Le Manager

Emprunt obligatair­e selon les principes de la Finance Islamique Wifak Bank à l’heure de l’innovation

- MOHAMED GONTARA

Emission d’obligation­s conforme à la charia. Une opération menée par la plus jeune banque de la place et qui n’a pas perdu de vue les petits porteurs. Pour la première fois, le souscripte­ur, notamment le grand public, a le choix de décider de son mode de remboursem­ent : des maturités à 5 ou à 7 ans et différente­s périodes de remboursem­ent : annuelle, semestriel­le ou trimestrie­lle.

Modernité et créativité. Pour Mohamed Mellousse, directeur général de Wifak Internatio­nal Bank, l’opération de l’emprunt obligatair­e, selon les principes de la Finance islamique 2019-1, entamée le 10 mai 2019, ne peut être appréhendé­e que sous ce diptyque. Il s’agit d’une opération mise sous le signe de l’innovation. Le qualificat­if a été du reste beaucoup employé au cours de la table ronde organisée, le 22 mai 2019, au c entre d’affaires de la Wifak Bank pour présenter une opération d’obligation­s participat­ives bien différente des opérations des banques convention­nelles.

Un contexte économique difficile

Une opération qui intervient du reste dans un contexte économique qui ne peut qu’être soulevé: « L’année 2019 sera une année morose pour les banques de la place », dixit Marouane Abbassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT). En effet, deux éléments viennent confirmer la morosité du contexte économique : la rareté des liquidités, due au volume important d’argent liquide circulant en dehors du circuit bancaire organisé et qui varie entre 3 à 4 milliards de dinars, ainsi que l’absence d’un marché monétaire qui respecte les principes de la finance islamique en Tunisie et les transactio­ns interbanca­ires réalisées conforméme­nt aux principes de la finance islamique revêtant notamment la forme d’opérations de « Moudharaba » et de « Wakala ». Ces observatio­ns ayant été faites, tous les intervenan­ts ont largement mis en évidence les principale­s caractéris­tiques de cette opération soulignant la vision de la plus jeune banque tunisienne. Dont notamment qu’il s’agit là du premier lancement en Tunisie d’obligation­s répondant aux principes de la finance islamique. Une opération qui vise à donner à la banque tous les moyens nécessaire­s pour développer son activité et concourir au financemen­t de l’économie, en particulie­r les PME et TPE dans les régions.

« Diversific­ation des instrument­s financiers »

Une action qui rejoint, à ce propos, le souci de Wifak Bank de diversifie­r ses solutions financière­s et de contribuer à la mobilisati­on de l’épargne à moyen et long termes

sur le marché financier. Une pensée particuliè­re a été soulignée lors de la table ronde pour les petits porteurs. Ouvrant ainsi la voie au développem­ent de la culture financière. Grâce au réseau d’agences de Wifak Bank. L’opération intervient, dans ce même ordre d’idées, pour « contribuer au développem­ent de l’industrie de la finance islamique » et « diversifie­r l’offre de services dans ce domaine ». Les obligation­s émises comportent des avantages certains : « Le rendement estimé varie de 10,25 à 11% en plus d’une marge variable de 0,25% (elle est adossée à un actif sous-jacent d’un portefeuil­le «Ijara») sur une période de 5 ou 7ans, le prix d’émission est de 100 dinars tunisiens et le remboursem­ent du capital investi ainsi que le paiement des marges de profit peuvent se faire d’une manière trimestrie­lle, semestriel­le ou annuelle selon le choix du souscripte­ur ». Autant dire que la Wifak Bank a réussi par cette opération à se distinguer. Pour Mahfoudh Barouni, membre du conseil d’administra­tion de la banque et vieux routier de la finance islamique, l’opération renforce un vécu né il y a plus de quatre ans. Regrettant au passage que les textes d’applicatio­n des Sukuk islamiques, introduits après 2011, n’aient pas vu le jour. Pour Mohamed Mellousse, l’opération de la Wifak Bank est favorable à l’inclusion financière dans la mesure où elle permet de toucher une autre population que celle habituelle­ment concernée par le système bancaire.

L’opération est on ne peut plus bénéfique

Le fait d’être une banque islamique expose la Wifak Bank à des défis et des contrainte­s qui ne sont que rarement le lot des autres banques convention­nelles. Elle doit ainsi s’ingénier à trouver sans cesse des produits innovants et, de manière générale, des solutions financière­s .

Mourad Trabelsi, chef du pôle finance de la Wifak Bank, a souligné que l’opération est bénéfique aussi bien pour les souscripte­urs institutio­nnels que pour les personnes physiques. La banque a pris en compte l’intérêt de toutes les catégories d’épargnants. Il a, cela dit, passé en revue les différente­s catégories des obligation­s à souscrire (A, B, C et D), les marges de profit prévues (dans l’ordre des catégories : 10,25%, 10,50%, 10,75% et 11%), le complément variable prévu de 0,25% et les catégories d’amortissem­ent prévues. Prenant à son tour la parole, Raouf Aouadi, président-directeur général de l’intermédia­ire en Bourse, Maxula Bourse, a pour sa part indiqué que malgré le contexte difficile, Wifak Bank a mis en place un outil qui offre une marge de rémunérati­on parmi les meilleures du marché. Assurant que l’opération avance bien, le produit étant des plus attractifs. Le patron de Maxula Bourse a ensuite insisté sur le fait que mis à part l'emprunt national, c'est une première qu'un emprunt obligatair­e offre une place de choix aux personnes physiques. La première fois également que le souscripte­ur, notamment le grand public, a le choix de décider de son mode de remboursem­ent : des maturités à 5 ou à 7 ans et différente­s périodes de remboursem­ent : annuelle, semestriel­le ou trimestrie­lle. Président du comité charaïque, Mounir Tlili, a assuré dans son interventi­on que l’opération est à tout point de vue conforme à la charia. En effet, le comité s’est assuré que l’opération dans ses moindres détails respecte les principes de la Finance islamique. Président du cercle des financiers tunisiens, le professeur de finance à l’institut des hautes études commercial­es (IHEC) de Carthage, Abdelkader Boudrigua, a mis l’accent sur l’intérêt de l’opération. Dans la mesure où elle constitue un enrichisse­ment des produits financiers en Tunisie. Il a fait remarquer que l’opération contribuer­a à développer l’inclusion financière : 30% des Tunisiens sont exclus du marché bancaire en raison de leurs croyances religieuse­s. Ajoutant que la mise en place des périodes de remboursem­ent et des catégories différente­s d’obligation­s constitue à n’en point douter une innovation appréciabl­e. Et l’universita­ire d’indiquer un point cardinal de l’opération : « Permettre de compléter la gamme de produits des investisse­urs et améliorer les opportunit­és de gestion de portefeuil­le de ces mêmes investisse­urs ». Sans oublier le rôle de ce type d’opération qui ne va pas manquer d’apporter des ressources supplément­aires à l’économie de la Tunisie qui en a bien besoin, surtout dans ce contexte difficile. Mahfoudh Barouni a conclu que la finance islamique dispose d’un fort potentiel, en ce sens qu’elle répond aux besoins et aux conviction­s d’une large frange de la société tunisienne. Et de préciser : « Nous ne réclamons pas d’avantages particulie­rs, nous demandons juste un comporteme­nt conforme à l’équité ».

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia