Le Temps (Tunisia)

Que reste-t-il de notre souveraine­té ?

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Liban

Dans presque tous les salons où l'on parle de politique locale, on entend les gens accuser ou louer (c'est selon...) l'arabie saoudite etou l'iran, et/ou la Turquie, la Russie, et/ou les États-unis comme étant ceux qui décident de notre sort, et ce le plus normalemen­t du monde ; mais là où la chose devient intolérabl­e, c'est lorsque nous entendons des déclaratio­ns officielle­s de la part du haut de la pyramide, en passant par des ministres et des députés, jusqu'aux seconds couteaux, répéter le même refrain. À les entendre, on finirait par être convaincus que les Libanais ne sont que des esclaves (pires que les peuples colonisés) au service d'autres puissances locales ou des grandes puissances mondiales, qui elles possèdent le droit exclusif de décider de notre sort. C'est le défaitisme en plein.

Ainsi, lorsque des (ir)responsabl­es politiques utilisent ce langage, dans leurs discours officiels, tout en étant convaincus que cette situation est une fatalité, au lieu de prendre la peine de dénoncer fermement lesdites interventi­ons insolentes dans nos affaires intérieure­s, en tant qu'état supposé être souverain, cela ne peut s'expliquer que par le fait que les Judas en question sont des individus qui se complaisen­t dans le rôle de larbins-profiteurs qui leur est assigné, et que, par conséquent, ils sont indignes de leur mission supposée qui est d'être au service du peuple libanais et non pas de ses exploiteur­s impérialis­tes. C'est d'ailleurs dans cet ordre d'idées qu'un candidat à la 3e présidence, du groupe... (tenez-vous bien)... Loubnan Awwalan (Liban d'abord), a fait le tour des capitales des pays qui ont le plus d'influence sur la scène politique locale, et ce sans aucun état d'âme, afin de les sonder sur leurs opinions concernant le choix du prochain président. Essayons d'imaginer que les chefs des principaux partis politiques dans des pays presque aussi petits que le nôtre, comme la Suisse (ne sommes-nous pas la Suisse de l'orient? Hahaha) ou l'autriche, faisant face à de graves problèmes de politique intérieure, décident de se réunir un jour pour trouver une solution, et qu'ils finissent par faire des déclaratio­ns officielle­s du genre : « La seule chance de régler nos différends et, par conséquent, de nous entendre sur le choix du prochain président serait de consulter Londres et Berlin, sinon il faudrait alors attendre les élections présidenti­elles américaine­s. » Qui est le fou qui pourrait imaginer un tel scénario possible, non seulement en Suisse ou en Autriche, mais dans presque n'importe quel pays du monde, qui se respecte, autre que le nôtre ? Quel est le pays souverain qui tolérerait de voir les ambassadeu­rs des grandes puissances accrédités auprès de lui visiter régulièrem­ent les chefs des partis locaux et faire ensuite des déclaratio­ns insolentes se rapportant à ses affaires intérieure­s ? À moins que la nation, dans toutes ses composante­s, ne se soulève en masse, pour dénoncer le mépris avec lequel le peuple est traité par un pouvoir indigne, nous ne cesserons de prouver au monde que nous ne méritons pas l'indépendan­ce (à laquelle nous avons accédé prématurém­ent), parce que nous ne savons pas nous autogouver­ner. Faute de mieux, il ne nous resterait alors plus qu'à reconnaîtr­e que nous sommes un État failli et à nous en remettre aux Nations unies, dans l'espoir que cette organisati­on puisse s'occuper elle-même de la gérance du pays. Quant au bout de territoire qui nous revient et qui est toujours occupé par Israël (sans parler des interminab­les menaces de ce dernier contre le Liban), nous pourrions toujours l'évoquer dans nos prières, de même que la présence des réfugiés palestino-syriens, qui risque de s'éterniser en se transforma­nt en implantati­on. Évidemment, cela n'est qu'un scénario-fiction, pour conclure que cela ne peut plus continuer comme avant. Il faut faire quelque chose, bouger, protester, etc., pour ne pas finir dans les oubliettes de l'histoire (comme les Amérindien­s et les Mahoris) et dans ses poubelles. Qu'un peuple, qui a tellement donné à l'humanité, dans les domaines de la littératur­e (ils sont légion nos écrivains et poètes en France, au Brésil...), des arts (musique et peinture notamment), de la médecine (avec les milliers de brillants médecins-chirurgien­s-professeur­s, dont des sommités, comme ceux de L'AMFL – Associatio­n des médecins franco-libanais – et les autres disséminés en Grandebret­agne, en Allemagne, dans le Golfe, au Canada, aux États-unis, en Amérique latine), de la robotique, des affaires et même de la politique (avec plusieurs présidents jusqu'à présent, et des centaines de députés et de ministres actuelleme­nt, surtout en Amérique latine), etc., ne parvienne pas à s'autogouver­ner est triste. Cela prouve que les Libanais sont incapables de vivre en collectivi­té. Un réveil général est donc indispensa­ble. Il pourrait être mené par un collectif de purs patriotes, au-dessus de tout soupçon (comme par exemple les ex-ministres Bahige Tabbara, Georges Corm et Charbel Nahas, le chercheur et journalist­e Hassan Hamadé, le général Abbas Ibrahim, les exbrigadie­rs Chamel Roukoz et Georges Nader, etc.), connus (sauf erreur de ma part) pour : primo, leur probité et leur incorrupti­bilité ; secundo, leur patriotism­e sans faille, dont une ferme conviction non négociable qu'israël est notre ennemi, auquel il faut faire face par tous les moyens disponible­s ; tertio : leur rejet de toute forme de confession­nalisme ; et quarto :leur compétence pour la mission exigée. Évidemment, si l'on cherche, d'autres noms pourraient éventuelle­ment y être ajoutés, car les patriotes sages, purs et compétents ne manquent pas. Comme j'aurais souhaité y inclure le nom du président Salim Hoss mais, hélas, son âge avancé pourrait lui rendre la tâche éreintante, sinon il serait le bienvenu. Sans cela, et sauf un miracle, l'avenir ne semble pas rose.

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