Le Temps (Tunisia)

Une soirée « Châbiya » par excellence

- L. B. K.

Le rendez-vous avec cette chanteuse, adulée des publics du monde arabe depuis quelques années déjà, était une belle surprise pour le public tunisien, car Yosra Mahnouch, bien que saluée par les ténors de la chanson arabe, à l’instar de Kadhem Essaher, pour sa voix puissante et veloutée, lors de grands concours de découverte de voix d’avenir, n’a pas encore à son actif un large répertoire. Elle ne fait pas trop parler d’elle, courir les fans d’ici et d’ailleurs lors de ses concerts.

Le récital de clôture du festival de Carthage n’était donc qu’une juste récompense pour les efforts déployés par Yosra Mahnouch pour s’être affirmée sur l’arène artistique surtout arabe plutôt que tunisienne. Et mieux encore, on ne se l’arrache pas en Tunisie, étant donné que notre cantatrice ne donne pas de concerts publics et ne fait pas encore sauter les baraques. Elle n’a pas, en plus, de chansons que tout le monde fredonne, par exemple. Et grosso modo, elle chante des chansons irakiennes qui l‘ont fait artistique­ment naître. Pour les nouveautés, elles se comptent encore sur les doigts d’une main. Et encore. Car Yosra se permet, sinon se suffit, à l’instar de tous les chanteurs tunisiens actuels, d’emprunter les oeuvres des géants de notre musique. Cela a été avec « Fil mahfel ritouchi Khédija ? », une chanson que chantait Raoul Journou. Nos artistes savent si bien profiter des occasions qui s’offrent à eux pour rabâcher le legs musical des aïeux. Et si c’était un artiste étranger qui était en clôture du festival de Carthage ? Il faudrait donc penser le contraire, car le festival de Carthage a choisi de « donner la chance aux artistes tunisiens » depuis au moins une vingtaine d’années, pour clôturer ses nuits musicales. Tiens, c’est bien cela le festival de Carthage ! Que non ! Nous diraient les organisate­urs. Car il y a eu du théâtre cette année. Nous leur répondrons qu’il n’y avait pas eu une seule création, du moins pour l’ouverture. Car on y a repris, pour les soirées théâtrales, les créations de la saison écoulée. On se rend à l’évidence que le festival de Carthage est devenu un festival musical, en quelque sorte, qui doit faire le

Petite satisfacti­on

Où sont donc passés les spectacles de ballet ? Le Jazz ? La chanson française ? La variété anglo-saxonne ? Le théâtre d’expression française ? Pour Yosra Mahnouch, elle a ouvert sa prestation en reprenant la chanson « Ya Tounes doumti ghalia » appartenan­t à sa mère la chanteuse Hazar, qui a raccroché. Yosra a vécu, dès sa douce enfance, dans un milieu artistique entre un père poète de la chanson, Habib Mahnouch, en l’occurrence et sa mère cantatrice, comme précédemme­nt dit. « Kol chay » répétait Yosra en répondant aux suggestion­s des spectateur­s pour affirmer qu’elle va tout chanter pour eux. La seule satisfacti­on a été la chanson-hymne à la vie que Yousra Mahnouch a mise en musique. « Acha achahid » a été écrite par le martyr Mohamed Islam Zouari, quelques jours avant son départ à jamais. Le reste du programme versait dans les reprises de chansons orientales célèbres, celles d’oum Kalthoum, de Souad Mohamed, de Kadhem Essaher, de Warda…tout le monde a donc eu son compte lors de ce concert de clôture du festival de Carthage.

Le concert de la chanteuse tunisienne Yosra Mahnouch clôturait récemment la 52è édition du festival internatio­nal de Carthage dans un bain de foule et de joie. Un «truc » qui sied parfaiteme­nt à l‘esprit de ce festival qui sacrifie depuis belle lurette au désir d’un public « ordinaire » qui vient faire le plein et « veiller » à Carthage.

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plein à chaque soirée ! Touchons du bois !

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