20 chaînes de télévision et de radio fermées
Le gouvernement turc accuse ces chaînes kurdes d’entretenir des liens avec des groupes terroristes. Les critiques dénoncent un abus des pouvoirs de l’état d’urgence, destiné à museler la presse indépendante. «Propagande terroriste». L’argument invoqué par les autorités turques, qui ont ordonné la fermeture de 20 chaînes de télévision et de radio, dont une ne diffusant que des programmes pour enfants. De quoi nourrir les inquiétudes quant aux dérives de l’état d’urgence, selon le Guardian. Une mesure instaurée à l’origine pour traquer les responsables du coup d’etat de juillet, que les autorités turques attribuent aux partisans du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-unis. Mais détournée de son usage à plusieurs reprises afin de museler la presse et de réprimer la rébellion kurde. D’après Hamza Aktan, rédacteur en chef à IMC TV cité par leguardian: «Ça n’a rien à voir avec le coup d’etat. Il s’agit de faire taire les derniers médias indépendants qui osent parler du conflit avec les kurdes et des violations commises par le régime.» Les chaînes concernées sont en effet détenues ou gérées par des membres des minorités kurdes et alévies. IMC Tv s’était distinguée par une série de reportages consacrés aux 14 mois d’intervention des forces de sécurité turques contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mais d’autres chaînes frappées d’interdiction ne se mêlaient ni d’actualité ni de politique. Comme Govend Tv, spécialisée dans la musique traditionnelle, ou Zarok Tv, qui diffusait des dessins animés pour enfants en langue kurde. Les employés D’IMC Tv ont continué leur diffusion jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre dans leurs locaux. Suspectés de collusion avec le PKK, ils avaient déjà été privés de connexion satellite par la justice en février dernier, rappelle le quotidien britannique. Depuis l’instauration de l’état d’urgence, près de 100 000 fonctionnaires suspectés d’entretenir des liens avec la confrérie Gülen on été révoqués, et 32 000 personnes arrêtées. 2500 journalistes ont perdu leur emploi et plus d’une centaine ont été emprisonnés. Une situation dénoncée ce matin par l’association des journalistes turques: «Les journalistes qui ne partagent pas la vision du gouvernement sont incarcérés sur la base de fausses accusations. Le gouvernement devrait arrêter de cibler des journalistes qui oeuvrent pour le droit du public, celui d’avoir accès à l’information et à la vérité», a-t-elle déclaré dans un communiqué, rapporté par le Washington Post. Côté gouvernement, les responsables assurent que ces fermetures ont pour seul motif les liens entretenus avec des groupes terroristes. Le président Erdogan a déclaré mardi que l’état d’urgence serait prolongé d’au moins trois mois.