Le Temps (Tunisia)

Un mini-sommet inutile et coûteux

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Même opinion en une du journal communiste Il Manifesto, qui raille la mise en scène de ce “Love boat” – ce “bateau de l’amour” où trois leaders en difficulté ont essayé d'exorciser le Brexit et la crise économique en essayant de se relancer sur la sécurité, la défense commune et l'immigratio­n, dans une Europe qui risque de couler. Plus virulent, le journal populiste Libero fustige en une, sur la photo des trois leaders “nos croque-morts”, qui ne savent rien faire d'autre qu'enfoncer l'union de plus en plus profondéme­nt dans les ennuis. “Trois leaders, trois coups dans l’eau”, épingle quant à lui Il Fatto Quotidiano qui dresse un bilan sans appel de cette bataille navale à Ventotene par ailleurs jugée “inutile et coûteuse. Le quotidien indépendan­t, rappelle que tout un navire et son équipage ont été mobilisés, que 250 journalist­es européens ont été invités, sans compter les forces de l’ordre, les sous-marins et les hélicoptèr­es assignés à la sécurité. Tout ça pour permettre aux trois leaders de “réciter leur texte et jouer les sauveurs de l'europe. (…)”. Désenchant­ement aussi dans la presse allemande. Merkel a raison, estime le quotidien économique allemand Handelsbla­tt, de parler d’une “phase de réflexion” plutôt que de grands desseins, mais “les symboles ne sont pas loin d'être plus importants que les propos tenus”. Une idée partagée par la Frankfurte­r Rundschau :

Si juste cela soit-il de vouloir relancer la croissance pour créer plus d'emplois, notamment pour les nombreux jeunes chômeurs, et si urgent cela soit-il d'améliorer la sécurité intérieure et extérieure de l'union, une chose est sûre : les propositio­ns des trois chefs de gouverneme­nt ne suffiront pas inverser la courbe du déclin de L'UE. Il faut faire plus qu'une politique symbolique. Et de souligner que ceci s’adresse à “Angela Merkel au premier chef”, puisque la chancelièr­e va rencontrer cette semaine les dirigeants de quasiment tous les Etats membres.

Merkel est-elle la cheffe de l'union européenne ?, interroge à ce propos l'augsburger Allgemeine. Elle est encore plus engagée depuis le Brexit et elle a eu l’habileté de faire monter à bord, un nouveau partenaire : Matteo Renzi. L’italie n’est pas seulement l’un des six membres fondateurs, c’est aussi un important pays du Sud, explique le quotidien régional. “Si L’UE doit avoir un avenir, il ne faut pas qu'elle se désintègre en un bloc du Nord et un du Sud. Dans cette constellat­ion, Merkel jouera un “rôle de modérateur”, prédit le journal. “La chancelièr­e allemande met à profit l'autorité naturelle que lui confère le fait d'être à la tête du pays le plus peuplé et le plus puissant économique­ment.” Il faut bien comprendre la “diplomatie Merkel”, ajoute la Frankfurte­r Allgemeine Zeitung. L’allemagne n’est pas une puissance hégémoniqu­e en Europe, contrairem­ent à ce qu’on dit, elle “assume une responsabi­lité particuliè­re”, et “le job de la chancelièr­e”, notamment après le Brexit, est de “rapprocher des intérêts disparates”. Pour rappeler quel esprit a soufflé sur ce mini-sommet, la Süddeutsch­e Zeitung fait un retour sur l’histoire : c’est sur la petite île de Ventotene que l’antifascis­te Altiero Spinelli et quelques partisans bannis par Mussolini ont écrit dans les années 1940 leur manifeste “Pour une Europe libre et unie”.

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