2ème Forum de l’économie bleue en Afrique Engagement pour une économie durable
Trois ministres, un secrétaire d’etat, des dirigeants d’entreprises et D’ONG, des experts internationaux et des représentants de médias ont été invités par Blue Jay communication pour parler d’un sujet bien préoccupant : l’économie bleue. De ses défis, des dangers qui la guettent, mais aussi des opportunités qu’elle peut engendrer.
Comment les PPP peuvent-ils accélérer le développement d’une économie bleue durable ? Comment pouvons-nous engager et permettre à plus de femmes de rejoindre les secteurs de l’économie bleue ? Quelles sont les meilleures pratiques permettant d’assurer la sécurité alimentaire et une croissance durable ? Quels sont les nouveaux outils réglementaires pour protéger la santé des océans en Afrique ? Comment mieux protéger les ressources maritimes de l’afrique ? Comment renforcer les capacités et sensibiliser la jeunesse africaine sur les opportunités de l’économie bleue ? Ces questions et bien d’autres ont été au centre des thématiques traitées au cours du second Forum de l’économie bleue en Afrique (ABEF), tenu les 25 et 26 juin 2019, à Tunis. Une rencontre pour laquelle Blue Jay Communication,
une agence de conseil en communication spécialisée en stratégie de branding, relations publiques et événements autour de l’afrique, a invité pas moins de trois ministres, un secrétaire d’etat, des dirigeants d’entreprises et D’ONG, des experts internationaux et des représentants de médias. Une rencontre pour laquelle Leila Ben Hassen, la fondatrice et présidente de Blue Jay Communication, a mobilisé un public d’initiés venus notamment de nombre pays africains qui ont exposé les expériences en matière d’économie bleue. Les mers et les océans sont du reste au carrefour des grandes problématiques de notre temps. A commencer par la pollution qui constitue un des défis des plus importants que les Africains se doivent de mieux négocier. Dans son adresse, Leila Ben Hassen n’a pas manqué de ce fait de mettre en exergue le danger que représente aujourd’hui le plastique dont une bonne partie est jetée dans nos mers et océans.
L’industrie maritime représente environ 1000 milliards de dollars par an
Le plastique, a-t-elle assuré, risquera de constituer en volume, si rien n’est fait d’ici 2050, bien plus que les poissons qui vivent dans nos mers et océans. Une malédiction dans la mesure où près de 70% de la population africaine vivent dans les zones côtières du continent noir. A noter que « notre continent va évoluer très vite vers le un milliard d’habitants », a-t-elle ajouté. Révélant qu’elle a choisi d’organiser ce second forum en Tunisie –le premier a eu lieu à Londres, en 2018-, Leila Ben Hassan a précisé que l’industrie maritime « représente environ
1000 milliards de dollars par an et couvre une grande variété de secteurs, notamment la pêche, l’aquaculture, les ports, les énergies renouvelables et les technologies ». Mokhtar Hammami, ministre des Affaires locales et de l’environnement, a mis également en évidence dans son intervention le rôle que joue la mer dans l’économie tunisienne : elle assurera d’ici 2050, 50% de l’alimentation des Tunisiens. Il a en outre évoqué les dangers que peut continuer à faire peser la pollution sur les rivages de la Tunisie : 300 millions de tonnes d’hydrocarbures transitent chaque année dans le passage entre les côtes tunisiennes et l’île italienne de Sicile. Il a assuré que des risques de pollution existent malgré l’existence d’un dispositif réglementaire pour lutter contre la pollution, même s’il faudra l’actualiser et qu’une plus grande coopération soit établie en vue de renforcer la protection de nos mers et océans. Prenant la parole, Samir Taieb, ministre de l’agriculture, des Ressources hydraulique et de la Pêche, a insisté, en outre, sur les défis de l’économie bleue en précisant que près de 5 millions de Tunisiens vivent sur les 1600 kilomètres des côtes du pays. Les régions côtières connaissent, par ailleurs, une grande concentration industrielle et la pêche joue un rôle important dans l’équilibre alimentaire : le Tunisien consomme en moyenne, et malgré la cherté des prix, 11 kilogrammes de poissons par an. Toujours au chapitre de l’équilibre alimentaire en Tunisie, l’aquaculture compte quarante et un sites qui produisaient 22 000 tonnes de poissons.
Une malédiction peut se transformer en opportunité
Et le ministre Samir Taieb d’indiquer que la place de la côte doit être également appréciée en fonction de son importance économique : 98% des marchandises qui rentrent en Tunisie viennent par voie maritime, l’essentiel des établissements de tourisme se trouvent sur la côte, trois importantes centrales thermiques ont élu domicile en bord de mer,… Par ailleurs, les mers et océans sont surexploités. Ce qui peut constituer un grand danger à l’avenir. Et souvent des braconniers s’en mêlent refusant de respecter les multiples interdictions mises en place. Une réalité combattue par L’ONG Sea Shepherd Australie dont le président, Peter Hammarstedt, est venu exposer pour six pays africains où L’ONG opère. Pour dénoncer les parties qui s’attaquent à des espèces rares ou encore qui s’adonnent à des pratiques de pêche interdites dans le continent noir. Mais si les dangers et les défis sont nombreux, cela ne veut pas dire qu’il est impossible d’agir. Tant s’en faut. Ainsi, une malédiction peut se transformer en opportunité pour aller de l’avant. Le crabe bleu, qui a longtemps fait des ravages pour les pêcheurs tunisiens, est aujourd’hui pêché sur les côtes tunisiennes et exporté vers des pays notamment asiatiques. Il est devenu de ce fait une source des devises pour le pays, a noté Samir Taieb, ministre de l’agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. Autre expérience qui vaut le détour : des femmes ont réussi en Ouganda à fabriquer des lunettes à partir de plastique récupéré en mer, a assuré Jacqueline Adler, manager Fishcode à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). L’exposé de Sana Taktak Keskes, de l’association internationale des femmes de l’industrie des produits de mer, et de Radhia Talbi de l’association des femmes arabes dans le secteur maritime, ont mis en évidence le génie de nombreuses femmes tunisiennes du milieu de la mer en matière de développement durable.
L’économie bleue perd quelque 20 millions de dollars
Les femmes se doivent d’être des acteurs importants de l’économie bleue, a insisté Elizabeth Naa Afoley Quaye, ministre de la Pêche et de l’aquaculture du Ghana. La contribution des femmes n’ y est que de 2%. Et Elizabeth Nea Afoley Quaye de défendre le Partenariat Public Privé (PPP) dans le développement de l’économie bleue. Exposant le cas du Ghana, elle a montré comment le secteur privé peut aider à saisir durablement les opportunités en matière de pêche. D’autant plus qu’une pêche développée et industrielle nécessite des équipements coûteux. Mais chassez le naturel, il revient au galop. La question de la pollution due aux matières plastiques est revenue avec force dans l’intervention de Faouzi Maamouri, directeur de la WWF (Fonds mondial pour la nature) pour l’afrique du Nord, qui a souligné le danger du plastique pour notre santé : du plastique a été retrouvé dans les estomacs de poissons. Et ce chiffre combien indicateur des affres du plastique : l’économie bleue perd quelque 20 millions de dollars (environ trois fois en dinars) par an par les effets de la pollution plastique. Un fléau qui touche le tourisme, la navigation et la pêche. Que faire ? La rencontre a montré que des possibilités existent pour que la mer et les océans s’inscrivent, malgré tout, sur les voies du développement durable. Du reste il s’agit là de l’un des principaux leitmotivs de Blue Jay Communication. Pour Abdallah Rebhi, secrétaire d’etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, il y a, sans doute, beaucoup à faire au niveau de la réglementation, mais aussi beaucoup au niveau des changements de comportements. Ajoutant au passage que tout peut être fait pour développer davantage l’économie bleue. Les barrages sont, par exemple, des espaces de développement de l’élevage du poisson. Saisissant la balle au bond, de nombreux intervenants ont évoqué les efforts à faire par l’industrie pour limiter le plastique à usage unique et pour développer les produits biodégradables en matière plastique. Et des startups peuvent saisir cette voie pour assurer un développement durable.