Matteo Renzi en difficulté
Italie-référendum du 4 décembre
A moins de trois semaines du référendum constitutionnel en Italie, l'état de l'opinion publique que dessinent les instituts de sondage est de nature à inquiéter le président du Conseil, Matteo Renzi, qui a lié son avenir politique à la consultation du 4 décembre. Depuis le 21 octobre, 32 sondages d'intentions de vote ont été publiés par onze instituts différents. Tous donnent le camp du "non" majoritaire, et l'écart tend globalement à se creuser, à cinq points pour la dernière étude IPR Marketing, six pour EMG Acqua et sept pour Tecne. Autre facteur préoccupant pour le Premier ministre social démocrate, les personnes interrogées se déclarant encore indécises sont de moins de moins nombreuses dans les échantillons constitués par les instituts, même si leur proportion varie de 16,5% chez Tecne à 26% pour EMG Acqua.
Et à mesure qu'elles sortent de la catégorie des indécis, elles semblent gonfler le camp du "non".
Les sondeurs, instruits des échecs de leurs confrères britanniques avant le vote sur le Brexit et, plus récemment, des instituts américains qui tablaient sur une victoire d'hillary Clinton aux Etats-unis, multiplient les précautions. Ils se demandent si une partie des électeurs du sud de l'italie, où la participation est traditionnellement inférieure à la moyenne nationale, n'ont pas tendance à afficher un avis tranché lorsqu'on les interroge pour finir par opter pour l'abstention le jour du scrutin. Ils notent aussi que les 4,2 millions d'italiens expatriés ne sont pas pris en compte dans leurs sondages.
Mais les habitudes sont têtues au point qu'une question monopolise la campagne référendaire au détriment de toutes les autres: que fera Renzi s'il ne réussit pas à faire avaliser sa réforme institutionnelle. Le projet vise à réduire drastiquement le poids du Sénat, la chambre haute du Parlement italien, dans le processus législatif et à recentraliser une partie des pouvoirs dévolus aux régions. A 41 ans, Renzi, qui dirige le gouvernement depuis février 2014, a répété à de multiples reprises en début de campagne qu'il démissionnerait si sa réforme était rejetée par les électeurs.
Il a adopté par la suite une ligne plus prudente, estimant que les interrogations autour de son sort personnel avait nui au débat sur les mérites de sa réforme, transformant le référendum en vote pro- ou anti-renzi.
Mais, invité lundi d'une station de radio, il a relancé les spéculations. "Si je dois poursuivre avec ce parlement et faire ce que tout le monde a fait avant moi, c'est-à-dire vivoter et surnager, cela ne me conviendra pas", a dit l'ancien maire de Florence qui a fait irruption sur la scène politique en promettant, pour mieux incarner le renouveau, d'envoyer "à la casse" la classe dirigeante.
En cas de défaite, les commentateurs politiques estiment que celui qu'on a surnommé "Il Rottamatore" (Le ferrailleur) à son arrivée à la tête du Parti démocrate (PD) pourrait non pas démissionner, mais convoquer des élections législatives anticipées pour l'année prochaine, soit avec un an d'avance sur le calendrier actuel.
Les derniers sondages seront publiés vendredi, la loi italienne proscrivant la diffusion de toute étude d'opinion dans les quinze jours précédant un scrutin.