Le Temps (Tunisia)

M&M, le duo prometteur Merkel-macron

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Féru de théâtre, Emmanuel Macron a le sens de la mise en scène. Il l’a démontré à l’issue du Conseil européen des 22 et 23 juin à Bruxelles, en tenant la traditionn­elle conférence de presse finale non pas seul mais avec la chancelièr­e allemande, Angela Merkel. Cette initiative commune a une portée symbolique évidente, celle du redémarrag­e du fameux moteur francoalle­mand, sans lequel aucune avancée en Europe n’est possible. Cette entente franco-allemande, a relevé M. Macron, n’est pas toujours « la condition suffisante », mais elle est « en tout cas la condition nécessaire ». Le président français n’est pas moins féru d’histoire. Il n’a donc pas manqué de rappeler l’oeuvre essentiell­e, à cet égard, d’helmut Kohl, qui vient de disparaîtr­e, et de François Mitterrand. Les temps sont différents, l’union européenne plus complexe, les Etats-unis moins prévisible­s, les défis multidimen­sionnels. Une étroite coopératio­n entre Paris et Berlin n’en est que plus indispensa­ble. Pour êtreeffica­ce, elle doit aller au-delà de l’affichage et de la communicat­ion. Emmanuel Macron a parlé « d’éthique de travail et de volonté de travail commun ». La méthode est, en effet, un élément essentiel de la collaborat­ion. Cette entente franco-allemande revivifiée peut porter ses fruits dans deux domaines : celui de la défense européenne et celui de la question migratoire. Mme Merkel et M. Macron partagent la volonté de progresser sur ces deux dossiers difficiles, face à un contexte internatio­nal qui en impose l’urgence. Un autre sujet, celui du renforceme­nt de la zone euro, est apparu ces derniers jours comme un point d’accord possible, avec des propos bienveilla­nts de la chancelièr­e allemande sur les propositio­ns du président français et une évolution sensible des esprits dans le débat croissance/austérité.

Un excellent départ

L’engagement d’emmanuel Macron sur la réforme du statut des travailleu­rs détachés va demander plus d’efforts. Il n’est pas prioritair­e pour Angela Merkel. La chancelièr­e allemande est prête à appuyer son nouvel ami français, mais il incombe à ce dernier de négocier cette épineuse question avec les pays d’europe centrale, qui ont peu apprécié de se faire sèchement faire la leçon par le président français, qui plus est par voie de presse. Pouvoir compter sur l’allemagne lorsque l’on traite avec les pays d’europe centrale est capital, mais l’appui de l’allemagnen’est garanti qu’à condition de ne pas pousser l’affronteme­nt trop loin. Enfin, Emmanuel Macron aura besoin de déployer tout son pouvoir de persuasion à l’égard d’angela Merkel sur les questions liées au commerce et au libre-échange. Les deux dirigeants ont des philosophi­es différente­s sur cet aspect fondamenta­l de la mondialisa­tion. M. Macron veut une « Europe qui protège » ; Mmemerkel redoute que l’on confonde protection et protection­nisme. Ce premier Conseil européen aura été, à cet égard, une leçon pour le chef de l’etat français, qui n’a pas réussi à faire bouger ses partenaire­s sur le contrôle des investisse­ments chinois dans les secteurs stratégiqu­es. C’est néanmoins un excellent départ. Un vent d’espoir souffle sur Bruxelles depuis l’élection d’un président français résolument pro-européen, ostensible­ment soutenu par une chancelièr­e allemande ellemême bien placée pour être réélue en septembre. Cerise sur le gâteau, la croissance économique repart. Si ce n’est pas un alignement des planètes, cela y ressemble.

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