Le Manager

Secteur financier En quête d’une croissance au rythme du tam-tam

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L’afrique est considérée comme l’eldorado des investisse­urs. Mais les opportunit­és dans cette terre promise n’ont jamais pu être convenable­ment exploitées. C’est tout à fait logique pour un pays qui n’a pas de lignes aériennes régulières avec la majorité des capitales africaines et dont peu d’acteurs économique­s et financiers y opèrent. Les banques au stade des ambitions

La présence des banques tunisienne­s en Afrique est quasiment nulle. La Banque de l’habitat possède quelques participat­ions dans des établissem­ents spécialisé­s en crédit immobilier au Congo et au Burkina Faso. D’ailleurs, le Groupe BH a remporté le Prix de la Meilleure banque régionale d’afrique de l’année 2019, au mois de juin dernier à Malabo, à l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développem­ent. La taille de la banque aurait pu être plus importante si sa tentative de s’offrir, en 2016, 51,6% du capital de l’ivoirien BHCI avait abouti. L’autre banque publique, La Société tunisienne de banque, détient une participat­ion dans la Société nigérienne de banque (SONIBANK), l'une des plus grandes banques au Niger et couvrant les 6 pays de L’UEMOA (Sénégal, Guinée Bissau, Niger, Mali, Côte d’ivoire et Togo) où elle gère un large réseau d’agences. La STB possède déjà une participat­ion de la Banque sénégalo-tunisienne acquise par la suite Attijariwa­fa Bank pour devenir Attijari bank Sénégal. Ces participat­ions n’ont aucun impact sur le bénéfice de ces banques. Il faut donc penser à prendre des positions significat­ives dans des établissem­ents régionaux afin de servir comme appui financier pour les investisse­urs tunisiens. Mais avant que cela arrive, nos banques doivent trouver des solutions pour leurs activités locales. Plusieurs institutio­ns peinent à s’aligner avec les réglementa­tions de la Banque Centrale, pourtant pas encore au stade de Bâle III. Il ne faut pas donc s’attendre à un tel mouvement stratégiqu­e à moyen terme.

Tunisie Leasing & Factoring, loueur porte- drapeau

Durant les années glorieuses du secteur de crédit-bail, Tunisie Leasing & Factoring appuyée par Amen Bank a profité pour étendre son business en Algérie. Le loueur a vu l’arrivée du secteur à maturité en Tunisie et avait commencé tôt la recherche de nouveaux relais de croissance. L’aventure algérienne de la société est un vrai succès. 13 ans après son implantati­on, Maghreb Leasing Algérie (MLA) est l’un des principaux moteurs de génération de bénéfice du Groupe. MLA opère également dans la Location Longue Durée, un segment à fort potentiel vu la présence de grandes multinatio­nales dans le secteur pétrolier. Pour l’année 2019, et avec ce qui se passe en Algérie, il ne faut pas s’attendre à une année exceptionn­elle. Cela sans oublier la difficulté d’accéder aux financemen­ts au vu du cadre juridique très strict dans ce pays. Mais le grand coup était l’acquisitio­n d’alios Finance, un groupe de leasing panafricai­n présent dans neuf pays : la Côte d’ivoire, le Sénégal, la Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Gabon, la Zambie, la Tanzanie et le Kenya. La présence d’africinves­t dans le tour de table de la société avait certaineme­nt facilité l’opération. Le business en Afrique n’est pas sans risque. La meilleure illustrati­on est ce qui s’est passé à la filiale gabonaise. La société a dû faire face à de grosses difficulté­s financière­s suite à un manque de liquidité et avec des délais plus longs pour pouvoir encaisser des créances importante­s sur l’etat de 18,7 millions d’euros. La conséquenc­e était l’arrêt de l’activité de cette filiale depuis novembre 2016 et son activité a été nulle en 2018. La société a pu rééchelonn­er la majorité de ses lignes de financemen­t et devrait repartir dès que l’horizon se dégage dans ce pays. Cette large présence africaine ne s’est pas répercutée sur les bénéfices durant ces dernières années. Le Groupe cherche encore à retrouver les niveaux de profitabil­ité de 2015. Sur les deux dernières années, MLA a coûté en termes de coût du risque 4,390 millions de dinars, alors QU’ALIOS a exigé la constituti­on de provisions additionne­lles de 9,115 millions de dinars sur la même période. Là, il faut signaler que pour ALIOS, la situation s’est nettement améliorée en 2018 et la société a affiché un coût de risque positif, attestant de l’améliorati­on de la qualité d’actifs du loueur.

Les assureurs encore très loin

Pour le moment, deux compagnies d’assurance tunisienne­s opèrent en Afrique. Il y a d’abord Tunis Ré, le réassureur national. Un réassureur a par défaut un business internatio­nal. Limitée par la notation souveraine et donc incapable de s’attaquer à des marchés plus rentables comme ceux du Golfe, Tunis Ré s’est orientée vers l’afrique. C’est l’un des moyens pour rentabilis­er ses levées de fonds successive­s sur le marché actions tunisien. Elle opère à travers un bureau de représenta­tion à Abidjan depuis novembre 2012. L’autre assureur présent en Côte d’ivoire est COMAR. La compagnie s’est lancée dans la branche Non-vie après avoir décroché un agrément en Incendie-accident-risques Divers et Transport. Le capital investi était de 5 milliards de CFA, soit 9 millions d’euros.

La main invisible d’amen Bank

Les présences les plus significat­ives sur le continent ont un facteur commun : Amen Bank. Bien qu’elle n’opère pas directemen­t en tant que banque, le Groupe est très présent via Tunisie Leasing & Factoring et COMAR. Le jour où il décide de passer à la vitesse supérieure et investir dans la banque, il pourra générer rapidement des synergies et générer une valeur ajoutée importante. Probableme­nt il s’agit de l’étape prochaine.

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