La scène politique et sociale en ébullition
L'initiative de Béji Caïd Essebsi – annoncée le 2 juin 2016 – a fini par se concrétiser suite à un long périple. Depuis qu'il ait obtenu la confiance de l'assemblée des représentants du peuple, le gouvernement d'union nationale ne cesse de se heurter à de grandes contestations de toute part. S'il est vrai que le gouvernement de Youssef Chahed n'est là que depuis quelques semaines, la version définitive du projet de loi de finances 2017 déposée au Parlement a provoqué une farouche opposition.
L’initiative de Béji Caïd Essebsi – annoncée le 2 juin 2016 – a fini par se concrétiser suite à un long périple. Depuis qu’il ait obtenu la confiance de l’assemblée des représentants du peuple, le gouvernement d’union nationale ne cesse de se heurter à de grandes contestations de toute part. S’il est vrai que le gouvernement de Youssef Chahed n’est là que depuis quelques semaines, la version définitive du projet de loi de finances 2017 déposée au Parlement a provoqué une farouche opposition. Cela a commencé avec l’union générale tunisienne du travail (UGTT) qui a enchaîné, à coups de communiqués publics et de déclarations médiatiques, les représailles face à ce qu’elle a considéré comme étant une grave atteinte aux droits basiques des ouvriers. La centrale syndicale s’est en effet opposée à la décision du gouvernement en ce qui concerne le gel des salaires. L’UGTT a aussi rejeté la hausse de l’impôt qui serait imposée aux salariés tout en appelant le gouvernement de lui communiquer tous les chiffres relatifs aux finances publiques. Suite à une intervention musclée de son secrétaire-général, la centrale syndicale a été invitée à de nouvelles séances de dialogue. Une invitation qui lui a été adressée par le chef du gouvernement.
De son côté, et après avoir affiché un accord trop précipité, l’union tunisienne de l’industrie du commerce et de l’artisanat (UTICA) s’est à son retour rétracté en expliquant que les sociétés ne sont pas toutes en mesure de répondre aux sacrifices qui lui sont demandés aujourd’hui. La présidente de la centrale patronale, Wided Bouchamaoui, a estimé, dans le même contexte, que la meilleure chose à faire avec ce nouveau blocage socioéconomique, est de reprendre la table des négociations au palais de Carthage. Lors d’une déclaration accordée à Assabah, Bouchamaoui est même allée jusqu’à donner raison à L’UGTT dans sa prise de position. « L’UGTT a raison de refuser de payer à elle toute seule les erreurs politiques et économiques. De notre côté, nous ne pouvons accepter que les sociétés se voient obligées d’augmenter et les salaires et les impôts » a expliqué la présidente de L’UTICA.
Si les deux organisations ont affiché leur désaccord via des déclarations et des communiqués, l’ordre national des avocats tunisiens a, quant à lui, choisi la manière forte pour exprimer son mécontentement du projet de loi de finances 2017. Suite à la grève générale observée vendredi dernier, les avocats ont annoncé une semaine de colère durant laquelle ils devraient porter des brassards rouges de neuf jusqu’à dix heures du matin (dans tous les tribunaux de la République) et finir la semaine avec une marche de protestation à l’échelle nationale. Réagissant à cette annonce, les autorités ont appelé les avocats à plus de dialogue. C’est dans ce cadre que le Bâtonnier, Ameur Mehrzi, a été reçu, hier, par le président de la République. À l’issue de cette rencontre, le bâtonnier a déclaré que le chef de l’état s’est entretenu avec lui sur les moyens de surmonter la crise. Les avocats ne sont pas les seuls à être insatisfaits du résultat final du projet de loi en question, les médecins prépareraient, à leur tour, des rassemblements de contestations. Le gouvernement d’union nationale est aujourd’hui accusé d’avoir violé, dans son intégralité, le pacte de Carthage. Face à ces accusations, la ministre des Finances, Lamia Zribi, a tenté d’expliquer, lors d’une intervention télévisée, que l’état des lieux de l’économie nationale ne laisse aucune marge de manoeuvre à l’équipe gouvernementale qui est aujourd’hui dans l’obligation de boucler le budget de l’état coûte que coûte. En même temps, ce projet de loi n’a pas été entièrement préparé par le gouvernement de Youssef Chahed qui n’a fait que le reprendre – puisque son élaboration avait été entamée par l’équipe de l’ancien chef du gouvernement, Habib Essid. De son côté, l’ancien ministre des Finances et actuel membre de la commission des Finances au sein de L’ARP, Slim Besbes, a avoué que ce texte est « l’un des plus dangereux textes de loi paru en Tunisie depuis son indépendance ».
Force est de constater que la Tunisie s’apprête à vivre une grande période de tension sur le plan social et on en arriverait peut-être à ne plus parler de paix sociale.