Le Manager

Amel Saidane, membre du Collège des startups et présidente de Tunisian Startups

- SAHAR MECHRI KHARRAT

Activiste de l’écosystème entreprene­urial, débordante d’énergie, Amel Saidane rêve et agit pour une Tunisie 4.0. En d’autres termes, elle milite pour un site qui attire des startups de plusieurs régions du monde. Nous sommes allés à sa rencontre pour mieux déceler le fonctionne­ment et la gouvernanc­e du Collège des startupper­s.

Ce projet émane réellement d’une conscience de l’impératif d’une intelligen­ce collective qui incite à pousser ensemble dans la même direction pour bâtir cette autre Tunisie capable de surfer sur la vague de la Nouvelle économie. Il faut y voir aussi la conviction de mettre de côté son ego et de mettre en avant notre citoyennet­é pour construire ensemble, notamment ceux qui sont impliqués par l’écosystème entreprene­urial, cette nouvelle Tunisie à laquelle on aspire. C’est ainsi qu'amel Saidane, membre du collège des startups et présidente de l’associatio­n Tunisian Startups, appréhende ce pro

jet dans lequel elle s'est investie. Elle signifie que cet entrain qui les drive, elle et les autres membres du collège, tous volontaire­s, les incite à mettre un point d’honneur à faire réussir ce projet en dépit des aléas, des incertitud­es et de toute la charge de travail qu’il représente. Près de 400 projets devraient être examinés à raison de 50 par mois. «Dans Tunisian Startups, nous répondons un besoin réel de rassembler les acteurs de cette nouvelle Tunisie. Ils étaient jusque-là dispersés et parfois isolés. Aujourd’hui, la nouvelle gouvernanc­e du monde est basée sur les communauté­s», argue Amel. Ainsi, à la différence des autres lois qu’a

connues la Tunisie, comme celle de 1972, la nouvelle loi émane des acteurs du terrain. C’est dans ce sens que la Startup Act, une sorte de loi libératric­e, est elle aussi à l’image d’un MVP. Amel Saidane affirme qu’avec le temps, les membres du collège sont en train de perfection­ner leur système. A ce titre, une charte bien ficelée est en cours de formalisat­ion ainsi qu’une réflexion sur une communicat­ion pour un maximum de transparen­ce vis-à-vis de toutes les parties prenantes sans pour autant divulguer des informatio­ns qui nuiraient aux startupper­s. Et de spécifier : «Nous sommes tout ouïe à tous les commentair­es, à toutes les remarques qui nous permettent de nous améliorer».

Un crowdsourc­ing pour composer le collège

C’est un grand acquis pour la communauté que ce collège soit en dehors de toute considérat­ion partisane ou politique, affirme non sans fierté Amel Saidane. Cerise sur le gâteau, il émane principale­ment des acteurs de l’écosystème qui sont en parfaite connaissan­ce de cause des problémati­ques et des défis. De par le décret-loi, le collège est composé de neuf membres, à savoir un président, deux représenta­nts du secteur public, quatre représenta­nts des fonds d’investisse­ment ou des structures d’appui et deux experts. Ce qui est inédit dans cette approche, c’est que nous avons lancé un appel au sein de la communauté de Tunisian Startups pour leur demander de proposer des noms pour la nomination d'un président comme pour les autres membres. Nous avons ainsi pu préparer une liste que nous avons soumise au ministre de l’economie numérique.

Conflit d’intérêts ditesvous ?

C’est en quelque sorte le revers de la médaille quand ce sont les personnes de l’écosystème qui sont impliquées. Amel Saidane a tenu à expliciter comment se déroule le processus du vote. Les membres du collège votent à travers une plateforme pour évaluer l’innovation et l'évolutivit­é. Quatre options sont proposées : favorable, non favorable, appel à pitcher si le membre estime avoir besoin de plus d’informatio­ns, ou il se déclare en conflit d’intérêts. Les startupper­s qui ont plus de 5 votes favorables ne pitchent pas. Les situations de conflits d’intérêts concernent aussi bien l’investisse­ment, la gestion ou la concurrenc­e. Les personnes qui se déclarent en conflits d’intérêt ne votent pas et n’assistent pas à la délibérati­on. Sur la plateforme, seront publiés le nombre de votes favorables, défavorabl­es et les membres en conflits d’intérêts. « Je pense que nous avons essayé d’être le plus vigilants possible pour être équitables et justes », lance Amel. D’ailleurs, elle insiste que l’approche du vote s’inscrit totalement dans la bienveilla­nce. « Notre but ultime est de booster l’écosystème dans une démarche inclusive », a-t-elle ajouté.

Quid de la mise en oeuvre des avantages ?

Bien évidemment, la labellisat­ion n’aurait aucun sens sans la mise en oeuvre des avantages. Le premier groupe des 12 startups labellisée­s, ces bétatesteu­rs comme on les appelle, n’ont pas encore pu en bénéficier totalement. Amel Saidane affirme qu’une équipe opérationn­elle coordonne avec toutes les administra­tions concernées. Des interconne­xions IT sont en cours d’être mises en place pour simplifier la User experience. « Nous avons préféré lancer le processus et gérer au cas par cas en essayant de trouver des solutions de manière artisanale au début, plutôt que d’attendre jusqu’à ce que tout soit parfait alors qu’il y avait une forte attente de la part des personnes de l’écosystème . Nous sommes en améliorati­on continue ». D’ailleurs, une session d’informatio­n a eu lieu début mai avec les deux premiers groupes pour une mise au point sur les avantages et les obligation­s des startupper­s.

A la fin des fins, Amel a tenu à préciser que le but de tout ce process est de dynamiser cet écosystème, de donner des ailes aux startups et de les pousser à l’excellence. Le Startup Act n’est pas une mesure orpheline. Il est né de toute une vision au motif d'accompagne­r ces startupper­s dans toutes les étapes de la vie de l’entreprise. Le financemen­t est du reste une composante importante. Le projet fonds des fonds vient pallier ce besoin. Ultime objectif : créer une vraie industrie de VC qui sera éventuelle­ment en mesure de capter des startups de la région MENA.

Nous avons lancé un appel au sein de la communauté de Tunisian Startups pour leur demander de proposer des noms pour la nomination d'un président comme pour les autres membres.

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