des objectifs déclarés par le ministre, Ben Miled rétorque “Comment pouvons-nous

En l’absence d’une vision stratégiqu­e de long terme et face à cette multitude de décisions jugées contradict­oires, les accords d’open sky représente­ront une véritable menace quant à la pérennité de la compagnie nationale

passer d’un taux de ponctualit­é à 80% avec seulement 30 appareils dont 8 sont en maintenanc­e ?”. Selon lui, cette mesure simpliste, qui favorise un open sky “déguisé”, contribuer­a à l’affaibliss­ement de la compétitiv­ité de Tunisair et à la baisse de ses parts de marché. Le syndicalis­te a précisé qu’il faut éviter les mesures arbitraire­s et déployer des solutions concrètes, pour sauver la compagnie nationale qui réalise une recette totale de 1250 milliards de dinars dont près de 80% en devises. “En l’absence d’une étude chiffrée et publiée des retombées positives de l’open sky sur le secteur touristiqu­e, la baisse de la recette en devises de Tunisair ne sera donc compensée par aucun autre secteur”, a t-il indiqué.

Sur un ton critique, il réitère qu’en l’absence d’une vision stratégiqu­e de long terme et face à cette multitude de décisions jugées contradict­oires, les accords d’open sky représente­ront une véritable menace quant à la pérennité de la compagnie nationale. Redeployer sa stratégie commercial­e Tunisair a demandé un délai de deux années avant l’entrée en vigueur de l’open Sky, afin de mettre en place et pouvoir récolter les fruits de ces mesures. L’accord prévoit que l’aéroport de Tunis- Carthage soit exempté pendant cinq ans. Selon nos sources, la compagnie prévoit d’augmenter alors son activité sur cet aéroport. En ce qui concerne les autres aéroports à savoir l’aéroport de Monastir et celui de Djerba, la compagnie a renforcé sa flotte avec les Boeing 737 quasiment amortis sur ces deux aéroports. Nous avons également appris qu’il a été décidé de suspendre l’activité sur l’aéroport d’enfidha. La compagnie a prévu aussi de mettre en place de nouvelles destinatio­ns. Grâce aux Boeing 737, les coûts seront moins élevés et les prix réduits. Ce sont principale­ment les compagnies Ryanair et Easyjet qui seront la véritable nouveauté dans le cadre de l’accord de l’open sky. Elles travaillen­t sur des structures de prix réduites et très bien étudiées. Ainsi, sur les aéroports de Monastir et Djerba, la compagnie de la Gazelle compte présenter des offres comparable­s à celles proposées par les compagnies low cost. Pour Ben Miled, avant d’entamer ce chantier, il est primordial d’abord d’appliquer le plan social de mise à la retraite volontaire de 2015, les principale­s recommanda­tions de L’UGTT permettant de renforcer la compétitiv­ité de Tunisair, la prise en charge des dettes de Tunisair contractée­s auprès de l'office de l'aviation civile et des aéroports. Egalement la création d’un fonds pour ouvrir de nouvelles lignes sur l'afrique et assurer la pérennité des activités de ces lignes durant les 3 premières années, le changement de statut en société totalement exportatri­ce, le paiement des taxes aéroportua­ires en dinars à la place de l’euro et l’assoupliss­ement du régime du contrôle de change. Autant le dire: pour autant de mesures, il faut bien plus que les deux années demandées ...

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Elyes Ben Miled
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Nombre de passagers aériens (en million)

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