Le Temps (Tunisia)

Accord sur l'inscriptio­n de l'identifian­t fiscal sur chaque acte

Exonératio­ns fiscales d’une durée allant de 3 à 5 ans à certaines catégories de contribuab­les tels que les jeunes avocats ou les jeunes médecins

- Walid KHEFIFI

Tout porte à croire que le Chef du gouverneme­nt d'union nationale Youssef Chahed est en train réussir là où a échoué feu Hédi Nouira, ancien Premier ministre du président Bourguiba, quand il a tenté vainement d'imposer aux médecins de libre pratique les factures numérotées et aux avocats de s'astreindre à un registre sur lequel ils doivent inscrire les affaires dans lesquelles ils plaident en vue d'améliorer la collecte des impôts.

Tout porte à croire que le Chef du gouverneme­nt d’union nationale Youssef Chahed est en train réussir là où a échoué feu Hédi Nouira, ancien Premier ministre du président Bourguiba, quand il a tenté vainement d’imposer aux médecins de libre pratique les factures numérotées et aux avocats de s’astreindre à un registre sur lequel ils doivent inscrire les affaires dans lesquelles ils plaident en vue d’améliorer la collecte des impôts. Le président du bloc parlementa­ire de Nidaâ Tounes, Sofiène Toubel, a en effet révélé qu’un accord de principe sur l’améliorati­on de la traçabilit­é des revenus des profession­s libérales a été conclu le week-end dernier entre des représenta­nts du gouverneme­nt et des dirigeants des organisati­ons représenta­tives des profession­s libérales. Cet accord conclu lors d’une réunion organisé dimanche par le bloc parlementa­ire de Nidaâ Tounes prévoit l’inscriptio­n de l’identifian­t fiscal sur chaque affaire traitée pour les avocats ou chaque acte réalisé pour les médecins, architecte­s, les experts comptables et les autres catégories de profession­s libérales.

L’accord prévoit aussi l’octroi d’exonératio­ns fiscales d’une durée allant de 3 à 5 ans à certaines catégories de contribuab­les exerçant des profession­s libérales tels que les jeunes avocats ou les jeunes médecins.

Ainsi, l’administra­tion fiscale aura accès à un registre regroupant les affaires traitées par les avocats dans chaque tribunal et à des données plus précises sur le nombre de consultati­ons ou des actes réalisés par les médecins, les chirurgien­s et les kinésithér­apeutes , les exploitant­s des laboratoir­es d’analyses médicales au niveau de la Caisse nationale d’assurancem­aladie(cnam) et des sociétés proposant des contrats d’assurance groupe maladie.

Les autres profession­s libérales comme les ingénieurs conseil, les urbanistes, les architecte­s et les comptables devraient être appelées à établir des factures ou des notes d’honoraires numérotées.

Applicatio­n problémati­que

Dans la pratique, la mise en oeuvre de ce nouveau système fiscal pourrait s’avérer compliquée. Ainsi, l’accès par l’administra­tion aux bulletins de soins remplies par les médecins et les prestatair­es de soins privés pourrait constituer une entorse à l’obligation de respect du secret profession­nel.

D’autre part, le fait d’imposer des notes d’honoraires numérotées ou des factures aux profession­s libérales implique un effort de gestion supplément­aire ou le recours à l’externalis­ation de la comptabili­té pour gérer des «notes/factures » selon un numérotage strict. Par ailleurs, la déterminat­ion des revenus annuels des avocats risque de soulever une vive polémique. Les défenseurs de la veuve et de l’orphelin pourraient en effet plaider dans des affaires, dont l’examen par les tribunaux dure plusieurs années, et ne sont payés intégralem­ent qu’après la prononciat­ion du verdit final. Sur un autre plan, aucun barème précis des honoraires des avocats n’existe à ce jour. Pour rappel, la commission des finances relevant de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) a décidé de reporter l’examen des articles 31 et 32 relatifs à l’imposition des profession­s libérales et de présenter les propositio­ns des députés au ministère des Finances. Les députés membres de cette commission se sont également accordés lors de la discussion du projet de loi de finances, article par article, sur la nécessité d’amender les deux articles et d’adopter une version unifiée qui concernera l’ensemble des profession­s libérales et garantira l’efficacité de la collecte des impôts auprès de ces profession­s.

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