Et si l’impensable est en marche au Moyen-orient ?
En l’état de guerre quasi ouverte que se font les Saoudiens et les Iraniens en Syrie et au Yémen, s’aventurer à imaginer qu’ils peuvent trouver un terrain d’entente qui mettrait fin à leur confrontation peut paraître assurément relever de l’imaginaire d’accros de la politique fiction. Pourtant et paradoxalement ce scénario pourrait vraisemblablement se faire jour si comme il en a manifesté l’intention, le nouveau président élu américain Donald Trump décide une fois en fonction de ne plus reconnaître la validité de l’accord sur le nucléaire iranien conclu entre les « 5+1 » et Téhéran et d’autre part sur le dossier syrien de rompre avec la politique anti-régime Bachar El Assad de son prédécesseur Barack Obama.
Il est clair que si cela devait se produire, Téhéran et Ryadh en subiront respectivement des contrecoups qui fragiliseront inéluctablement leurs régimes politiques en place. Ce qu’ils voudront éviter d’aggraver en perpétuant le conflit et la lutte de rivalité pour l’hégémonie régionale à laquelle leurs deux Etats aspirent. L’impensable normalisation entre l’iran et l’arabie Saoudite s’inquiétant l’un d’un redurcissement de l’amérique à son égard et l’autre de son lâchage par cette même Amérique, ne relèverait alors plus du projet politique absurde mais d’une démarche découlant de la « realpolitik ». Il ya à gager que la Russie cherchera en l’occurrence à contribuer à leur rapprochement en leur proposant sa médiation, ce que ni l’un ni l’autre ne refusera sachant que si le vent venait à tourner dans leurs rapports avec l’amérique, la solidarité du pays de Poutine en deviendrait salvatrice pour eux. Moscou peut apparaître plus proche de Téhéran en raison de leur position similaire sur le conflit syrien dans lequel ils sont alliés contre les anti-régime Bachar El Assad dont l’arabie Saoudite est le plus acharné des membres. Mais la Russie n’a toutefois jamais rompu les ponts avec la monarchie pétrolière et entretient avec elle un dialogue diplomatique qui dans la conjoncture en question pourrait s’avérer payant en rendant sa médiation concevable. Si c’est la tournure que prendront les évènements au Moyen-orient suite à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et qu’il mette en pratique ses intentions formulées sur l’accord du nucléaire avec l’iran et l’arrêt du soutien américain à la rébellion anti-régime en Syrie, l’algérie elle aussi pourrait être sollicitée pour jouer un rôle en vue d’aider à l’apaisement du climat des relations entre Téhéran et Ryadh. Ses dirigeants ont-ils anticipé cette perspective et décidé d’entamer des sondages prospectifs auprès des dirigeants des deux pays ? C’est ce que donnent à subodorer les contacts diplomatiques qui se sont intensifiés ces derniers temps entre Alger et les deux capitales précitées ainsi que les visites officielles que Abdelmalek Sellal entreprend à partir d’aujourd’hui d’abord à Ryadh puis à Téhéran.