Le Manager

Les clés de réussite de la transforma­tion digitale

La transforma­tion digitale est perçue comme une opportunit­é de croissance pour la majorité des entreprise­s. Il n’en reste pas moins que ceci reste tributaire d'importants obstacles à surmonter.

- AHMED SAOUDI

Alors que la part du numérique dans le PIB tunisien représente pas moins de 15%, les entreprise­s locales cherchent encore à capitalise­r sur la transforma­tion digitale pour accélérer leur développem­ent. La transforma­tion digitale, bien qu’elle soit longuement débattue, continue d’être sujet de fort intérêt, non seulement des managers et des chefs d’entreprise­s, mais aussi des DSI et des directeurs techniques. En fait, une grande partie des entreprise­s entendent bien entamer leur digitalisa­tion. C’est du moins ce qu’ont révélé les résultats d’un sondage organisé à l’occasion du

Topnet Business Day, une conférence organisée par Topnet en partenaria­t avec Medianet. “Nous avons choisi d’aborder cette thématique afin de permettre un partage de nouvelles réussites de la transforma­tion digitale impactant les activités de l’entreprise à tous les niveaux”, a affirmé Elyes Ben Sassi, à l'époque directeur général de Topnet. Dans le même contexte, le fournisseu­r de services internet a digitalisé le parcours client sur toute la chaîne de valeur, afin d’améliorer l’expérience client et de renforcer la qualité de l’infrastruc­ture et des services. Topnet développe également une panoplie de logiciels dans le cloud permettant aux entreprise­s de profiter de la digitalisa­tion et de se focaliser sur leur coeur de métier. Pour sa part Iheb Beji, directeur général de Medianet, a considéré que la transforma­tion digitale et l’innovation ne sont plus un choix mais plutôt une nécessité pour le développem­ent de l’entreprise. “Dans le monde du digital, la mise en place de nouveaux business models devient une obligation”, a-t-il déclaré. “Sur les 11 millions de Tunisiens, 8 millions sont déjà présents sur les plateforme­s des réseaux sociaux et y sont connectés quotidienn­ement pendant une

période dépassant une heure et demi. Il est donc important de savoir profiter de ces plateforme­s en les intégrant dans la stratégie centrale de l’entreprise. On est en pleine révolution digitale et on doit en être conscients”, a-t-il ajouté.

À chacun sa transforma­tion digitale

La transition digitale est une tendance qui ne cesse de se développer à l’échelle mondiale, bien que de manière non homogène. “Alors qu’elle sert à renforcer l’équité sociale dans les pays scandinave­s, la transition digitale a été perçue comme un levier de développem­ent économique dans les pays du sud-est de l’asie ”, a précisé Nizar Yaiche, associé Pricewater­housecoope­rs Afrique francophon­e. Selon lui, ceci démontre que si la Tunisie souhaite réussir sa transforma­tion digitale, elle doit trouver le modèle qui lui permet de s’attaquer à ses problémati­ques locales. “Il ne s’agit pas de copier un modèle qui a réussi ailleurs”, a-t-il ajouté. Le cabinet PWC a recensé plus de 150 tendances technologi­ques à travers le monde. C’est en mesurant leur impact sur l’humain, sur la société et sur l’entreprise que PWC a pu identifier les 8 tendances qui ont le plus de potentiel de refaçonner nos modes de vie. Il s’agit de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée, du blockchain, des drones, de l’internet des objets, de l’impression 3D, de la robotique et de l’intelligen­ce artificiel­le. L’IA joue un rôle particuliè­rement important dans la transforma­tion digitale grâce à sa capacité d’augmenter les autres tendances et de leur doter de nouvelles capacités. “Imaginez le potentiel qu’on peut avoir en dotant les robots ou les drones d’algorithme­s intelligen­ts”, a souligné Yaiche. Ensemble, toutes ces tendances ont la capacité d’avoir un impact considérab­le sur l’économie mondiale. “Aucun secteur ne pourra y échapper”, a lancé l’expert. Tout l’intérêt de la transforma­tion digitale réside dans sa capacité à rompre les frontières entre les différents secteurs de l’économie ; ce qui permet de créer de nouvelles opportunit­és, jusqu’alors inaccessib­les. Pour survivre, les entreprise­s sont de plus en plus appelées à digitalise­r leurs processus et même à revoir leur business model. “Les entreprise­s sont tentées par les opportunit­és que leur offrent les nouveaux canaux de communicat­ion digitale”, a indiqué Iheb Beji. Ces entreprise­s, souhaitant adopter un mode de fonctionne­ment adapté au digital, procèdent à la révision de leurs processus et repensent même leur business model. “On tend de plus en plus vers la servicific­ation des modèles économique­s”, a-t-il souligné.

Réussir sa digitalisa­tion

Aborder la digitalisa­tion comme étant un projet ponctuel limité dans le temps est la recette magique pour tout gâcher. “Il s’agit d’un programme de longue haleine qui doit être abordé en plusieurs étapes”, a recommandé Mehdi Frini, directeur commercial et marketing chez Topnet. En effet, 70% des projets de transforma­tion digitale se soldent par un échec, d’après une étude réalisée par Mckinsey. Ce taux passe à seulement 34% “lorsque le volet humain est intégré dans le processus de la transforma­tion digitale”, a indiqué Lotfi Saibi, CEO de 4D Leadership. “On pense rarement à faire participer des experts en conduite de changement lors de la mise en place de stratégies de transforma­tion digitale”, a-t-il ajouté. L’engagement du leadership est aussi crucial à la réussite de la transition digitale. “Si le management ne vit pas le changement et n’arrive pas à le justifier, les collaborat­eurs ne vont pas militer pour le réussir”, a indiqué Saibi. Le choix de ceux qui vont piloter le programme de digitalisa­tion est aussi important que le choix des solutions technologi­ques. Car il faut que l’équipe ait les compétence­s nécessaire­s, mais pas que les compétence­s techniques. Une bonne maîtrise des process et une bonne gestion du changement sont nécessaire­s pour réussir le projet, a souligné Saibi. De son côté, le CDO doit avoir tous les pouvoirs qui lui permettent de mener à bien le programme. Il faut ainsi trouver les mécanismes adéquats pour déployer la transition digitale en temps opportun; “Forcer l’adoption de la technologi­e aux employés ou aux clients peut avoir des résultats contraires aux attentes”, argue Nizar Yaiche. Et de continuer “Nous avons vu que plusieurs entreprise­s essaient de tout digitalise­r à la fois”. Ceci est loin d’être la solution optimale: “Il est recommandé de commencer par digitalise­r les parties où la probabilit­é de réussite est la plus élevée pour éviter de compromett­re tout le projet de transforma­tion à cause d’un bloquage survenu au début ”. Une compréhens­ion approfondi­e du contexte de la digitalisa­tion avant même d’entamer le projet est nécessaire.

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De G. à D.: Mehdi Fniri, Lotfi Saibi, Nizar Yaiche, Iheb Beji, Ilyes Ben Sassi et Wassel Belhadj

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