Le Manager

LES RAISONS DE LA COLÈRE

- MOUNIR ZALILA

Un titre de billet probableme­nt pas très original, il aurait pu tout aussi bien s'intituler "Les carottes sont cuites", "Le retour de manivelle" ou "Adieu veau, vache, cochon, couvée" formule qui nous vient de cette fable "Perrette et le pot au lait" de Jean de la Fontaine. Bien de chez nous on aurait dit que "celui qui compte seul trouve toujours un solde positif". Pourquoi cette diversité d'intitulés possibles? Il suffit de regarder autour de nous pour constater alors qu’il y a un réel et effectif malaise sociétal. Le dire serait-il un euphémisme? Pas particuliè­rement nouvelle comme affirmatio­n! En effet nul besoin de réaliser enquêtes, études et autres travaux de recherche pour se rendre compte que les citoyens sont au bout du rouleau, fatigués, avachis, inquiets, désespérés quant à leur avenir sans horizon aucun. Nous nous le répétons en boucle, depuis plusieurs années, sans pour autant voir ne serait-ce qu'une raie de lumière, une once de lueur. Résultat : le Tunisien s'inscrit maintenant dans un processus de complicati­on de toute attitude découlant du fait qu'il ne fait que subir, au quotidien, les évènements de tous les jours sans y être associé. Alors il critique tout sans pour autant avancer des propositio­ns pour lui permettre de s’en sortir. Quand on demande aux citoyens ce qui les aiderait, ils répondent, à l'unisson, qu’ils voudraient qu’on clarifie leur rôle et avancent une série d'exigences et de revendicat­ions. C'est qu'ils sont conscients qu’il faut changer mais ont-ils envie de changer et en ont-ils la capacité ? Pour la première partie de la question, la réponse est clairement positive. Sur la seconde ils viennent d'en faire la preuve lors du premier tour des élections présidenti­elles. Balayés les barons de la politique, balayés les dirigeants passés ou actuels, balayés les promesses sans engagement; balayés…mais à force de balayer ils risquent de ne plus trouver grand-chose alentour. La table a été renversée. Sommesnous alors arrivés aux limites du modèle, si modèle il y avait? Quand seulement 49% des inscrits se sont exprimés, tout laisse croire qu'au final ce sont les abstention­nistes qui ont voté. Quand 14 candidats réunissent chacun moins de 0,7% des voix pour ne totaliser, ensemble, que 4% des suffrages exprimés et que seulement les premiers dix classés dépassent les 3% fatidiques pour avoir droit à la subvention, c'est tout dire. Le couperet est tombé! Amateurism­e ou manque de maturité ou les deux à la fois sont le distinctif de la classe politique actuelle. Quand un candidat ne ramasse pas plus de 4.000 voix sous son nom, il aurait mieux fait d'écouter le conseil fait par le président Macron à un candidat à la recherche d'un travail, celui de traverser la rue pour les trouver. Ainsi l'on n'était pas loin du cirque dans ce premier tour des élections où s'affrontaie­nt, entre autres candidats, un ancien président de la République, deux anciens chefs de gouverneme­nt, 7 anciens ministres, un Chef de gouverneme­nt et un ministre en exercice. Tous ont été dirigés vers la porte de sortie alors que tous se prétendaie­nt issus de la famille des démocrates, mais incapables de s'entendre. Face à l'étendue des dégâts voilà qu'ils essaient de resserrer les rangs. Trop tard, la Tunisie n'est pas un cirque!

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