Le rêve qui passe
Sous le thème de « Temps orphiques », la galerie d’art et d’essai « Le Damier », à Mutuelleville, a proposé le 22 juin une exposition d’un soir du plasticien Sylvain Montéléone. Un concept assez rare en Tunisie. Cette exposition a drainé un bon nombre d’artistes plasticiens et un public fidèle à la galerie. Une exposition éphémère qu’il ne fallait absolument pas rater de voir.
Dans cette exposition, l’artiste plasticien utilise plusieurs techniques pour dire ce qu’il pense de la vie et des situations actuelles qu’il vit. Une peinture propre à l’orphisme qui renvoie, peutêtre, à l’orphique peinture de Delaunay. Sommes-nous devant une interprétation libre du poème « Orphée » d’apollinaire ? Ce dernier parle d’ailleurs d’orphisme dans ses « Méditations esthétiques. » L’orphisme, en tant que forme de peinture, renvoie à des analogies avec la musique. Mais Sylvain Montéléone ne se contente pas de nous exposer ses oeuvres, il les accompagne par un petit texte où il dit et explique en substance qu’il s’agit de « bribes de discussions interrompues par la symphonie de la vie ; des matières à réflexions posées sur les toiles filantes dans le firmament de l’oubli, qui reflètent les valeurs blanches, noires et grises qui grisent mon quotidien… » Avec une quinzaine d’oeuvres, notre artiste se donne à coeur- joie à son art. De la peinture, au collage, à la gravure, au dessin et à tant d’autres expressions multiples, Sylvain, comme l’appellent ses élèves et ses amis, subdivise parfois ses toiles par la voie(x) d’une touche libre. Cela donne lieu à des suites savoureuses. Mais le tableau, lui-même, non pas pour le personnifier, est envahi parfois par l’usage de plusieurs techniques.
Le message devient universel à partir d’un détail en relation avec l’histoire de l’humanité. « We… » have a dream » interpelle la conscience en rappelant le discours prononcé par le pasteur et militant américain Martin Luther King en 1963 durant la marche sur Washington pour l’emploi et la liberté et l’égalité des droits entre noirs et blancs.
L’espace d’une nuit
A la question du « Temps » sur le choix d’organiser une exposition éphémère, Sylvain Montéléone nous a répondu qu’il s’agit d’ « une expo sous le signe du rêve qui passe juste l’espace d’une nuit , une expo espoir où l’univers est ce vert uni dans un monde bleuté, une exposition couleurs, où la palette reflète mes états d’homme libre de penser, une « exposition » encore actuelle qu’on appellera « contemporeine » vivant dans un château de sable qui s’écroulera à la prochaine nouvelle vague. » Le lecteur remarquera que notre artiste jongle toujours avec les mots qu’il utilise, comme dans « ex-position » et « contemporeine. » Cela est le prolongement logique de sa conception de la peinture et des arts plastiques en général, aussi contemporains soientils.