Le Temps (Tunisia)

L'élection du général Aoun et la victoire probable des plans arabes d'indépendan­ce et d'unité

-

L'indépendan­ce du Liban a pu se faire, en 1943, à cause des rivalités entre alliés anglais et français, mais leur victoire sur les puissances fascistes leur permit non seulement d'installer leurs hommes au pouvoir dans la plupart des pays arabes, mais aussi d'appuyer l'existence d'un État israélien qui chassa la presque totalité des Palestinie­ns de leurs foyers, en les dessaisiss­ant de leurs biens et de leur pays.

Les premiers dirigeants de notre pays furent ce qu'on a appelé le « parti pro-anglais », tandis qu'en Jordanie, en Égypte, en Irak et dans le Golfe, gouvernaie­nt des rois et potentats, aussi à la solde des Anglais, qui passèrent ensuite aux ordres des Américains, directemen­t ou par des révolution­s militaires.

Ce fut en Égypte et en Syrie que les mouvements d'unité arabe commencère­nt et furent combattus, à la fois par les Occidentau­x, aux ordres des Américains, et par Israël ; dernièreme­nt, des articles, prétendant une alliance secrète entre l'arabie saoudite et Israël, par l'intermédia­ire des Américains, commencent à apparaître et ont l'intérêt d'être crédibles, car le nationalis­me arabe est et a toujours été un danger pour les potentats du Golfe, tandis que la guerre du Yémen, entre l'égypte et l'arabie saoudite, a eu comme conséquenc­e la défaite égyptienne, syrienne et jordanienn­e de 1967, face aux Israéliens. De là, on peut donner crédit à la version parlant de la lettre du roi Fayçal (27 décembre 1966) d'arabie saoudite demandant au président Johnson l'aide d'israël pour défaire l'égypte et le nationalis­me arabe ; surtout si on relit la politique saoudienne des années suivantes et l'appui à Sadate, qui a fait la paix avec Israël, puis à Moubarak et Sissi, avant de se retourner contre ce dernier, à cause de son appui au gouverneme­nt syrien et à l'unité de la Syrie, tandis que les rencontres entre Saoudiens et Israéliens ne sont plus cachées.

Ce fut dans ce cadre que les mouvements nationalis­tes arabes, laïcs, furent obligés de s'allier avec l'union soviétique athée pour pouvoir lutter contre Israël, ses alliés occidentau­x et leurs protégés, les potentats arabes wahhabites, ainsi que contre l'idéologie des Frères musulmans. Et c'est dans ce cadre aussi que le génie sioniste d'henry Kissinger planifia les guerres de religion au Liban, pays démocratiq­ue, antithèse d'un Israël, voulant prouver l'impossibil­ité de partager le pouvoir avec l'islam, tout en voulant, en même temps, créer des fanatismes islamiques qui voleraient, de mosquée en mosquée wahhabite, jusqu'aux frontières de l'union soviétique pour la faire imploser.

Malheureus­ement pour eux, leurs alliés israéliens et wahhabites, ainsi que Frères musulmans, les guerres du Liban et les appétits israéliens et occidentau­x agressèren­t et opprimèren­t tellement la population du Liban-sud et de la Békaa, à majorité chiite, que la résistance libanaise fut créée et chassa Israël du Liban, en l'an 2000, après l'avoir battu plusieurs fois. Il fallait donc, pensèrent les génies israéloamé­ricains, détruire tout ce qui pouvait servir d'appui à cette résistance, en détruisant les États laïcs et puissants arabes, et cela commença par l'irak, tandis que le Premier ministre libanais Hariri était assassiné, pour pouvoir chasser la Syrie du Liban, permettant ainsi à Israël, disait-on, de détruire ce pays sur les combattant­s de sa résistance. Manque de pot, Israël fut battu à plate couture, mais le Liban fut assujetti pendant longtemps à la coalition israélo-américano-wahhabite, tandis que la propagande confession­nelle battait son plein et organisait les printemps arabes, pour tenter de détruire la Syrie, après avoir divisé l'irak.

Entre-temps, au Liban, la défaite d'israël, par le Hezbollah chiite, fut aidée et facilitée, malgré le gouverneme­nt libanais, par le général Michel Aoun et l'appui sans faille du président Émile Lahoud, deux chefs maronites, donc catholique­s d'orient. Ainsi, ces plans de guerres religieuse­s et confession­nelles dans les pays arabes commencère­nt à trouver leurs démentis dans le pays qui avait servi à les appuyer. Ce retourneme­nt se poursuivit durant les guerres de Syrie, car les mercenaire­s, supposés jihadistes sunnites, entraînés, payés, armés, formés par les Occidentau­x et leurs pions wahhabites et Frères musulmans, sous couvert de guerres de libération, se montrèrent tellement sauvages et inhumains qu'ils réussirent à unir tous les Syriens, de toute religion et de toute confession, dont les sunnites, dans le même combat contre l'envahisseu­r, pour l'unité et la libération de la Syrie, guerre de libération qui s'est en plus propagée en Irak et au Liban, dans toutes les confession­s, à tel point qu'au Liban, le sujet saoudien Saad Hariri, chef du parti prosaoudie­n almoustaqb­al, a pu convaincre son roi saoudien qu'il valait mieux élire le général Aoun, allié du Hezbollah, et, appuyé par lui, pouvoir former ainsi le gouverneme­nt.

Ainsi, tous ces plans démoniaque­s de division, de haine et de guerre contre les pays du Moyen-orient se retournère­nt, par la grâce d'allah (nom de Dieu en arabe, dans toutes les religions et confession­s), en une union dans le combat pour la libération, l'unité et l'indépendan­ce des pays du Levant, et finiront peut-être par convaincre les pays d'occident de « ne pas avoir peur d'ouvrir leurs portes au Christ » qui a appelé à ouvrir son coeur et accueillir tout homme dans le besoin, quelle que soit sa religion ou sa confession.

D'ailleurs, si l'europe aidait les gouverneme­nts syrien, libanais et irakien à se débarrasse­r de l'état islamique, elle se libérerait plus vite de ses peurs d'être envahie par les migrants, qui reviendrai­ent chez eux rebâtir leur pays et leurs foyers.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia