Le Manager

Startup Act Où en est le l'implémenta­tion ?

- AHMED SAOUDI

Le 5 avril dernier, 12 jeunes entreprise­s tunisienne­s ont reçu le Label Startup, la pierre angulaire du Startup Act. Cette première promotion a marqué le coup d’envoi de la mise en oeuvre de la loi. Elle a servi de premier échantillo­n pour permettre d’assurer la préparatio­n de l’ensemble des éléments composant le processus de sélection.

L’ensemble des entreprene­urs que nous avons contacté pour la rédaction de cet article ont manifesté leur satisfacti­on quant au processus de labellisat­ion. Celui-ci s’est entièremen­t déroulé par le biais de startupact.tn, le portail dédié aux startups. “Le tout s'est fait sans papier, et le back-office a été très réactif et précis dans ses réponses et éclairciss­ements”, a indiqué au Manager Hedi Zaher, co-fondateur et CEO de Datavora. Cette date marque ainsi un milestone important, non seulement pour les 12 entreprise­s de cette première promotion, mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème entreprene­urial de la Tunisie. Le rêve est enfin une réalité … ou presque ! Car même si les entreprise­s ont toutes reçu le document attestant de leur “startupian­nité”, un flou procédural règne encore : “Nous ne savons pas encore à qui nous adresser pour profiter des avantages qui nous ont été accordés”, nous a confié Moez Lachneb, fondateur et CEO de Nextgen. À vrai dire, les startups n’ont pas à s’adresser à qui que ce soit. “Toutes les procédures administra­tives devraient être accessible­s à travers le portail des startups”, nous a affirmé un haut cadre au ministère des TIC, préférant garder l’anonymat. “Malheureus­ement, cette partie est encore en phase de mise en place de concert avec les différente­s administra­tions concernées”, nous a-t-il indiqué. Le responsabl­e n’a pas voulu s’engager sur une date de disponibil­ité tout en assurant que les équipes en charge de ce projet font de leur mieux pour qu'il soit prêt dans les plus brefs délais. Entre temps, les startuppeu­rs ont tenté d’user des avantages qui leur ont été accordés par la loi, mais tous n'ont pas été servi par la chance de la même manière. Certains ont réussi à ouvrir leur compte en devise, d’autres ont vu leur demande

refusée sous prétexte que le système d’informatio­n n’était pas encore prêt. Même au sein d’une même administra­tion, les réponses variaient considérab­lement. A la CNSS, par exemple, certains n’ont pas pu profiter de l'exonératio­n des charges salariales et patronales. Toutefois, Ahmed Cheikhrouh­ou, co-fondateur de Polysmart, a indiqué qu’il a eu suite positive à sa demande. “Ma patience et ma maîtrise du jargon administra­tif grâce à ma formation d’avocat m’ont largement aidé”, a-t-il affirmé au Manager. Contactée par nos soins, l’administra­tion de la CNSS nous a assuré que les procédures sont en cours d’implémenta­tion, sans pour autant vouloir préciser l’état d’avancement du projet.

Opérateur agréé : largement plébiscité

Pour certaines startups, notamment celles disposant d’un important volet hardware, l'octroi du statut d’opérateur économique agréé par la douane représente un avantage de taille qui leur permettra de gagner considérab­lement en temps et en argent. Cependant, l’octroi de ce titre n’est pas automatiqu­e, même pour les startups labellisée­s, comme nous a expliqué le Commandant Kais Ben Zaied, Directeur de la Cellule Opérateur Economique Agréé à la Douane. “Nous devons étudier le dossier de chaque startup pour s’assurer de sa conformité aux règles en vigueur”, a-t-il indiqué. Ces règles, conforméme­nt au Décret gouverneme­ntal n° 2018-612 du 17 juillet 2018, concernent principale­ment la régularité de la situation fiscale, sociale, et financière de l’entreprise—ce qui est d’office le cas pour toute entreprise labellisée. Les 12 startups fraîchemen­t labellisée­s devront donc attendre l’accord de la douane pour pouvoir profiter du statut d’opérateur économique agréé. La bonne nouvelle est que pour les prochaines promotions, l’étude des dossiers à la douane se fera dès le dépôt de la candidatur­e de l’entreprise au Collège des Startups, nous a assuré Commandant Ben Zaied. “Les deux procédures iront en parallèle pour gagner davantage de temps”, a-t-il indiqué. Et d’ajouter : “Ces dossiers seront traités en toute priorité pour assurer que la livraison du statut se fait en même temps que la labellisat­ion”. En ce qui concerne l’accès aux services douaniers sur le portail des startups, notre interlocut­eur avait affirmé que la Cellule Opérateur Economique Agréé oeuvre avec acharnemen­t pour que le système soit mis en place dans les plus brefs délais. Afin de permettre aux startups de tirer pleinement profit des avantages qui leur ont été accordés, le ministère des TIC a décidé d’organiser un workshop au profit des jeunes entreprene­urs.

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Le Commandant Kais Ben Zaied

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