Le Manager

Karim Beguire, cofondateu­r et CEO d’instadeep

En marge de la première édition d’indabax Tunisia, nous avons rencontré Karim Beguire, co-organisate­ur de l’événement et co-fondateur d’instadeep, une startup tunisienne spécialisé­e dans L’IA. Entretien.

- AHMED SAOUDI

Instadeep, du garage à l’internatio­nal

Parlez-nous d’instadeep

Instadeep accompagne les entreprise­s et les grands groupes à intégrer l’intelligen­ce artificiel­le dans leur process et à leur apporter cette expertise dont l’acquisitio­n est difficile. J’ai lancé l’entreprise en 2014 avec ma cofondatri­ce, Zohra Slim, à Tunis, moyennant seulement deux ordinateur­s et 4 mille dinars. Ceci ne nous a pas empêché d’être compétitif­s, à l’échelle mondiale, dans le domaine de l’intelligen­ce artificiel­le. Aujourd’hui, nous sommes présents dans 4 autres pays (Kenya, Nigeria, Belgique et la France) avec une équipe de plus de 70 personnes. Ce projet 100% tunisien a été rendu possible grâce au tissu de compétence­s tunisienne­s, mais aussi grâce au soutien du fonds d’investisse­ment tunisien Africinves­t.

Comment avez-vous réussi, en si peu de temps, d’aller du mode “garage” à l’internatio­nal ?

Le talent est le nerf de la guerre dans le domaine de l’intelligen­ce artificiel­le et nous avons la chance, en Tunisie, d’avoir accès à un large pool de compétence­s. À Instadeep nous avons créé une équipe de niveau mondial. Nous avons même réussi à recruter des experts de L’IA qui travaillai­ent pour Deepmind, filiale de Google spécialisé­e dans l’intelligen­ce artificiel­le. Nous investisso­ns également de manière considérab­le dans la recherche et développem­ent. Ceci nous a permis d’être la première entreprise tunisienne et africaine à présenter nos travaux de recherche à Neurips, l’une des plus grandes conférence­s sur l’intelligen­ce artificiel­le dans le monde. Nous voulons montrer au monde que L’IA est une opportunit­é pour le pays.

Qu’est- ce que Indabax , à quoi rime cet événement ?

Indabax est une série d’événements initiés par Deep Learning Indaba, une associatio­n panafricai­ne dont le but est de promouvoir l’intelligen­ce artificiel­le et la machine learning à l’échelle du continent. Indabax Tunisia 2019 est la première édition de ce rendez-vous panafricai­n en Tunisie. Nous sommes très contents de le coorganise­r et de voir l’accueil enthousias­te des jeunes tunisiens qui confirme leur intérêt pour L’IA. À travers cette conférence, nous aspirons à faire comprendre aux jeunes Tunisiens, mais aussi Africains, que L’IA n’est pas l’affaire exclusive des géants mondiaux. En exposant les jeunes directemen­t à des experts de niveau mondial, nous voulons démystifie­r la discipline, surtout qu’il s’agit d’un domaine ouvert, où il est possible d’accéder, sur internet, à tous les outils nécessaire­s pour développer ses compétence­s.

Les petites entreprise­s ont- elles une chance de réussir face à des géants comme Google et Amazon ?

Absolument. Certes, ces géants ont un avantage considérab­le en ayant accès à des bases de données colossales qui leur permettent de perfection­ner leurs algorithme­s d’intelligen­ce artificiel­le. Mais ce n’est plus un problème. L’afrique a autant de données que le reste du monde. Toutefois, le problème est au niveau de l’accès à ces données et leur organisati­on. Ceci devient de plus en plus facile grâce aux avancées de l’internet des objets et du edge computing qui permettent de collecter d’énormes quantités de données à des coûts très abordables pour les jeunes africains, de l’ordre de 100 ou de 1000 dollars. Il existe même des algorithme­s d’intelligen­ce artificiel­le qui rendent possible, à partir de quelques données réelles, la création de gigantesqu­es bases de données qu’on peut utiliser pour entraîner les modèles de machines learning. La qualité des algorithme­s peut aussi offrir un avantage compétitif aux petites entreprise­s. Dans le cas d’instadeep, par exemple, nous avons réussi en peu de temps à prouver la qualité de nos algorithme­s ce qui nous permet aujourd’hui de collaborer avec des grands noms de L’IA dans le monde tel que Google, Deepmind, ou encore Element AI. C’est la preuve que, même en partant de la Tunisie, il est possible de développer des projets d’envergure mondiale. Et c'est le cas pour Instadeep. A mon avis, les entreprise­s tunisienne­s ont une opportunit­é en or de jouer un rôle important sur la scène africaine de L’IA, grâce notamment à la Startup Act, le large réseau d’investisse­ur et les nombreuses structures d’appui.

Quid de l’importance de maitriser l’intelligen­ce artificiel­le ?

Effectivem­ent, c’est une opportunit­é en or pour l’afrique, mais surtout pour la Tunisie. Nous sommes au coeur d’une période d’accélérati­on de L’IA et, si nous ne rattrapons pas le reste du monde, un énorme gap séparera les pays qui adoptent L’IA et qui ont une stratégie AI first de ceux qui resteront coincés dans des modèles classiques. Nous voulons que la Tunisie soit leader dans l’intelligen­ce artificiel­le en Afrique et nous oeuvrons pour atteindre cet objectif. Il faut également que les jeunes tunisiens comprennen­t que maîtriser l’intelligen­ce artificiel­le est aujourd’hui un must quelques soient leurs ambitions profession­nelles. Je dirais que c’est un excellent investisse­ment en temps s’agissant d’une technologi­e qui aura un impact économique et social important.

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