Le Temps (Tunisia)

Quatre questions sur la crise diplomatiq­ue avec le Qatar

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Quelle est la raison invoquée pour sanctionne­r le Qatar ?

Ryad, Abou Dhabi et Manama ont justifié la rupture de leurs relations diplomatiq­ues avec le Qatar par son «soutien au terrorisme», y compris à Al-qaïda, au groupe terroriste Etat islamique et à la confrérie des Frères musulmans. «Le Qatar accueille divers groupes terroriste­s pour déstabilis­er la région, comme la confrérie des Frères musulmans, Daech et Al-qaïda», a accusé Ryad. Selon l’arabie saoudite, Doha soutient aussi «les activités de groupes terroriste­s soutenus par l’iran dans la province de Qatif», où se concentre la minorité chiite du royaume saoudien, ainsi qu’à Bahreïn, secoué depuis plusieurs années par des troubles animés par la majorité chiite de ce pays.

Quelles sont les mesures prises contre Doha ? • La rupture immédiate des relations diplomatiq­ues. Bahreïn et les Emirats arabes unis ont ordonné à leurs diplomates de quitter Doha dans les 48 heures. • La fermeture des espaces aériens et maritimes. L’arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont interdit leurs territoire­s aux vols de la compagnie aérienne du Qatar, Qatar Airways. Les liaisons aériennes et maritimes seront également suspendues dans les 24 heures. Les compagnies Saudi Arabian Airlines, Etihad, Emirates, Air Arabia et flydubai ont suspendu les vols sur Doha à partir d’aujourd’hui. • La fermeture de la frontière terrestre. L’arabie saoudite a fermé sa frontière avec le Qatar, ce qui bloque les importatio­ns de biens par voie terrestre via l’arabie saoudite. • L’interdicti­on de séjour. En Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et à Bahreïn, il a été demandé aux ressortiss­ants du Qatar, visiteurs ou résidents permanents dans les trois pays, de partir dans un délai de 14 jours. Seuls les pèlerins du Qatar peuvent se rendre sur les lieux saints musulmans en Arabie saoudite. Quant aux ressortiss­ants des trois pays, ils ont interdicti­on de se rendre au Qatar. • L’exclusion de la coalition internatio­nale arabe. La coalition militaire arabe, intervenan­t depuis plus de deux ans au Yémen sous commandeme­nt saoudien contre les Houthis, des rebelles chiites pro-iraniens, a décidé d’exclure le Qatar.

Comment a réagi le Qatar ? Le Qatar a rejeté une décision «injustifié­e» et «sans fondement». Celle-ci a été prise «en coordinati­on avec l’egypte», accuse Doha, et a un «objectif clair : placer l’etat [du Qatar] sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraine­té» et est «totalement inacceptab­le», a affirmé le ministère des Affaires étrangères à Doha. Le Qatar «n’interfère pas dans les affaires d’autrui» et «lutte contre le terrorisme et l’extrémisme», a assuré le diplomate qatari en chef. L’émirat prendra «les mesures nécessaire­s pour mettre en échec les tentatives d’affecter sa population et son économie», a ajouté le ministère. D’ores-etdéjà, la compagnie Qatar Airways a annoncé qu’elle annulait ses vols à destinatio­n du royaume saoudien.

Comment cette crise a-t-elle éclaté ?

Il s’agit de la crise la plus grave depuis la création en 1981 du Conseil de coopératio­n du Golfe. La dernière crise ouverte dans le golfe Persique remontait à 2014 lorsque trois pays du Conseil de coopératio­n du Golfe (Arabie, Bahreïn et Emirats) avaient rappelé leur ambassadeu­r à Doha pour protester contre le soutien présumé du Qatar aux Frères musulmans. C’est la suite d’une série d’événements survenus depuis la fin du mois de mai en amont de la visite, dans la région, du président américain Donald Trump et qui ont accru les tensions entre Doha et ses voisins. Le 20 mai, le Qatar se dit victime d’une campagne «mensongère» qui l’accuse de «soutien» au terrorisme. Le 21 mai, l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-thani, s’entretient en tête-à-tête avec Donald Trump à Ryad.

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