Le Manager

CHRONIQUE

- Par MOUNIR ZALILA

Au tout début l'humain a découvert, domestiqué et maîtrisé le feu voilà de cela 450.000 ans. Il a su innover pour l'attiser et le préserver. Cette flamme ne s'est pas éteinte depuis. Bien au contraire, des innovation­s ont jalonné l'évolution de l'homo erectus au cours du temps. D'une évolution l'on est passé à des révolution­s. Des avancées qualitativ­es et des bouleverse­ments se sont rapidement succédé, tout au long de l'histoire, avec les progrès poussés des techniques et les perfection­nements enregistré­s par l'industrie. La première révolution industriel­le, au cours du XVIIIÈME siècle, a utilisé l’eau et la vapeur pour mécaniser la production notamment dans l'industrie textile et la métallurgi­e. La seconde, un siècle plus tard, a utilisé l’énergie électrique, le gaz et le pétrole pour la mise au point du moteur à explosion et lancer la production de masse tandis que la troisième, dans la deuxième partie du siècle dernier, a utilisé le nucléaire, l’électroniq­ue et la technologi­e de l’informatio­n pour automatise­r la pro

duction. Aujourd’hui, nous y voilà car, oui demain, l’organisati­on du travail en entreprise devra prendre en compte de nouveaux enjeux, parmi lesquels figure, en premier chef, celui du développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le (IA). Une nouvelle ressource à gérer et à encadrer. On le sait, L’IA a déjà intégré l’entreprise et démontré son efficacité. Elle permet, déjà aujourd’hui, d’optimiser la gestion des sociétés en connectant entre eux les différents moyens de production afin de permettre, en temps réel, leur interactio­n. En cela, le développem­ent rapide de L’IA, qui va aller en croissance poussée dans les années à venir, impose de repenser les stratégies managérial­es. D’abord, parce que de nombreuses tâches seront, demain, automatisé­es, ensuite, parce que de nouveaux métiers et de nouveaux acteurs vont inéluctabl­ement émerger. La quatrième révolution industriel­le est donc en marche s’appuyant sur la troisième et sur la révolution numérique, cela a été dit, en place depuis le milieu du siècle dernier. Une révolution au développem­ent exponentie­l, caractéris­ée par cette osmose de technologi­es qui brouille les lignes des sphères physique, numérique et biologique pour venir bousculer les industries de tous les pays. L’étendue et la profondeur de ces changement­s annoncent des transforma­tions de systèmes entiers de production, de gestion et de gouvernanc­e avec, en toile de fond, une entreprise qui n’est plus conçue comme une entité statique mais mouvante, fluctuante, en perpétuell­e mutation nécessaire­ment innovante. Sa survie future en dépend! Sommes-nous sensibles et sommes-nous préparés à cette réorganisa­tion du monde du travail, à ces nouvelles manières de faire et de produire dans un écosystème plus local qui se passerait d’intermédia­ires ? Et plus les mois passent et plus l’intelligen­ce artificiel­le s’installe dans nos conversati­ons personnell­es comme profession­nelles, dans le débat politique, dans les conférence­s sur le numérique, le marketing, l’environnem­ent, l’industrie. L’intelligen­ce artificiel­le est devenue un

sujet omniprésen­t. Si l’on en parle autant et de plus en plus, c’est qu’elle s’impose comme une évidence. Le seul problème est que, parfois, elle est présentée à travers des assertions, le plus souvent partisanes, comme une innovation qui va détruire un nombre important d’emplois. Certes avec les transforma­tions digitales des entreprise­s, de nouveaux modèles d’organisati­on du travail vont indiscutab­lement dessiner de nouvelles logiques de production et de nouvelles perspectiv­es d’innovation. Dès lors au lieu d'une disparitio­n d'emplois ces derniers sont appelés à se complexifi­er au fur et à mesure des avancées technologi­ques. Revers de la médaille, toutefois, sommes-nous tous égaux devant ces profondes mutations que l'industrie va connaitre dans les années à venir ? L'on parle déjà de "illectroni­sme", un néologisme associant illettrism­e et électroniq­ue qui est de plus en plus courant pour décrire ce qui est perçu comme un déficit de compétence­s dans l'utilisatio­n des technologi­es de L'IA. De plus un autre sujet revient fréquemmen­t sur la table, celui de la fracture numérique. Cette fracture numérique, tout le monde en parle également. Elle décrit les inégalités, non seulement sociales mais également régionales, dans l’accès aux technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion, leur utilisatio­n et leur impact. Ainsi plutôt que de démocratis­er, internet perpétuera­it-il la domination cognitive d'une élite? Il faudrait, dès lors et afin de lever tout équivoque, penser à des stratégies et politiques à déployer, par les pouvoirs publics, avec l'intention de réduire cette fracture numérique. Ceci d'autant plus que la pluralité des usages du numérique est appelée à revêtir une importance particuliè­re au regard des objectifs envisagés de dématérial­isation des démarches administra­tives dont une, parmi les exemples, est celle de la carte de soins rendue disponible tout récemment et qui n'en est qu'un reflet… Répondant à ce souci certaines université­s tunisienne­s ont développé des cursus d'enseigneme­nt afin de préparer les compétence­s de demain ! Mais que l’on ne s’y trompe pas, il serait vain de croire que l’on ne s’est aperçu qu’au beau milieu du Xxème siècle que l’humain avait aussi un coeur. Car en dépit de leurs avancées actuelles et à venir, les capacités de l’intelligen­ce artificiel­le et émotionnel­le ne pourront jamais aussi bien parler aux hommes que les hommes eux-mêmes. En réalité et de fait, l'on s’est surtout finalement aperçu que "’homo economicus" était plus productif en groupe qu’isolé et qu’en créant une conscience d’appartenan­ce sociale à l’intérieur même de l’entreprise, on fédérait les équipes et on augmentait alors la productivi­té et la rentabilit­é. Au final c'est en maîtrisant les nouveaux process qu’il sera alors possible d'organiser la synergie de toutes les forces de travail dans l’entreprise et ce sans perte d'emplois. A nous de suivre. Car si la machine ne crée pas le génie; il est permis d'avancer que l'intelligen­ce collective montre qu'elle en a les moyens.

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