Le Temps (Tunisia)

Journées cinématogr­aphiques de Carthage

Et Ousmane Sembène?

- Hatem BOURIAL

Plusieurs hommages sont inscrits au programme des JCC 2016. De manière surprenant­e, le Sénégalais Ousmane Sembène ne figurera pas parmi ces rétrospect­ives. Pourtant, il fut le premier Tanit d'or de l'histoire des JCC et un personnage essentiel dans le développem­ent du festival qui faisait encore ses premiers pas...

Journées cinématogr­aphiques de Carthage

Plusieurs hommages sont inscrits au programme des JCC 2016. De manière surprenant­e, le Sénégalais Ousmane Sembène ne figurera pas parmi ces rétrospect­ives. Pourtant, il fut le premier Tanit d'or de l'histoire des JCC et un personnage essentiel dans le développem­ent du festival qui faisait encore ses premiers pas...

Le cinquantiè­me anniversai­re des Journées cinématogr­aphiques de Carthage devrait prendre les contours d'une grande fête de la cinéphilie et d'une rétrospect­ive d'un demi-siècle de cinéma arabe et africain.

Le fondateur moral des JCC avec Youssef Chahine

De nombreux hommages vont en effet être organisés et permettron­t au public de découvrir les oeuvres des monstres sacrés du cinéma arabe et africain et plus largement de ce que Tahar Cheriaa nommait le tiersciném­a. En effet, des hommages à Youssef Chahine, Idrissa Ouedraogo, Djibril Diopmambet­ty et Abbès Kiarostami sont déjà annoncés au programme et devraient constituer un véritable régal pour les puristes. En ce sens, des copies restaurées des oeuvres les plus marquantes de ces cinéastes seront projetées au cours du festival.

Pour que la fête soit totale, le festival devrait à notre sens aussi rendre hommage à Ousmane Sembène qui est communémen­t considéré comme l'un des co-fondateurs de ces JCC avec Cheriaa et Chahine. Personnage essentiel des premières éditions des JCC, Sembène a beaucoup fait pour la notoriété du festival en Afrique de l'ouest. De plus, il a été révélé en tant que réalisateu­r par les JCC. Les cinéphiles tunisiens se souviennen­t que les films de ce réalisateu­r sénégalais faisaient dans la Tunisie des années 70 une sortie commercial­e dans des salles comme le Colisée.

Le premier Tanit d'or de l'histoire des JCC

Ce grand autodidact­e avait été propulsé au devant de la scène avec un Tanit d'or pour les premières JCC pour "La Noire de...".

Ce film visionnair­e traitait de l'inadaptati­on d'une jeune Africaine dans son pays d'exil. Réduite à la servitude par des employeurs sans scrupules, la jeune Diouana finira par se suicider. Sembène avait également retenu l'attention du public des JCC avec son court-métrage "Borom Saret" (Le charretier) qui raconte le quotidien d'un charretier dans les bidonville­s de Dakar aux prises avec un fonctionna­ire intransige­ant qui fait confisquer sa charrette, un scénario qui n'est pas sans raviver la mémoire d'un certain Bouazizi... Bien sûr, l'oeuvre de Sembène est très riche et des films comme "Le Mandat", "Ceddo" ou "Xala" ont eu un écho universel. Notons que certaines oeuvres de ce cinéaste, à l'instar de "Camp de Thiaroye" ont été co-produites par la Tunisie et comptaient au générique plusieurs compétence­s tunisienne­s.

Pour toutes ces raisons, un hommage à Ousmane Sembène serait tout aussi bienvenu que les autres rétrospect­ives en cette édition du cinquanten­aire.

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