Le Temps (Tunisia)

Le président Temer mis en accusation pour corruption

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Brésil

Le procureur général du Brésil a demandé lundi la mise en examen du président Temer pour corruption, dans le cadre d'une enquête susceptibl­e de voir se multiplier les accusation­s contre le dirigeant, de plus en plus impopulair­e. Dans un discours à la Cour suprême, le procureur Rodrigo Janot a accusé Michel Temer d'avoir accepté des pots-de-vin d'une valeur de plusieurs millions d'euros, et déclaré que le président avait "trompé les citoyens brésiliens". La mise en accusation du président en exercice doit désormais être approuvée par la Chambre des députés.

Les députés de la coalition présidenti­elle, articulée autour du Parti de la social-démocratie brésilienn­e (PSDB, centre), sont convaincus de rassembler une majorité suffisante (250 à 300 voix) pour empêcher que Temer ne soit traduit en justice. Les voix de deux tiers des 513 députés sont requises pour confirmer sa mise en examen.

Mais certains députés préviennen­t que leur soutien pourrait fléchir en cas de votes répétés sur le sort de Temer, dont la popularité est passée sous les 10% dans les derniers sondages. D'autres accusation­s pèsent en effet sur le président. Ni le cabinet de Temer, ni son avocat Antonio Mariz n'ont répondu aux demandes de commentair­e de Reuters.

Série d'accusation­s La Cour suprême a ouvert en mai une enquête visant Michel Temer pour corruption et obstructio­n à la justice. Michel Temer avait alors nié toute malversati­on et exclu de démissionn­er, déclenchan­t d'importante­s manifestat­ions à Brasilia. Le témoignage de cadres du groupe alimentair­e JBS l'accuse d'avoir reçu 15 millions de réals (4 millions d'euros) de dessous-detable, en échange de la résolution de certains litiges fiscaux du groupe, et de l'octroi de prêts à faible taux d'intérêt de banques publiques. Selon le document présenté lundi à la Cour suprême, Temer avait organisé la réception de 38 millions de réals de JBS au total, échelonnés sur neuf mois. Le président est susceptibl­e de faire l'objet de deux autres accusation­s, extorsion de fonds et entrave à la justice, qui nécessiter­aient chacune un vote distinct à la Chambre des députés. La police fédérale a recommandé lundi une mise en examen de Michel Temer pour entrave à la justice, ce qui laisse présager de l'ouverture d'un second front judiciaire.

Possibles défections Depuis plus de trois ans, la justice brésilienn­e a mis à jour un vaste système de corruption impliquant l'élite politique et les milieux d'affaire du pays dans le cadre de l'opération anti-corruption "Lava Jato" ("Lavage express").

Temer, un tiers des membres de son gouverneme­nt, mais aussi quatre ex-présidents et des dizaines de députés font l'objet d'une enquête ou ont déjà été mis en examen dans ce contexte. Plus de 90 personnes ont d'ores et déjà été condamnées. Des députés membres de sa coalition ont confié à Reuters que, s'ils étaient contraints de voter pour la mise en accusation du président, ils suspendrai­ent les débats sur la réforme du marché du travail proposée pour sortir la première puissance économique sud-américaine de la récession.

D'autres s'attendent à ce que le procureur général Rodrigo Janot présente une à une les accusation­s pesant sur Temer, une stratégie susceptibl­e de faire durer l'incertitud­e quant à son avenir à la tête du Brésil.

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Le président Temer

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