Exporter les TIC tunisiennes en Afrique Peut-on faire mieux?
Dans une Afrique subsaharienne qui se digitalise d'arrache-pied, les entreprises tunisiennes ont des opportunités de développement très importantes. La concurrence est toutefois très rude.
Jusqu'à un passé très proche, l’afrique n’était qu’une simple consommatrice des innovations importées des quatre coins de la planète. Mais avec l'avènement du numérique, elle semble désormais prendre les choses en main, en développant les solutions de ses propres problèmes. Mieux encore, l’afrique a transformé l’énorme retard en termes d’infrastructures en une opportunité, l’utilisant comme le catalyseur d’une vague d’innovations. Cependant, l’afrique reste mal servie par les investisseurs. De fait, les startups à travers le continent ont levé en 2018 la somme de 1.2 milliard de dollars. Bien qu’il s’agisse d’un saut considérable (une croissance de 108% par rapport à l’an dernier), ce chiffre ne représente que 30% des montants levés en France (3.5 milliards de dollars) ! Au cours de ces dernières années, le secteur des TIC s’est distingué comme le secteur avec le plus grand potentiel de développement. Selon le rapport The Mobile Economy Africa, publié par la GSMA, le taux global d'adoption de téléphones mobiles en Afrique par rapport à la population avait déjà atteint 46% en 2015 et devrait continuer à croître d'environ 6% par an. La même année, la valeur ajoutée créée par l’économie mobile représentait 6,7% du PIB global de l’afrique, soit une valeur économique de 153 milliards de dollars. Selon la GSMA, ces chiffres devraient atteindre 7,6% et 214 milliards de dollars américains d'ici 2020. C eci ne peut être qu’une bonne nouvelle pour les entreprises tunisiennes du secteur qui étaient nombreuses à saisir cette opportunité. Rien qu’en juin dernier, Tunisie Telecom a lancé une nouvelle filiale, TT International Services, dont la mission est de “valoriser l’expertise” de l’opérateur historique, a affirmé au Manager Jamel Mhedhbi, son directeur général. En d’autres termes, la société sera chargée de mettre le savoir-faire de l'opérateur à disposition des acteurs économiques en Afrique. Ceci s’intègre dans la politique du groupe visant à retenir ses talents. Mais le marché africain n’est pas sans risque: instabilité politique, non-respect d e l a l oi… P roxym I T p réfère s e faire soutenir par des bailleurs de fonds internationaux pour prévenir tout risque financier, a souligné au Manager Wassel Berrayana, CEO de l’entreprise. Et d’ajouter: “Quand il y a une importante appréhension du risque, nous passons par notre filiale française qui permet de garantir les marchés”. L’entreprise a noué également un partenariat avec Deloitte Tunisie pour se faire accompagner sur ces différents marchés. Pour réussir en Afrique, Berrayana recommande également de nouer des partenariats avec les acteurs locaux. Cela nécessite cependant un investissement considérable en temps et en ressources pour former les équipes locaux et les soutenir dans leurs activités, explique Berrayana. Et d’ajouter : “Ceci permet d’avoir un important effet de levier”. Certains marchés offrent des opportunités de développement important. “Le Sénégal essaie de rattraper le grand retard qu'il a accusé en matière de digitalisation”, a souligné Berrayana. Et d'ajouter : “À mon avis, le marché sénégalais sera plus important que celui de la Côte d'ivoire dans les prochaines années”. De même, la RDC, en pleine transition démocratique, où tout est à reconstruire, est un marché qu'il faut bien garder en vue selon le chef d’entreprise, bien que malheureusement la corruption soit largement répandue, selon Berrayana. Notre voisin algérien mérite aussi un intérêt particulier, note -t-il : “J'espère que la transition démocratique contribuera à la levée des barrières à l’entrée”.
La révolution telecom
Si le digital connaît un boom en Afrique, c'est principalement grâce au développement rapide des réseaux mobiles à travers le continent. Avec TT International Services, Tunisie Télécom espère donc pouvoir tirer son épingle du jeu en capitalisant sur son expertise. Nous offrons nos services dans plusieurs activités : l'ingénierie télécom, mais aussi la finance, la gestion HR, l’arbitrage et même la régulation orientée Telecom. "Ces disciplines nécessitent un savoir-faire très pointu qu'on ne peut trouver que chez quelques acteurs présents en Afrique", souligne Mhedhbi. "Nous avons aussi l’avantage de maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur". Mais TTIS ne compte pas s'arrêter là : la nouvelle entreprise compte offrir des applications métiers développées en interne au profit des opérateurs africains. Cela viendra dans une seconde étape", explique le DG de TTIS.