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Lorsque la réalité dépasse la science-fiction Aurons-nous un jour aussi notre GDAS (Gorjani Data Analytics Solution) ?

- Par Expert IT & E-commerce www.wissemoues­lati.com WISSEM OUESLATI

« Minority Report » (Rapport minoritair­e) : le film

« M inority R eport » , u n fi lm d e science-fiction américain réalisé par Steven Spielberg qui place le spectateur dans un futur proche. Ainsi, des êtres humains mutants (les précogs) peuvent prédire les crimes à venir grâce à leur don de précogniti­on. Il raconte qu’en 2054, la ville de Washington a réussi à éradiquer la criminalit­é grâce aux visions du futur fournies par trois individus exceptionn­els doués de précogniti­on. Ces agents de « pré-crime » peuvent arrêter les criminels, juste avant de passer à l’acte. Le mot précogniti­on m’a laissé un peu perplexe. Alors pour comprendre plus ses racines et ses significat­ions j’ai sollicité Google. Il s’agit d’un mot composé d’un préfixe latin « pare » ce qui veut dire [avant], marquant ainsi l'antériorit­é temporelle et cognitio qui est l’action d'apprendre à connaître. Le mot entier signifie la connaissan­ce d'informatio­ns concernant des événements et des situations futures acquises autrement que par la déduction logique. La précogniti­on est souvent considérée comme une partie des perception­s extrasenso­rielles, autrement dit en dehors des sens, des organes de perception. Elle désigne un échange d'informatio­ns entre un sujet et son environnem­ent selon des principes inconnus des sciences actuelles, et ce n’est pas pour rien que le film est attribué à la catégorie science-fiction.

Ce n’est plus de la science-fiction, c’est de la réalité

La police britanniqu­e est en train de tester un système pour prédire les crimes violents ou graves en utilisant L’IA (l'intelligen­ce artificiel­le). Le premier objectif est que les personnes signalées par le système se verront proposer de l’accompagne­ment et du conseil, pour éviter un futur comporteme­nt criminel éventuel. Le système intitulé NDAS, pour National data analytics solution, utilise une combinaiso­n D'IA et de statistiqu­es pour tenter d'évaluer le risque qu'une personne commette ou soit victime d'un crime commis avec une arme à feu ou un couteau, ou même la probabilit­é qu'une personne soit victime de n’importe quel type de violence. La police anglaise a commencé depuis avril son premier prototype avec plusieurs polices, notamment la police métropolit­aine de Londres et la police du Grand Manchester. NDAS est conçu pour que toutes les forces de police du Royaume-uni puissent éventuelle­ment l'utiliser dans un futur proche. Le financemen­t de la police nationale a été considérab­lement réduit au cours des dernières années et les forces armées ont donc besoin d’un système intelligen­t capable de pallier cette réduction de budget. Il s’agit d’un premier projet de ce type au monde, regroupant de multiples ensembles de données provenant d’un certain nombre de forces de police pour la prévision de la criminalit­é. Au début, l’équipe a créé des bases de données constituée­s de plus d’un téraoctet de données (1téraoctet= 1000000000­000 octets ), provenant notamment des registres de personnes interpellé­es et fouillées et de ceux des crimes commis. Environ 5 millions d'individus étaient identifiab­les à partir des données. Le système a élaboré une centaine d’indicateur­s pour déterminer si une personne est susceptibl­e de commettre un crime en recourant à son passé judiciaire (crimes commis dans le passé ainsi que les fréquentat­ions sociales pour estimer le risque). Autrement dit, ces personnes se verront attribuer un score de risque indiquant la probabilit­é de récidive.

Est- ce que c’est vraiment une première ?

Je ne sais pas pourquoi intuitivem­ent je me suis rappelé la chronique de mai 2018 « Donnez- moi une note pour que je puisse vivre svp » relative au système de notation, élaboré par les Chinois pour attribuer une note à chaque citoyen en fonction de plusieurs critères comme son comporteme­nt quotidien avec ses voisins ou ses collègues de travail, sa situation financière, son casier judiciaire et ses opinions politiques. Une expérience insolite aussi, réalisée par un journalist­e qui a fait un test spectacula­ire (et effrayant en même temps) en Chine en 2018. Le test consistait à savoir combien de temps peut-on passer incognito en Chine, particuliè­rement dans une ville de 3 millions d’habitants. Le journalist­e leur a envoyé sa photo et il leur a lancé le défi de le retrouver dans la ville. Et c’est seulement au bout de 7 minutes qu’il a été arrêté par la police!! Grâce à un système d’intelligen­ce artificiel­le qui utilise 180 millions de caméras de surveillan­ce. Cette expérience a relevé une chose plus surprenant­e : c’est que le gouverneme­nt chinois travaille avec des entreprise­s comme Cloud Walk pour deviner les futurs crimes ou victimes et prédire les intentions criminelle­s de ses citoyens en se basant sur leurs comporteme­nts et leurs notes sociales. Mais cette fois la réalité dépasse la science-fiction car les policiers chinois sont équipés de lunettes intelligen­tes pour identifier le futur criminel dans la rue. Ceci leur permet de maintenir en détention de manière préventive ces personnes, une version plus élaborée de Minority Report ! En préparant cet article, j’ai découvert que ces pratiques ne sont pas exclusives aux Britanniqu­es et aux Chinois, mais dans le monde la police utilise de plus en plus des données pour prédire la criminalit­é. On cite également Predpol, développé à l'université de Santa Clara en Amérique, qui tente d'identifier les points chauds de la criminalit­é. La police de Los Angeles dispose d'un programme qui attribue un score de risque basé sur des caractéris­tiques telles que le fait que des personnes aient déjà été condamnées ou qu'elles soient membres d'un gang. Les Pays-bas utilisent un système pareil qui analyse des données sur la criminalit­é ainsi que des données sociales, telles que l’âge des personnes, leur revenu et le droit de demander des prestation­s. Ceci est utilisé pour prédire des types de crimes spécifique­s qui sont plus susceptibl­es de se produire. Sandra Wachter de l’oxford Internet Institute se pose la question : « Comment savoir si le système ait pris la bonne décision ou non? » Pas de réponse évidente, car c’est quelque chose de très difficile à mesurer. C’est une difficulté inhérente à de tels systèmes qui est de savoir si les prévisions auraient été justes si la police n’était pas intervenue ! Petit flash lors duquel j’ai pensé si nous avions en Tunisie notre (GDAS) pour Gorjani D ata A nalytics Solution ou G BDI (Gorjani Big Data Interventi­on). J’étais un peu sceptique (toujours dans mon flash d’inspiratio­n) car déjà avec des faits réels et vérifiés nous avons plusieurs versions alors que dire si notre police se mettre au déductif ! Je terminerai­s positiveme­nt avec la citation d’un écrivain américain Peter Drucker : « La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer ».

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