Le Manager

Le CEED à l’oeuvre à Gafsa « Une vraie aubaine »

Notre enquête sur le CEED continue. Nous évoquerons dans les lignes qui suivent les bénéfices tirés par trois jeunes entreprene­urs de la région de Gafsa. L’un d’entre eux parle d’un changement de 180 degrés.

- MOHAMED GONTARA

L «orsque j’ai entamé le cycle de formation du CEED Tunisia, j’étais sur le point d’abandonner les activités que je fructifiai­s ou du moins l’une d’entre elles. Mais au sortir de ce cycle de formation, j’étais transformé­e. J’ai décidé de tenir bon. Et je pense avoir somme toute réussi ». Le discours est de Sabrine Tlili, une entreprene­ure de la ville de Gafsa qui cumule deux activités : l’impression et l’architectu­re intérieure. Sabrine Tlili a engagé ces deux projets en 2018. Titulaire d’une licence suivie d’un master en architectu­re d’intérieur, la première obtenue à Gafsa et le second à Sousse, elle était toute destinée à faire d’une pierre deux coups. Des démarches et un crédit de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) et la voilà à la tête de ses deux entreprise­s. Elle y parvient après avoir travaillé pendant deux ans (2016 et 2017) auprès d’entreprise­s de l’une de ses spécialité­s d’aujourd’hui : l’architectu­re d’intérieur. Installée au début à Gafsa, elle trouve bien dur de courir deux lièvres à la fois. Elle vit de ce fait des moments difficiles. D’autant plus qu’elle doit tout faire par elle

même. Elle se persuade un moment qu’il faut qu’elle laisse tout tomber ou du moins l’une de ses activités.

Elle n’est pas déçue

Heureuseme­nt que l’opportunit­é de suivre une formation du CEED se présente à elle. Elle prend connaissan­ce de l’existence du CEED par le Technopole de Gafsa. Elle décide de tenter l’expérience. Des amis ne lui disent que du bien d’une formation qui a aguerri plus d’un. Et elle n’est pas déçue. La formation, qui dure un mois, répond tout à fait à ses attentes et comble nombre de ses lacunes. Comptabili­té, relations clients, marketing, techniques de vente,... : elle ne cesse d’apprendre. Elle apprend, par exemple, à mieux traiter avec les clients. « Les coachs, assure-t-elle, nous ont tout dit, en nous montrant qu’il y a des catégories de clients et que chacun nécessite un traitement bien particulie­r ». Elle ajoute qu’elle a réussi grâce au savoir dispensé par le CEED à gagner de nouveaux clients et à « reconquéri­r » des clients qu’elle croyait perdus pour toujours. Du coup, elle se sent plus sûre d’elle en faisant tout ce qui est en sa possession pour les satisfaire. Mais, il n’y a pas que cela : le CEED ne lâche pas les personnes qu’il a formées dans la nature. Sabrine Tlili assure que le contact a été renoué après la formation. « Il y a toujours un suivi. On nous interroge sur ce que nous faisons, s’il y a des choses à préciser, des questions auxquelles nous cherchons réponse », ajoute-t-elle.

« A mon grand bonheur, certains sont devenus des clients »

Et puis, Sabrine Tlili a continué à avoir des contacts avec ceux et

celles qui ont suivi avec elle la formation du CEED. « A mon grand bonheur, certains sont devenus des clients ou l’ont aidé à gagner de nouveaux clients », précise-t-elle. Dirigeant une équipe de deux personnes, Sabrine Tlili est au four et au moulin. Elle est souvent dans son unité d’impression pour conseiller ses clients et leur préparer les cartes visites, les flyers, les papiers en-tête… dont ils ont besoin, mais aussi sur les chantiers maniant, en bon architecte d’intérieur, truelle, grattoir, plantoir et autre cordeau marqueur. C’est aussi le cas de Belgacem Negrini qui consacre l’essentiel de son temps à fabriquer des produits sur des imprimante­s en 3 D. Son entreprise, 3dprino, est une startup de Gafsa. Touche-à-tout, épris de nouvelles technologi­es, il s’attaque à un domaine difficile après avoir suivi des études et des formations en design industriel et en nouvelles technologi­es. Il a entre autres fréquenté le technopole d’al Ghazala. Grâce à son savoir-faire, il a réussi à sauver des machines qui devaient être jetées : « J’ai bien observé les machines, conçu et fabriqué les pièces manquantes ou hors d’usage et j’ai pu leur redonner vie ». Mais, notre homme s’attaque aujourd’hui à plus dur encore : fabriquer les imprimante­s en 3 D. Autant dire, une nouvelle étape de sa carrière qu’il mène tambour battant depuis qu’il s’est installé, en 2016, à la pépinière des entreprise­s de Gafsa. Et ce, grâce à un crédit de la BTS. L’impression 3 D, Belgacem Negrini estime qu’il ne s’agit pas encore d’un grand marché. « Mais, les choses évoluent et l’avenir est déjà là », souligne-t-il. Il a déjà des clients dans les métiers de la santé mais aussi dans l’industrie. « Et cela ne peut qu’aller dans le bon sens », ajoute-t-il.

Revoir son business plan

« Le CEED, c’est une bonne expérience », opine-t-il. Il affirme s’être beaucoup amélioré après la formation du CEED. Il a réussi, par exemple, à voir plus clair en matière de business plan. « J’ai mieux cerné mes cibles et vu plus clair quant aux catégories de clients à toucher », soutient-il. « J’ai pris connaissan­ce aussi de l’importance d’être en règle avec l’administra­tion. J’ai ainsi tout appris sur la fiscalité et les démarches auprès de structures comme la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) », affirme-t-il. Inutile de préciser que, comme pour nombre d’entreprene­urs qui ont suivi les formations du CEED, Belgacem Negrini a beaucoup appris au contact des personnes qui ont bénéficié des formations de cette institutio­n. Ainsi, a-t-il découvert les voies et moyens de mieux s’en sortir en matière d’exportatio­n. « L’une des personnes que j’ai connue grâce au CEED m’a familiaris­é sur les meilleures procédures pour exporter des produits». Ahmed Guettif a le métier de l’impression, pour ainsi dire, dans le sang. La famille Guettif est connue à Gafsa pour pratiquer l’art de l’imprimerie de père en fils. C’est donc tout naturellem­ent qu’il emprunte la voie de ses ainés en optant pour le métier de l’emballage. « Je suis toujours dans le papier », estime-t-il. Titulaire d’un Brevet de technicien supérieur (BTS) en maintenanc­e industriel­le, en 2016, il décide après avoir travaillé dans deux entreprise­s, dont l’une dans le câblage, de voler de ses propres ailes. Et le voilà à la tête d’une entreprise d’emballage. Nous sommes en 2019 et notre homme fabrique des emballages alimentair­es : gâteaux, fast-food, pizzas, diverses pâtisserie­s,… Ahmed Guettif est, avec ses quatre employés, dans son local situé sur la route de Metlaoui du matin eu soir. Avec une idée de départ qui le travaille à tout instant : remplacer le plastique par le papier. « C’est meilleur pour l’environnem­ent », dit-il. D’où, le souci de continuer sur sa lancée en procédant dans un prochain avenir à fabriquer des gobelets, par exemple, ou des pochettes.

Une vraie aubaine

Encouragé qu’il est par le fait que l’activité n’est pas très présente dans le Sud. Et donc une faible concurrenc­e qui ne peut que l’encourager d’aller de l’avant et d’aller à la conquête de nouveaux marchés dans toutes les localités notamment du sud tunisien. Il est, à ce propos, encouragé également par la formation acquise, en 2019, auprès du CEED. « Une formation qui a opéré un changement de 180 degrés dans ma manière de faire », insiste-t-il. « Je me sens beaucoup mieux depuis que j’ai connu le CEED », assure-t-il. « Je négocie mieux et j’organise mieux mes activités au quotidien », renchérit-il. Aussi, sa tête est toujours pleine de projets. « Et sans le CEED, je n’aurais jamais pensé pouvoir aller de l’avant. Et pour cause, je maîtrise aujourd’hui beaucoup de fonctions comme la vente, la comptabili­té, le leadership,…une vrai aubaine », conclue-t-il.

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