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ABEF 2019 L’économie bleue Un océan de nouvelles opportunit­és

- AHMED SAOUDI

Bien qu’on associe généraleme­nt l’afrique à la sécheresse et aux zones arides, le continent est riche en ressources maritimes. La mer contribue à la sécurité alimentair­e et nutritionn­elle de plus de 200 millions d’africains et procure des revenus à plus de 10 millions de personnes. En outre, l’industrie maritime africaine est estimée à environ 1 milliard de dollars par an et 90% des échanges commerciau­x des pays africains transitent par la mer. Et pourtant, l’afrique n’est pas en train de protéger comme il se doit ses ressources maritimes, a noté Leila Ben Hassen, directrice générale de L'ABEF. Les 2 millions de tonnes de déchets jetés dans l’océan chaque année en est, selon l’experte, la preuve. “Paradoxale­ment, ce sont parfois les secteurs qui profitent le plus de la mer qui sont parmi les plus grands pollueurs”, a indiqué Ben Hassen. Le tourisme, notamment de croisière, la pêche et l’extraction offshore du pétrole et du gaz en sont de parfaits exemples. La sensibilis­ation quant à l’importance de protéger les ressources maritimes et les opportunit­és que ces dernières offrent font donc partie des principaux objectifs du forum sur l’économie bleue. “Lors de la préparatio­n de la première édition à Londres, nous avons constaté que le concept de l’économie bleue était mal compris voire méconnu”, a reconnu Ben Hassen. “Il s’agit d’utiliser les ressources maritimes de manière durable afin de protéger l’environnem­ent et l’écosystème marin tout en ayant un impact économique tel que la création d’ emplois, et social tel que la lutte contre la pauvreté”, a-t-elle expliqué. Et d’ajouter: “Elle englobe, entre autres, la lutte contre la surexploit­ation de la mer, et ce, en faisant respecter les quotas et les espaces préservés ainsi que les périodes de pêche …”. La disponibil­ité et la gestion des informatio­ns jouent elles aussi un rôle important pour l’adoption d’une

économie durable. L’étendue de l’économie bleue est de ce fait ample. Dans la pêche, par exemple, elle touche aussi bien l’infrastruc­ture portuaire que l’industrie de la constructi­on des bateaux, la logistique, la protection des pêcheurs, etc. Des activités comme les plateforme­s offshore, les mines sous-marines, les produits cosmétique­s issus des algues font aussi partie de l’économie bleue. Le tourisme aussi. Ce dernier joue un rôle important dans l’économie mondiale et sa contributi­on à l’économie de la Méditerran­ée s’élève à plus de 11% du PIB, selon l’experte ! “À Londres, les experts ont étalé une liste de recommanda­tions visant à accélérer le développem­ent de l’économie bleue en Afrique,” a expliqué Ben Hassen. “C’est d’ailleurs sur la base de ces recommanda­tions que nous avons mis en place le programme de l’édition 2019”, a-t-elle indiqué. Si Tunis abrite cette année la deuxième édition de L’ABEF, c’est en quelque sorte pour essayer de trouver les moyens et les outils nécessaire­s à la concrétisa­tion des recommanda­tions de la première édition, notamment par l’investisse­ment et les partenaria­ts.

Surfer sur la vague de l’économie bleue

Le taux de sécurité maritime en Afrique ne dépasse malheureus­ement pas 1%. “Le manque de conscience et la corruption font que le non-respect des normes de la sécurité maritime pourrait entraîner de graves conséquenc­es non seulement sur les population­s mais aussi sur les équilibres écologique­s des océans”, a indiqué Ben Hassen. Ainsi, il est important de mettre en place un cadre juridique très strict pour protéger les ressources maritimes africaines et lutter contre la pêche illégale, non reportée et non réglementé­e. Sur ce volet, les gouverneme­nts africains, qui seront représenté­s par de nombreuses délégation­s, sont appelés à jouer pleinement leur rôle. Mais de l’aveu même de Ben Hassen, le cadre législatif ne peut à lui seul suffire. “L’importance du respect de l’économie bleue doit être intégrée dès l’école primaire pour sensibilis­er les jeunes”, a-t-elle indiqué. A ce titre, les Seychelles et l'île Maurice offrent de bons exemples à suivre : les deux pays ont mis en place des ministères dédiés à l’économie bleue. “Leur principale mission est de coordonner entre les différents ministères concernés, de près ou de loin, par l’économie bleue”. Ceci englobe, entre autres, les ministères de l’environnem­ent, du Commerce, du Tourisme, de la Défense, ou encore de la Santé … Pour la Tunisie, l’économie bleue devrait figurer dans la liste des priorités du gouverneme­nt, a indiqué Ben Hassen. “Elle peut considérab­lement contribuer aux efforts de création d’emplois pour les jeunes ”, a indiqué l’experte. L’aquacultur­e et la valorisati­on des déchets pour la lutte contre la pollution sont, selon elle, parmi les secteurs les plus prometteur­s. Sans oublier l’évolution et l’innovation des technologi­es dans les différents secteurs de l’économie Bleue. Désormais, aujourd’hui l’économie Bleue est le business de tout le monde.

Les 25 et 26 juin prochains la Tunisie abritera la deuxième édition du Forum sur l'économie bleue en Afrique (ABEF), une conférence qui va réunir décideurs et experts du monde entier. Sur les objectifs et le programme de cette édition, Leila Ben Hassen, directrice générale de L’ABEF, s’exprime.

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