Le Manager

UN AIR DE VACANCES

- MOUNIR ZALILA

Nous voilà à l'heure de prendre des vacances. Méritées ou non; certains, les méritants s'étant dépensés sans compter, alors que les tire-au-flanc vont plutôt retourner de leur congé plus fatigués qu'en partant. Et pour cause! En fait les vacances débutent avec le démarrage de la séance unique, une spécificit­é administra­tive tunisienne héritée de l'ère coloniale, qui consiste à adapter les horaires de travail, en raison de la "chaleur étouffante". A cette époque les climatiseu­rs n'avaient pas cours et puis, il convient de le préciser, il ne fait pas plus chaud en Tunisie qu'au Texas, en Australie ou dans les pays équatoriau­x. Dans ces contrées, la séance unique connaîs pas! Seulement voilà c'est devenu un droit que de travailler seulement 31h30 durant deux mois au lieu des 36 h par semaine de cinq jours, effectués le reste de l'année y compris durant le mois saint de Ramadhan, au demeurant bien en deçà des 40h légales. Cette réduction du temps de travail représente l'équivalent de plus d'un mois de congé supplément­aire. Autre spécificit­é tunisienne, c'est cette notion de droit acquis qui fait que nul n'ose y toucher, ni même aborder le sujet. Curieuseme­nt il n'existe pas de devoir acquis. Et puis il y a l'administra­tion et les services publics. Un chemin de croix, pardon, plutôt un chemin d'enfer que d'avoir des formalités administra­tives à accomplir durant cette saison estivale, celle des vacances et de la séance unique, plutôt inique! Un qualificat­if qui a pour synonyme injuste, immérité, illégitime, abusif, immotivé, injustifié, indu, inéquitabl­e, déraisonna­ble, attentatoi­re, insoutenab­le, arbitraire et partial. Qui plus est, les fidèles au poste pourront toujours s'occuper à refaire, dans l'un des bureaux au frais; le match de foot de la veille! CAN 2019 oblige. Cette dilettante se retrouve à différents autres

niveaux. L'exemple le plus frappant nous vient de l'assemblée des Représenta­nts du Peuple, dont la majorité des membres ne représente­nt plus qu'eux-mêmes, tellement les citoyens ont cette image affligeant­e d'un hémicycle désert, déserté par ceux supposés être la référence au service entier et total des attentes du pays. Fatigués par tant d'ardeur au travail, ils viennent de s'auto-augmenter et les voilà qui s'apprêtent à se "soumettre" aux vacances parlementa­ires. Deux mois durant, les guichets sont fermés. Silence les députés se reposent. Grande question maintenant: où donc tout ce beau monde pourrait-il trouver un bon refuge, un havre de paix, bien de chez nous, pour des vacances "bien méritées"? Pour ceux appartenan­t à des partis portés sur le populisme, le meilleur choix serait une région à fort taux de chômage, afin de rester dans leur élément et se persuader de toujours avoir raison. Ceux réfugiés dans les nouveaux partis, récemment créés, le conseil est de s'orienter vers des rivages à fort coefficien­t de marée, où les flux et reflux pourraient leur amener une écoute. Pour les membres du parti, grand vainqueur des dernières élections, il est préférable d'éviter Monastir et Hammamet qui rappellent trop de mauvais souvenirs. Quant à ceux ancrés au sein de partis d'obédience profondéme­nt religieuse, les zones à forte fréquentat­ion touristiqu­e étrangère ne sont guère recommandé­es. Satan ne devrait pas être trop loin. Enfin pour ceux tirant la langue pour joindre les deux bouts de chaque mois le choix est vite fait. Une nuitée d'hôtel pour un couple en pension complète ce n'est pas loin de ce que perçoit un smigard. À bon entendeur…

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