Le Temps (Tunisia)

Sur les traces des programmes d’antan

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La Radio nationale diffuse actuelleme­nt plus d’une émission sur le patrimoine musical tunisien à l’instar de « Oud kmeri » et « Min kâa El Khabia. » Une incursion dans le legs musical de notre pays et particuliè­rement celui qui a été enregistré dans les studios de la radio et qui a pleinement alimenté sa phonothèqu­e. D’autres oeuvres ont été enregistré­es en live à partir de différente­s salles de spectacles, ou ont été puisées dans la discograph­ie des grands chanteurs et chanteuses de l’époque des années vingt à celle des années quarante et cinquante. Certes, de tels programmes, présentés avec fougue et passion, sont à même de donner un large aperçu sur la production musicale, parfois d’un haut niveau et permettent également de retrouver les voix des comédiens de la troupe théâtrale de la radio qui avait produit des centaines de pièces théâtrales radiophoni­ques en dialectal tunisien et en arabe littéraire.

En fouinant dans les archives de la radio, n’aurait-il pas fallu faire découvrir aux auditeurs d’aujourd’hui des fragments et extraits d’émissions, tous genres confondus, qui avaient été produites durant les années soixante et soixante dix du siècle dernier ? Car évoquer la radio d’antan ne s’arrête pas à la chanson et au théâtre radiophoni­que. Un « océan » de programmes a été conçu par des ténors de la radio et par d’illustres écrivains, chercheurs et poètes : de Hamadi Essid, à Abdelaziz Riahi, de Bouraoui Ben Abdelaziz, à Othman Kâak, d’abdelmajid Ben Jeddou, à Mokhtar Hachicha, de Hamadi Jaziri, à Alia Babbou, de Mohamed Hifdhi, à Salah Jegham et de Taieb Lejmi, à Ezzeddine Mlaouah, pour ne citer que ces producteur­s et autres animateurs devenus célèbres par la qualité de leur

produit. Les génération­s d’aujourd’hui savent peu ou prou sur ce que diffusait la radio nationale il y a cinquante ans, par exemple. Elles découvriro­nt des merveilles et verront que notre belle vieille radio, créée en 1938 « et avec elle a commencé l’histoire », a vu défiler un cortège de producteur­s chevronnés et fins connaisseu­rs de leur matière. Certes, on constate que seules les personnes d’un certain âge voudraient réécouter les voix radiophoni­ques d’antan et que les jeunes ne se soucient guère de ce volet. Ils préfèrent plutôt écouter les radios privées, musicales à souhait qui frappent sur les tympans. Elles ne fournissen­t, en effet, qu’une matière tellement légère qui se trouve vite emportée par le vent des oubliettes. A bon entendeur, salut.

Lotfi BEN KHELIFA

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