Le ministre de l'economie inculpé de corruption et d'extorsion
Russie
Le ministre russe de l'economie, Alexeï Oulioukaïev, interpellé dans la nuit de lundi à mardi, a été officiellement inculpé pour corruption et extorsion, a annoncé hier le Comité d'enquête, principal organe chargé des poursuites judiciaires en Russie.
Cette inculpation intervient après une plainte déposée contre lui par le premier groupe pétrolier russe, Rosneft, selon lequel le ministre l'a menacé à propos de l'achat de son concurrent Bachneft. Selon les enquêteurs, Oulioukaïev aurait prévenu qu'il nuirait à la compagnie pétrolière s'il ne touchait pas une commission. Alexeï Oulioukaïev, dont les communications étaient sur écoutes, a été piégé par des enquêteurs qui se sont fait passer pour des intermédiaires, dit-on de source proche de l'enquête. Il a été interpellé alors qu'il acceptait un pot-de-vin de deux millions de dollars (1,85 million d'euros).
Il a été remplacé à titre provisoire par le vice-ministre de l'economie, Evguéni Iéline. Le rachat de Bachneft par Rosneft a été l'enjeu de rivalités entre clans au Kremlin, dit-on à Reuters de sources proches de l'accord et du gouvernement. Alexeï Oulioukaïev, âgé de 60 ans, est le plus haut responsable russe à être arrêté en fonctions depuis l'effondrement de l'union soviétique fin 1991. Le comité d'enquête a demandé aux juges de la placer en résidence surveillée. Il encourt une peine de quinze ans de prison.
Le ministre a supervisé la vague de privatisations du gouvernement destinées à réduire l'endettement de l'etat. Le gouvernement russe a conclu en octobre la vente à Rosneft d'une participation de contrôle dans la compagnie pétrolière Bachneft à Rosneft, pour 329,69 milliards de roubles (4,75 milliards d'euros). Mais le patron de Rosneft, Igor Setchine, l'un des hommes les plus puissants de Russie et un proche lieutenant de Vladimir Poutine, a dû se battre pour avoir ce feu vert. Car les tenants du libéralisme économique au sein du gouvernement, dont certains sont liés au Premier ministre Dmitri Medvedev, s'y opposaient farouchement, estimant que Bachneft devait revenir à des investisseurs privés.
A l'origine, Oulioukaïev s'était opposé au rachat de Bachneft par Rosneft, mais il a fini par signer l'accord en ce sens.