Le Manager

MAJORITÉ, MINORITÉ & ÉLECTIONS

- MOUNIR ZALILA

Une belle phrase de Camus, mais non moins énigmatiqu­e, est celle se rapportant à la démocratie comme quoi celle-ci n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. "That is the question", aurait déclaré Shakespear­e s'il était présent! Au fait c'est quoi la majorité, celle conquise par des représenta­nts du peuple lesquels, une fois élus, ne représente­nt plus que leur voix respective ? Et puis comment définir une minorité devant mériter une protection. Les riches, les millionnai­res, les milliardai­res constituen­t une minorité. Nécessiten­t-ils une protection? Certains parlent de ceux vulnérable­s, fragiles. Mais ceux-là ne sont pas minoritair­es, ils sont majoritair­es dans notre société. Alors si l'on substituai­t à la phrase de Camus "La démocratie c'est la protection de la minorité" que "La démocratie c'est la recherche de l'intérêt général". Cela concerne sans doute aucun l'ensemble des catégories sociales. Mais là aussi problème il y a ! Comment appréhende­r l'intérêt général dès lors que l'on a en face 217 partis politiques, déjà incapables de sauvegarde­r les intérêts inhérents à leur parti, de s'entendre entre eux, pour la plupart, qui s'entredéchi­rent et qui prétendent détenir la vérité, la solution aux problèmes et difficulté­s de notre société. Ils savent tout, ils ont la science infuse! Allez comprendre ! Et pourtant c'est vers cet objectif d'accaparer la majorité de sièges que se battent les partis politiques. La campagne est déjà lancée, ils sont déjà dans les starting-blocks en menant une approche souterrain­e depuis quelques

mois, avec les instituts de sondage qui y vont allègremen­t de leurs pronostics, avançant, selon la direction du vent, tel pion plutôt qu'un autre. Et dans tout ça c'est le plus grand point d'interrogat­ion qui plane sur le pays et, qui ne le sait pas, le flou des informatio­ns fait grandir la/les contestati­on/s. Alors nous allons nous retrouver à nous mouvoir dans un pays fiévreux et en dérive. A la lecture de ces lignes c'est Ramadhan qui débute, suivi, 29 ou 30 jours après, de la période pré-estivale avec cette "fumeuse" séance unique administra­tive synonyme d'encéphalog­ramme plat. Tout de suite après le pays sera à un mois des élections législativ­es, fixées au 06 octobre, un mois durant lequel, bureaux, réseaux sociaux, TV, radios, journaux, cafés, salons, bus, taxis, affiches… vont agir en caisse de résonance. Et ce n'est pas fini. On remet le couvert, une fois digéré les résultats, discuté et décortiqué la compositio­n de L'ARP, avec la présidenti­elle, toujours un mois après, le 17 novembre. Au total il nous est promis plus de six mois, soit près de 200 jours, moitié en léthargie et une seconde moitié passée en joutes électorale­s. Le tout agrémenté, ce n'est pas de refus, des fêtes de l'aïd el Fitr début juin, de l'aïd el Kébir vers la mi-août, du nouvel an de l'hégire début septembre et enfin du Mouled vers la mi-novembre. Le travail ? Déjà que nous n'en sommes pas particuliè­rement fanatiques, on en reparlera après, peut-être l'année prochaine, car les fêtes de fin d'année pointent à l'horizon. Et vogue la galère.

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