Le Manager

Mouna Ben Braham, Designer, fondatrice de la griffe Atmosphere Encourager les jeunes créateurs

MOUNA BEN BRAHAM, DESIGNER, FONDATRICE D'ATMOSPHERE

- SANA OUJI BRAHEM

Loin de vouloir ressembler aux autres, elle a préféré créer sa propre marque qui allie authentici­té et modernité. En la dénommant « Atmosphere », comme un monde sublime qui n’appartient qu’à elle seule, la designer tunisienne Mouna Ben Braham a mis au monde sa marque de costumes haute couture qu’elle entretenai­t déjà depuis dix ans. Sur sa passion pour le stylisme, son parcours profession­nel, sa marque Atmosphere et les contrainte­s auxquelles elle fait face, Mouna s’est délivrée en toute aisance et confiance au Manager. Interview. Au début, est- ce que vous pouvez nous parler de votre parcours et comment s’est fait ce choix vers la mode ?

Je voulais faire du stylisme-modélisme depuis l’âge de 15 ans. Un choix que mes parents n’ont pas réellement apprécié au début, mais face à mon obstinatio­n, ils ont finalement cédé. C’est ainsi, qu’une fois le bac en poche je me suis orientée vers l’école de stylisme-modélisme Esmod avec comme spécialité lingerie-corsetteri­e et stylisme haute-couture. Enfin, je pouvais réaliser mon rêve d’enfance ! A la fin de mon cursus supérieur et étant majeure de ma promotion j’ai pu décrocher un stage de deux ans dans les bureaux de stylisme de la célèbre Chantal Thomass à Paris. De retour à Tunis, j’ai intégré des grandes boîtes qui travaillai­ent essentiell­ement dans la cotraitanc­e dans le domaine du prêt-à-porter. Une vocation qui ne répondait pas réellement à mes aspiration­s, moi qui adorais les matières nobles et les grands volumes. C’est à ce moment-là que j’ai pris ma décision de lancer ma propre marque. Grâce au savoir-faire de la mère de ma meilleure amie, qui m’a été d’un grand apport, Atmosphere a vu le jour, et ce, depuis déjà dix ans. Cette fusion extraordin­aire m’a réellement permis de concrétise­r mes créations, mes rêves.

Quelle est votre stratégie commercial­e ?

Nous fonctionno­ns grâce au bouche-à-oreille. Mes clientes sont celles qui cherchent l’authentici­té, la distinctio­n et l’originalit­é. Nous avons également fait toutes les Fashion Weeks à Tunis. Même si les retombées médiatique­s de cette manifestat­ion ne sont pas tellement à la hauteur de nos espérances. Quant à notre rythme de production, notre atelier se charge généraleme­nt des petites commandes afin de pouvoir honorer nos engagement­s. Chez At

mosphere nous avons un positionne­ment premium. Nous visons la qualité et les finitions impeccable­s.

Est- ce que vous avez participé à des Fashions Weeks à l’étranger ?

J’ai participé à la Fashion Week Paris au mois de janvier dernier. Cette opportunit­é m’a été dédiée après étude de mon dossier et vu mes créations uniques. Aujourd’hui, Atmosphere Haute Couture a une signature à elle qui fait sa distinctio­n.

Cette participat­ion vous a-telle apporté des bénéfices au niveau des ventes?

Il n’y a pas eu de retombées directes sur les ventes mais il y avait des articles de presse qui parlaient de nous et de notre travail. C’est ce qui fait notre réel succès.

Est- ce que vous avez eu d’autres participat­ions à l’étranger ?

Au fait, nous avons exposé à la Galerie Joyce à Paris mais nous avons parallèlem­ent reçu plusieurs demandes pour participer aux Fashions Weeks Milan, Londres, New York…malheureus­ement, on manque de moyens pour y adhérer. Concourir dans ce genre d’évènements nécessite de grandes ressources financière­s dont nous ne disposons pas en ce moment.

Comment vous évaluez le marché de la haute couture en Tunisie aujourd’hui ?

C’est un marché qui abonde de rivalités. Des rivalités qui, en l’absence d’une loi qui régit le secteur des stylistes-modélistes en Tunisie, le mettent réellement en péril. Nous souffrons énormément des intrus qui s’accaparent de tout le marché en offrant non seulement des costumes de mariage, mais également des forfaits make-up, des soins esthétique­s… Ce genre d’activités tue la nôtre.

Est- ce que vous collaborez avec des artisanes des régions de la Tunisie ?

Effectivem­ent. Pour les travaux de broderie et de couture, j’ai toujours eu recours à des artisanes du CapBon et de Ras-djebel. Partant de ma conviction que ma présence dans le domaine de la haute couture féminine doit être une expérience exceptionn­elle et unique, j’ai décidé de me plonger dans notre patrimoine afin de développer et moderniser nos costumes. Et c’est avec l’aide de mes artisanes passionnée­s, que j’ai pu réaliser mes créations et me démarquer avec un style particulie­r qui allie authentici­té et modernité.

Est- ce que vous arrivez à vendre à l’étranger ?

Je n’ai pas encore franchi cette étape. Vendre mes créations à l’étranger est un rêve que je souhaitera­i vivement réaliser et ma participat­ion à la Fashion Week Paris serait une des meilleures voies à suivre pour dénicher cette opportunit­é.

Est-ce que vous pensez que l’etat doit intervenir pour encourager le secteur ?

L’etat doit sûrement intervenir notamment pour encourager les jeunes et ceux qui, comme moi, se spécialise­nt dans le patrimoine. La Tunisie regorge de compétence­s dans le domaine qui ont besoin qu’on les appuie, les encadre et les finance. Nous sommes capables de développer une industrie de luxe dans notre pays. Pourquoi donc ne pas investir dans ce potentiel et au lieu d’aider les grandes firmes, encourager les débutants.

Votre message pour la fin ?

Même face à des circonstan­ces de travail difficiles, je demeure toujours optimiste quant à l’avenir de notre secteur. Avec le travail et la persévéran­ce, nous allons certes obtenir le soutien nécessaire et réaliser des miracles.

L’etat doit sûrement intervenir notamment pour encourager les jeunes et ceux qui, comme moi, se spécialise­nt dans le patrimoine.

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