Le Temps (Tunisia)

Des familles retrouvent leurs maisons, deux ans après

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Plus de deux ans après avoir fui Mossoul, des population­s qui vivaient dans les zones récemment libérées tentent de faire le chemin inverse pour retourner voir l’état de leurs maisons. Comme un millier d’autres hommes, Sahad fait la queue devant un guichet tenu par les autorités kurdes. Il espère obtenir un laisser-passer pour se rendre à Gogjali, à l’est de Mossoul. Il y a plus de deux ans, il avait fui la zone face à l’arrivée du groupe Etat islamique, et il rêve aujourd’hui de revoir sa maison. «Je veux aller voir de mes yeux à quoi ça ressemble là bas. Je veux essayer de retrouver des proches dont je suis sans nouvelles» explique le jeune médecin de 23 ans.

Mais il est impossible de passer les checkpoint­s irakiens : la zone reste dangereuse. Entre les voitures-suicide et les snipers des terroriste­s Daech, il est encore trop tôt pour laisser des déplacés retourner là bas.

Habitation­s saccagées Quelques rares familles obtiennent malgré tout un laisserpas­ser pour Bartella, une petite ville chrétienne libérée il y a trois semaines, mais où le drapeau noir du groupe terroriste EI est encore peint sur plusieurs murs. Dans une ruelle, la famille Sami retrouve sa villa abandonnée il y a deux ans. Dans une chambre, ils tombent sur la carte d’identité d’une terroriste de Daech. Les combattant­s ont dormi dans leur lit, mangé dans leurs assiettes... «Ils ont pris tous nos meubles et ils ont revendu tout ce qu’ils pouvaient : les buffets, les vases, les miroirs, explique la mère de la famille, bouleversé­e. Même les photos de mes enfants ont été brûlées». C’est un énorme chantier qui attend les autorités de la ville. «Il faut que les habitants soient encore un peu patients», explique le maire de Bartella. La ville n’est pas nettoyée, pas sécurisée. Il y a peut être des engins explosifs et des voitures piégées. «Si les citoyens reviennent et qu’une bombe explose, ça sera un désastre». Les démineurs sont tous au front. Il n’y en a que huit de disponible, aidés par 60 ouvriers qui déblaient les gravats. Mais surtout, la ville est toujours sans électricit­é et sans eau : la source qui alimente Bartella est dans un territoire toujours contrôlé par les terroriste­s de Daech.

Le maire de cette ville chrétienne espère le soutien du gouverneme­nt irakien, mais aussi de la communauté internatio­nale. «Si on obtient de l’aide pour reconstuir­e, on refera Bartella plus belle qu’avant Daech. Mais si je n’obtiens pas de fonds, je ne peux rien faire.»

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Des soldats irakiens à Mossoul
 ??  ?? Le plus grand hôpital d’alep-est détruit par des raids
Le plus grand hôpital d’alep-est détruit par des raids

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