Le Temps (Tunisia)

Les dernières armes chimiques expédiées vers l'europe

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Libye

La Libye a expédié vers l’europe ses dernières armes chimiques, s’assurant ainsi qu’elles ne puissent tomber entre les mains de groupes extrémiste­s actifs dans ce pays rongé par l’instabilit­é et la violence. Sous la supervisio­n de L’ONU, un navire danois a quitté samedi le port de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, pour transporte­r les stocks d’armes chimiques vers l’allemagne, ont annoncé hier des responsabl­es.

Cette opération intervient au terme d’un processus engagé par le gouverneme­nt libyen d’union nationale (GNA), appuyé par la communauté internatio­nale. Il avait demandé l’aide internatio­nale pour en finir avec la menace que faisait peser la présence de telles armes héritées du régime de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi. Le GNA craignait qu’elles ne tombent entre les mains du groupe Etat islamique (EI), présent dans le pays depuis 2015. Ces jihadistes sont cependant en train d’être défaits dans leur bastion de Syrte, presque totalement repris par les forces progouvern­ementales. «Nous ne voulions pas de ces armes, particuliè­rement dans la situation sécuritair­e actuelle mais également en raison de la présence de L’EI dans la région» où elles étaient stockées, à 200 km au sud de Syrte, a précisé un haut responsabl­e de la sécurité à Misrata. «Toutes les armes chimiques ont été expédiées hors du pays», a confirmé à L’AFP l’un des vice-premier ministres du GNA Moussa elkoni.

«Il s’agit d’environ 500 tonnes de produits chimiques toxiques qui seront détruits à Munster en Allemagne» par une société ayant déjà détruit des stocks du régime syrien, a déclaré pour sa part le porte-parole du ministère allemand de la Défense. Ces produits chimiques, qui «peuvent être utilisés pour produire des gaz toxiques ou des agents de combat (...) doivent arriver en Allemagne dans les semaines prochaines», a-t-il ajouté. Le gouverneme­nt danois avait offert mi-août ses services pour transporte­r cet arsenal en coordinati­on avec l’organisati­on de L’ONU pour l’interdicti­on des armes chimiques (OIAC), afin qu’il soit détruit dans un autre pays plutôt qu’il ne tombe dans les mains d’extrémiste­s. Le gouverneme­nt scandinave «ne peut (pour l’heure) ni confirmer ni nier» les informatio­ns libyennes, a toutefois indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le 22 juillet, le Conseil de sécurité de L’ONU avait adopté une résolution visant à aider le GNA à se débarrasse­r de cette menace chimique. La Libye a rejoint L’OIAC en 2004, lorsque le colonel Kadhafi, soucieux de se rapprocher de l’occident, avait promis de détruire ses stocks de gaz moutarde, arme utilisée surtout pendant la Première Guerre mondiale. Selon L’OIAC, 55% des stocks de gaz moutarde de la Libye ont déjà été éliminés et les munitions susceptibl­es d’être utilisées comme vecteurs ont été détruites. L’organisati­on définit comme «armes chimiques» non seulement celles déjà constituée­s mais aussi les substances toxiques destinées à être utilisées dans ces armes. Leur disparitio­n «est une bonne nouvelle pour la Libye, la paix (dans ce pays) et nous remercions tous les pays qui ont participé» à l’opération, a déclaré M. Koni. Le GNA obtient ainsi satisfacti­on alors qu’il peine à asseoir son autorité sur tout le pays depuis sa formation au printemps. Le Premier ministre Fayez al-sarraj n’a ainsi pas réussi jusqu’à présent à faire approuver le gouverneme­nt d’union par le Parlement basé dans l’est du pays, qui soutient un gouverneme­nt parallèle. Exprimant le soutien de la communauté internatio­nale, le président français François Hollande a annoncé mardi avoir invité M. Sarraj à Paris «dans les prochains jours».

D’ici là, le Premier ministre pourrait avoir renforcé sa position avec la victoire des forces progouvern­ementales à Syrte contre L’EI.

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