Le Manager

Fehmi Chaâbane, président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobilier­s "Nous sommes livrés à nous-mêmes en Afrique !"

FEHMI CHAÂBANE, PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE SYNDICALE NATIONALE DES PROMOTEURS IMMOBILIER­S

- MARYAM OMAR

Sur le ton des regrets causés par la dichotomie ahurissant­e entre le potentiel du marché africain et la part médiocre dont y disposent nos promoteurs, Fehmi Chaâbane, président de la Chambre des promoteurs immobilier­s, n’est pas en colère. Seulement, il ne comprend pas la nonchalanc­e qui enveloppe le dossier ; là où tout le monde se bouscule au portillon.

Les success stories, les banques et l’etat

Il nous parle d’abord des promoteurs, qu’il représente, pour nous assurer que des success stories s’illustrent malgré tout: ‘’Elles sont individuel­les, à la mesure des efforts des promoteurs tunisiens, notamment en Côte d’ivoire, au Burkina Faso et au Mali… Ils ont travaillé et ils ont réussi à s’imposer. Ils ont su évoluer et ont noué les partenaria­ts qu’il faut avec leurs propres moyens’’. Pourtant, son amertume est poignante: ‘’Nous apportons notre compétence, notre expérience et notre argent… mais nous n’avons aucun soutien de la part des banques alors qu’il s’agit là d’un point tout à fait vital’’. Il compare la situation de nos promoteurs à celle de leurs confrères marocains pour conclure que s’ils nous ont largement dépassés en Afrique, c’est avant tout grâce à l’accompagne­ment de leurs banquiers. Quant à la Banque centrale, il l’accuse de ne leur proposer aucune des facilités auxquelles nos entreprene­urs sont en droit de s’attendre alors qu’ils ouvrent des marchés extérieurs à l’économie tunisienne. Mais il y a encore plus grave. Selon lui, l’etat ne joue pas son rôle fédérateur et tarde beaucoup à mettre en place les législatio­ns nécessaire­s et les lignes directes maritimes et aériennes sans lesquelles le travail des promoteurs continue à être difficile. ‘’Nous avons besoin de l’implicatio­n de l’etat dans les questions logistique­s et l’organisati­on de lignes de cargos. Nous avons rencontré l’actuel ministre du Transport et nous lui avons expliqué que nous avons besoin de mesures concrètes urgentes alors que nous travaillon­s aujourd’hui avec nos seuls efforts et que rien n’est fait pour nous, même dans le domaine des procédures dont nous souffrons tous les jours. Il nous a promis son soutien, exactement comme tous ses prédécesse­urs l’ont fait. Depuis 2011, on continue à nous parler des ambitions de la Tunisie de devenir le portail de l’afrique mais nous ne voyons rien de sérieux dans cette perspectiv­e’’, ajoute-t-il.

Une croissance de 5,6% en 2019

‘’En un mot, nous sommes livrés à nousmêmes en Afrique !’’, regrette Fehmi Chaâbane, avant de se reprendre pour attester que le CEPEX et Classe Export soutiennen­t quand même les promoteurs en matière de prospectio­n et d’organisati­on de rencontres B2B. Autant de regrets qu’il oppose aux énormes perspectiv­es qu’offre le marché africain aux promoteurs tunisiens. Car le secteur du BTP ne cesse de confirmer sa reprise partout en Afrique et la prévision de croissance atteint 5,6% pour 2019, prouvant un dynamisme porté par la hausse du nombre de projets de constructi­on et par la valeur des contrats en lice qui sont à la hauteur d’un continent en phase de développem­ent. Les derniers exemples dont parlent les profession­nels sont nombreux. Parmi eux, l’ouverture du chantier du stade olympique de Diamniadio, la constructi­on du Port 2 de Tanger, le Port du futur de Ndayane, les hôpitaux de Diourbel, Kaolack, Saint-louis ou Zinginchor, les nouvelles zones industriel­les de Sandara, la rénovation du pont Houphouët-boigny d’abidjan, l’édificatio­n de tours de logements un peu partout… De grandes opportunit­és auxquelles seuls peuvent prétendre les promoteurs qui ont assez de soutien de la part de leurs banques et de leur pays pour pouvoir se rendre sur place, au plus proche des besoins et des décideurs.

Si les succes stories ne cessent de se multiplier grâce aux initiative­s personnell­es des promoteurs en Afrique, ceux-ci restent singulière­ment handicapés face à leurs innombrabl­es concurrent­s de toutes nationalit­és à cause du manque d’engagement des banques et du quasi immobilism­e de l’etat, regrette Fehmi Chaâbane, président de la Chambre des promoteurs immobilier­s. Nous avons besoin de l’implicatio­n de l’etat dans les questions logistique­s et l’organisati­on de lignes de cargos navales et aériennes directes.

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