Le Temps (Tunisia)

La Tunisie «verte» périclite !

- Par Khaled GUEZMIR K.G

L'urgence nationale de repenser nos villes

Le grand Tunis étouffe… Tunis suffoque la canicule aidant, le besoin de verdure et d’ombre se font sentir comme l’une des exigences les plus urgentes, bien que « libérée » de la moitié des exodés rentrés fêter l’aïd dans leurs familles.

Un plaisir certes de voir moins de voitures à la circulatio­n, moins de pollution de ces machins des transports publics, peu inspectés pour les rejets d’oxyde de carbone éjectés de bas en haut par les tuyaux d’échappemen­t noircis à longueur d’année, mais depuis que certains de nos « imams » très éclairés (sic) ont fait campagne vigoureuse contre le planning familial instauré par, Bourguiba, ce génie précurseur qu’ils n’aiment pas, tous le espaces verts, ou ce qu’il en reste, sont pris d’assaut par des familles qui comptent de plus en plus plus que quatre enfants à la recherche d’un peu d’oxygène et surtout de fraîcheur. A tout seigneur tout honneur, le « Belvédère » transformé en véritable usine d’entassemen­t des mômes et leurs parents, à la recherche de quelques mètres carrés, pour un « déjeuner sur l’herbe ». D’où notre appel, le « énième », à croire que les décideurs n’écoutent plus que ce qu’ils ont envie d’entendre, pour agrandir le Belvédère en planifiant les espaces encore disponible­s et qui touchent le campus d’el Manar et Ras Tabia à l’ouest. Ça fait des années que ces collines qui auraient pu ressembler à la campagne romaine, se dégradent à vue d’oeil, avec quelques arbustes calcinés ou d’autres échappés par miracle à la main de l’homme premier constructe­ur anarchique de la faune animale créée par Dieu… ! ça fait des années aussi qu’on crie sur tous les toits qu’il faut planifier et créer de nouveaux « Belvédères » dans toutes les villes tunisienne­s de plus de 150.000 habitants. Il suffit d’une volonté politique et d’une vision pour repenser la ville, toutes les villes tunisienne­s, et faire un aménagemen­t qui permet aux habitants de vivre un peu de confort et la joie de cités propres, vertes et oxygénées. Je reviens encore à l’espagne qui doit être notre premier exemple à suivre. Pourquoi l’espagne… parce qu’elle nous ressemble comme deux gouttes d’eau. Largement bordée par la mer mais avec un climat de steppes semi-désertique­s, et pratiqueme­nt les mêmes traditions à commencer par la fameuse « sieste » aussi sacrée en Espagne qu’en Tunisie. Si nos « Ediles » et nos responsabl­es de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t du Territoire et de l’equipement, faisaient un saut du côté de l’andalousie en tout point semblable au ¾ de notre pays, ils mesureront ce qu’il faut réellement faire, et vite, pour faire de la Tunisie un paradis où il fait bon vivre. Vous me direz et les moyens ! C’est un faux problème, car édifier un parc ne coûte presque rien. Il suffit d’un espace foncier libre, d’une pépinière et d’un point d’eau. Le reste est une affaire d’hommes, de volonté et de discipline. La Tunisie n’a pas démérité au lendemain de l’indépendan­ce et comme pour le planning familial qui a évité un désastre à la Tunisie, celui de compter aujourd’hui plus de 23 millions d’habitants, Bourguiba (désolé, j’en parle beaucoup et pour cause, on n’a pas enfanté encore mieux) a institué la fête de l’arbre qui a permis de boiser et de reboiser des centaines de milliers d’hectares. Mais, aujourd’hui, les choses ont changé. D’abord à nouveau la pression démographi­que (islamisée) et puis, l’aspiration de l’ensemble du peuple tunisien au mieux être et au confort dans les villes. Pour cela, il faut créer de nouveaux espaces verts et de loisirs « populaires », car les millionnai­res n’ont pas à se plaindre et les hôtels cinq étoiles ne manquent pas. Tous les grands hommes politiques et d’etat de par le monde sont reconnus grâce à leurs oeuvres, dont la création de parcs et d’ouvrages publics. Sans aller à Versailles ou aux Tuileries à Paris, toutes les villes du monde ont leurs poumons verts. Or, la Tunisie dénommée la « verte » (Tounès El Khadhra) est en passe de ressembler plus à la Somalie et au Soudan qu’à l’espagne ! Ceux qui veulent encore écrire l’histoire dans ce pays ne doivent pas seulement penser à écrire une « Constituti­on » (encore que la nôtre n’a rien de brillant), mais à rendre les gens heureux et penser aux génération­s futures. Un Belvédère pour chaque ville en Tunisie… ça aussi l’histoire l’écrira en lettres d’or ! Entretemps faites un tour au « Belvédère » de la capitale, Tunis, ou (Al Hadhira), vous comprendre­z que la Tunisie « verte » agonise et attend son sauveur !

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